[Poitiers] L’Epine Noire N°2 vient de sortir

L’Epine Noire numéro 2 vient de sortir !

Il s’est fait attendre, mais revoilà le journal de contre-information apériodique de Poitiers et des alentours.

Pour consulter le canard, ça se passe sur le blog : http://epinenoire.noblogs.org

La page de téléchargement du journal :

http://epinenoire.noblogs.org/?page_id=413

Et voici l’édito :

Novembre 2012. Tsahal, l’armée israélienne annonce sur Twitter le début de l’opération « Pilier de défense » sur la bande de Gaza. Offensive militaire après celle de « Plomb Durci » en Janvier 2009 afin de terroriser pour dominer les palestiniens dans leur entreprise coloniale. C’est sans doute là où l’État israélien est supérieur, ça n’est pas tant dans le nombre de morts et dégâts matériels que dans sa capacité de contrôler tous les aspects de la vie des palestiniens dans des territoires réduits. La maîtrise de la géographie est une science redoutable qui, aux mains de l’État et de ses bureaucrates prend le nom « d’aménagement du territoire ». Ici, de l’autre coté de la Méditerranée cela passe par la prolifération des grands travaux d’infrastructures : lignes THT, autoroutes terrestres et maritimes, aéroports, LGV, centrales nucléaires, prisons, etc. Tout ce qui fait que les flux de cette économie marchande et les rapports sociaux de classes qui en découlent tiennent. Cependant, des luttes populaires émergent (comme celle contre l’aéroport de Notre-Dames des Landes, ou celle contre le train a grande vitesse entre Lyon et Turin) contre ces « évidences », ces « nécessités » et autres injonctions structurelles et économiques de « Temps de Crise ». La crise que nous vivons sera peut être le tombeau du gouvernement socialiste au pouvoir, à l’image de la Grèce ou de l’Espagne, incapable d’amorcer le changement promis à ses électeurs. Ce qui ne nous surprend guère car nous n’attendions rien de cette « alternance » politique, mais nous ne sommes pas les seuls. La légitimité de l’économie capitaliste (et du pouvoir politique), qu’elle se pare du vernis démocratique, du visage autoritaire ou du cadre islamique, est remise en cause partout dans le monde par des mouvements populaires : Égypte, Chine, Tunisie, Afrique du Sud, Espagne, Grèce, etc. Apériodique et local est l’Épine Noire, nous n’oublions cependant pas le monde dans lequel nous vivons. Ici, à Poitiers, l’opération « ville propre » suit son cours : les travaux de la rénovation urbaine « Coeur d’Agglo », les patrouilles de flics omniprésentes à pied ou en voiture, les traques aux sans-papiers, les prisonniers déplacés à Vivonne, la technopole du Futuroscope (et ses centres d’appel), des squats qui prennent feu comme par enchantement, le TAP pour amuser le « Plateau », les constructions de LGV, flics partout, zonards nulle part. L’heure est toujours à la neutralisation des gens qui luttent, au nettoyage des indésirables, pour tirer son épingle du jeu dans la compétition entre les grandes villes (Métropole mon amour !), afin d’attirer la petite bourgeoisie branchée qui vient consommer du divertissement, du bar lounge, des rues sûres et propres. Mais ce n’est pas fini car les indésirables sont encore là, ils s’auto-organisent de différentes manières dans cette guerre sociale, pour ne pas plier face aux notables locaux, aux camelots et à leurs forces armées, qui semblent un peu trop sûrs de leurs prérogatives.

[Grèce] Appel urgent à la solidarité internationale !

Grèce : Appel urgent à la solidarité internationale !

Camarades, Le but de ce message est de vous informer brièvement de ce qui se passe ces derniers jours en Grèce et lancer un appel international à la solidarité à tous les anarchistes à travers le monde. —- La Grèce est à un tournant critique, et de nombreux changements importants ont lieu dans une société ainsi que sur le plan politique et économique. —- La désintégration et la dissolution du modèle dominante – jusqu’à récemment – de pouvoir et d’exploitation est plus qu’évident, il définit ce que l’on appelle communément la « crise ». Ce que nous vivons aujourd’hui est l’absence totale d’un système capable d’obtenir un large consensus social, et qui est ainsi engagé dans une attaque frontale qui est inconditionnelle et sans prétexte. —- Au départ de ce que l’on a appelé « crise », l’attaque s’est produite en des termes matériels.

Avec la dévaluation du travail, la réduction des salaires, la « flexibilité » des conditions de travail, l’institutionnalisation de la précarité, l’augmentation du prix des biens de consommation et les factures de services publics, l’augmentation des impôts et des coupes dans les prestations sociales. Dans le même temps, la vente de la richesse publique à des particuliers, la présence policière généralisée dans les rues, les ventes aux enchères, la hausse du chômage a commencé…

En outre, l’attaque sans précédent au moyen de propagande fut déclenchée. Les médias contrôlés par l’État et le capital ont libéré un rythme effarant des scénarios catastrophes… « Si la troïka n’approuve pas le prochain versement du prêt, nous allons tomber en morceaux » divulgation »… Avec tout cela, le mécanisme de communication du Pouvoir est de gérer en permanence un état de confusion et de terreur afin d’assurer la paralysie de la société par le biais d’extorsion.

Cependant, la résistance n’a jamais cessé pour une partie de la société grecque et du prolétariat. De temps en temps, des appels à des grèves générales sont repris à des degrés différents par des gens qui résistent activement et expriment leur volonté de lutter contre les conditions imposées par l’État et le Capital.

Lors de la grève générale du 11 mai à Athènes, une fois de plus des milliers de manifestants ont défilé et manifesté leur opposition aux nouvelles mesures antisociales du gouvernement grec qui affecte les travailleurs et la majorité de la population. Lors de la manifestation, tandis qu’une grande partie des manifestants se dirigeait vers le parlement, les flics ont attaqué sans provocation et de façon vicieuse les blocs les plus radicaux – les anarchistes et anti-autoritaires, les assemblées de quartier, les syndicats, la gauche extra-parlementaire – en les attaquant avec une sauvagerie sans précédent et tirant des centaines de grenades lacrymogènes contre eux, jusqu’à ce que ces blocs soient dispersés. Plus de 100 manifestants ont été hospitalisés, tandis que d’autres ont été opérés.

Notre camarade Yannis, aujourd’hui rétabli, est celui dont la santé était dans la situation la plus critique. Ayant subi une attaque meurtrière par les flics qui lui ont fait des blessures graves à la tête, il a été transféré à l’hôpital dans un ante mortem (avant la mort) – selon le rapport médical délivré plus tard. Une fois que les médecins ont déterminé l’ampleur de l’hémorragie interne la tête, il a immédiatement subi une intervention chirurgicale, il a été intubé à la clinique de soins intensifs. Sa situation reste critique mais stable, sans être sûr d’avoir échappé au danger pour sa vie ou sa santé.

Il est évident que ces attaques meurtrières contre les grévistes, lors de la démonstration du mercredi 11 mai, a eu un seul but : intimider les gens et tous ceux qui résistent aux attaques du pouvoir et de l’État capitaliste. Il s’agissait de faire un exemple visant à l’assujettissement des personnes en envoyant le message suivant : restez à la maison, tranquilles et disciplinés.

Dans ce contexte les discours sur la souveraineté devient de plus en plus à droite et/ou à ses dérivés para-étatiques. Les flambées de violence raciste ont récemment été multipliées à travers le pays, et atteint un point culminant la semaine dernière. A la suite du meurtre de sang-froid, pour un col, d’un résident dans le centre d’Athènes et pour lequel de nombreux immigrants ont été accusés, un pogrom sans précédent contre les migrants a été déclenché. Des groupes de fascistes organisés et/ou autonomes, des racistes et des extrémistes de droite ont profité de l’occasion pour se rassembler tous les soirs pour attaquer les immigrés, en blessant plusieurs. Il semble que la mort d’un migrant ait été causé par eux. Dans le même temps, les néo-nazis, aux côtés de la police, attaquent aussi les squats dans le centre-ville, ce qui conduit nos camarades à devoir se défendre au péril de nos vies contre la police et la brutalité fasciste.

La gravité de la situation est évidente. Une fois que la société accepte une attaque sans précédent contre les parties les plus radicales – l’un des principaux étant le milieu anarchiste – ils sont sous surveillance policière et sous la menace des attaques fascistes (littéralement cette fois, si l’on considère leur rage meurtrière).

C’est la raison pour laquelle nous lançons un appel urgent à la solidarité internationale !

La solidarité a toujours été une des caractéristiques des valeurs des anarchistes. Nous comptons toujours sur la solidarité pour soutenir nos luttes et stopper la logique d’isolement et de retrait dans la vie privée promue par le pouvoir de l’État, et aussi afin de lutter contre l’état capitaliste d’individuation et de démantèlement de toute notion collective.

Maintenant que la société grecque et le prolétariat souffrent d’une détérioration sans précédent des conditions de vie, maintenant que les anarchistes sont sous une telle oppression qui prend des formes de réelles tentatives d’assassinat, maintenant que les milieux politiques anarchistes sont sous le feu de la violence étatique et de la menace fasciste, nous avons besoin de voir nos camarades à travers le monde appeler à des actions et à être solidaires de notre lutte ; par l’organisation d’événements, de manifestations, de marches, de manifestations, en rédigeant des textes, par la parole et les actes, tout ce que les camarades jugent le plus approprié ; toute expression de la solidarité révolutionnaire, que seuls les anarchistes savent et veulent démontrer, va dynamiser notre esprit et renforcer nos luttes.

Avec nos salutations fraternelles,

Groupe des communistes libertaires (Athènes) revue Eutopia

traduit par les Relations internationales de la Fédération anarchiste (FA)

A-Infos, 5 décembre 2012

[Notre-Dame-des-Landes/Cajamarca] Valls Manuel ou la continuité de l’État

[Notre-Dame-des-Landes/Cajamarca] Valls Manuel ou la continuité de l’État

Après Notre-Dame-des-Landes, le maintien de l’ordre public français s’exporte à Cajamarca

À défaut d’exceller dans la mise en œuvre d’une véritable transition énergétique, la France excelle dans un domaine bien particulier : le maintien de l’ordre public. Les résistants de Notre-Dame-des-Landes ont pu le vérifier à leur dépens, eux qui luttent contre un projet climaticide.

Les habitants du Pérou pourraient bientôt tester ce savoir-faire tricolore dont s’enorgueillissent ceux qui nous gouvernent… Le 5 novembre dernier, des militaires français spécialistes de l’ordre public se sont envolés de France en direction de ce pays andin.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/036.jpg

Objet de ce voyage ? Former la police péruvienne aux techniques d’usage graduel de la force… Un beau programme qui prend encore plus de relief quand on sait que la destination précise de cette mission n’était autre que Cajamarca.

Cette province située sur les hauts plateaux andins du nord du Pérou est un lieu symbolique pour les défenseurs de l’environnement : depuis plusieurs années, la population locale lutte contre le projet d’une multinationale péruvienne-états-unienne qui envisage d’exploiter, à Conga, tout près de Cajamarca, une gigantesque mine d’or et de cuivre.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/046.jpg

L’ouverture de ce méga projet minier aura des conséquences incalculables en menaçant gravement l’écosystème hydrique de la région ainsi que l’accès à l’eau potable de se habitants. Symbole de la politique extractiviste à l’œuvre dans cette partie du monde connue pour les richesses de son sous-sol, Conga est aujourd’hui l’un des conflits social-environnementaux majeurs en Amérique latine. Et aussi l’un des plus violents. En juillet dernier, 5 personnes ont trouvé la mort lors d’une manifestation et une vingtaine d’autres ont été gravement blessées par les balles de l’armée et la police.

Et c’est donc au beau milieu de ce conflit que l’excellence policière française a décidé de faire étalage de sa science, en matière, rapporte la dépêche AFP, d’utilisation “de la force pour contrôler des manifestations mais en respectant les droits humains fondamentaux”. Ouf, nous voilà rassurés, c’est donc une mission humanitaire que nos pandores ont réalisé pendant trois semaines. Peut-être serait-il bon d’interroger d’autres opposants, ceux de Notre-Dame-des-Landes par exemple, sur le traitement humaniste appliqué par les 500 militaires depuis un mois dans le bocage nantais…

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/056.jpghttp://juralib.noblogs.org/files/2012/12/065.jpg

Mais il y a mieux … ou pire ! Car cet alibi de l’excellence française était précisément le même que celui employé une certaine Michèle Alliot-Marie il y a presque deux ans, lors du soulèvement démocratique tunisien.

Souvenez-vous  : alors que la répression s’abat sur le peuple tunisien, l’ex ministre des Affaires étrangères, droite dans ses bottes, lance à l’Assemblée nationale que “le savoir-faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité, permet de régler des situations sécuritaires de ce type”. Et d’ajouter aussitôt que “C’est la raison pour laquelle nous proposons effectivement à l’Algérie et la Tunisie de permettre dans le cadre de nos coopérations d’agir pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité.”

Des propos qui avaient suscité aussitôt l’ire du parti socialiste et d’un certain Jean-Marc Ayrault alors président du groupe PS à l’Assemblée qui déclarait, rouge de colère  : “Voilà la parole officielle du gouvernement devant les députés (…), je trouve que c’est ignoble de dire ça à l’égard d’un peuple qui souffre”.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/074.jpg

Presque deux ans ont passé et les socialistes ont désormais une vision nouvelle de la souffrance des peuples. De Notre-Dame-des-Landes à Cajamarca, la realpolitik économique et sécuritaire à laquelle se sont convertis Ayrault et Valls ne s’embarrasse plus de vagues considérations sur les droits de l’homme ni sur l’environnement…

L’escapade péruvienne de nos représentants de l’excellence sécuritaire française permet de vérifier une nouvelle fois le double langage perpétuel de celles et ceux qui nous gouvernent. Comment nous faire croire que la transition énergétique est une priorité nationale quand la seule réponse à des conflits environnementaux consiste à employer la force ou à dispenser des cours de maintien de l’ordre ?

Au Pérou comme à Notre-Dame des Landes, c’est le rêve d’un autre rapport à la nature, à la richesse, qui se joue. Les industries extractivistes, clé de voûte de l’économie ultra libérale dopée aux énergies fossiles l’a bien compris et œuvre donc, en coulisse, pour convaincre par tous les moyens nos gouvernements de ne surtout pas enrayer la belle mécanique.

Les socialistes avaient l’occasion de faire pencher la balance de l’autre côté, de changer de paradigme et d’aller vers une société débarrassée des scories du XXe siècle. Hélas, 6 mois après leur arrivée au pouvoir, de Fillon à Ayrault et d’Alliot-Marie à Valls, il n’y a que les visages qui changent, la politique, elle, reste la même.

Alternatives au développement extractiviste et anthropocentré, 2 décembre 2012

Vu sur le Jura Libertaire, 5 décembre 2012

[Ingrandes – 86] « Eux, ils s’en vont les poches pleines, et nous les poches vides »

Coop Atlantique d’Ingrandes :  » On a été pris pour des pigeons « 

Joël Bessonnet a baissé son salaire pour rester à la Coop : « C’est très dur. » – (Photos Patrick Lavaud)

Après l’annonce de la fermeture du site, les 150 salariés de la Coop Atlantique d’Ingrandes ont repris le travail hier. Comme d’habitude ou presque.

A l’entrée des livraisons, le ballet des camions n’a pas changé. Pour la Coop atlantique, qui prépare les commandes des magasins de la région du réseau Système U, le mois de décembre est le plus important.

De l’autre côté de l’entrepôt situé derrière Aigle sur la zone de Saint-Ustre, les salariés suivent les horaires de sortie, comme d’habitude. Ou presque.

«  Ce n’est pas normal car il y a du boulot  »

Certains s’arrêtent pour commenter la décision prononcée la veille, à Saintes, lors du comité central d’entreprise. « C’est fini, lâche l’un d’entre eux. Après 36 ans de boîte, des heures sup sans compter, le big bang pour tout faire quand il le fallait, c’est fini. Eux, ils s’en vont les poches pleines, et nous les poches vides. » En sortant, chacun commente l’ambiance tendue et la crainte de devoir connaître ça pendant encore dix-huit mois, l’entrepôt ne devant fermer qu’en juin 2014. « J’ai déjà connu un PSE il y a trois ans et demi quand le laboratoire de charcuterie a fermé, raconte Joël Bessonnet. J’ai accepté de baisser mon salaire, j’ai perdu 650 €. Après 31 ans d’entreprise, c’est très dur. » Personne ne veut croire aux promesses faites par la direction la veille : aucun licenciement, des reclassements dans les entrepôts – qui vont eux aussi connaître des plans de sauvegarde de l’emploi – de Limoges et Saintes. D’ailleurs, expliquent-ils, l’après-midi, le document remis aux représentants du personnel fait état de 144 propositions de postes, uniquement en magasins et dans les cafétérias du groupe. « A Jarnac, La Rochelle, ou Bordeaux, tout ça au Smic, et à temps partiel pour 80 % d’entre eux », explique Christian Triphose, délégué syndical CGT du site. « Je vais retrouver mon agence d’intérim », ironise Aurélien, 28 ans, depuis un an et demi à la Coop Atlantique. « Dans le contexte actuel, ça va être sympa. Tout ça, c’est un peu écœurant. Ce n’est pas normal, car il y a du boulot. Ce n’est pas logique. » « Les gens sont amers, explique Eric Peronnet, représentant du personnel. On a le sentiment d’avoir été pris pour des pigeons. On nous a tenu des propos dévalorisants, disant qu’on n’était pas bons, tout ça pour permettre la fermeture. On a méprisé les individus, c’est ce qui me révolte le plus. »

A voir en vidéo sur lanouvellerepublique.fr et centre-presse.fr.

réactions

Jean-Pierre Abelin en  » totale opposition « 

« Je suis en totale opposition avec ce projet », a réagi Jean-Pierre Abelin. « J’apporte mon soutien aux salariés et je vais me rapprocher des syndicats pour voir quelle est la meilleure façon de les aider. Il faut absolument limiter la casse. »

Claude Bertaud : «  C’est gravissime  »

« Alors que la Vienne se distingue avec des chiffres du chômage rassurants par rapport aux départements voisins, souligne le président du conseil général Claude Bertaud, on apprend cette décision de fermeture. C’est gravissime pour le Châtelleraudais, qui subit depuis plusieurs années les conséquences de la crise. » Il demande aux responsables du site de tout mettre en œuvre pour permettre aux salariés concernés, « un reclassement dans des conditions les moins pénalisantes possibles pour chacun d’entre eux. Au moment où un travail important est mené sur ce territoire pour accueillir Délipapier, cette décision de fermeture nous inquiète et je demande à l’État de rester vigilant pour que les engagements pris par les responsables du site, soient tenus. »

Laurent Gaudens, Nouvelle République, 5 décembre 2012

 » On se demande quand ça va s’arrêter « 

Au café central d’Ingrandes, sur l’ex-N 10, on installe le sapin de Noël. Mais depuis la veille et l’annonce de la fermeture de la Coop Atlantique, le cœur n’est guère à la fête. « Ce sont nos clients, explique Brigitte Moron, co-gérante du café. Il y aura des retombées chez tous les commerçants. » Et en terme de conséquences, Brigitte Moron en connaît un rayon elle qui tient le café que ses parents ont créé, alors sur la place du village, en 1951. « Ils ont vu la Coop ouvrir ses portes, comme la plupart des usines. » Forcément, après la menace qui a pesé sur la Fonderie alu, cette première fermeture fait craindre le pire. « C’est une catastrophe, résume Edwige Cybard, propriétaire de la supérette Cali. Surtout pour les jeunes qui y travaillent en couple. On connaît ça, on travaillait autrefois pour la Coop qui nous a virés. Ils n’aiment ni les petits commerces, ni les petites gens. » Chacun fait état d’une baisse continue de chiffre d’affaires ces dernières années. A la boulangerie, les premiers comptes sont vite faits : ce sera 250 à 300 € par mois en moins. « On livre la Coop pour leur restauration, 30 baguettes par jour, témoigne Nadine Michel. Ce sera sans compter tous les salariés qui viennent ici pour prendre leur pain. » Un « trou dans le budget de l’économie locale » dont l’effet se ressent donc déjà. « On a l’impression qu’on est un point noir où tout ferme », s’attriste la coiffeuse Liliane Mauduit. « Il y avait déjà eu Fabris, on se demande quand ça va s’arrêter. »

Nouvelle République, 5 décembre 2012

Réacteur EPR : la facture dépasse 8,5 milliards d’euros

Réacteur EPR : la facture dépasse 8,5 milliards d’euros

EDF a annoncé le 3 décembre un surcoût de 2 milliards d’euros pour son réacteur EPR, en construction à Flamanville (Manche). Le coût de ce réacteur dit de troisième génération, conçu par Areva, avait déjà été quasiment doublé en 2011 : 6 milliards d’euros contre 3,3 milliards annoncés initialement en 2005. La note vient officiellement de dépasser les 8,5 milliards d’euros. En cause, selon le groupe, « l’évolution du design de la chaudière », « les études d’ingénierie supplémentaire », « l’intégration des nouvelles exigences réglementaires », ainsi que « les enseignements post-Fukushima ». EDF évoque également des « aléas industriels » à l’instar des consoles, énormes pièces métalliques entourant le bâtiment réacteur, ayant du être remplacées après la découverte de défauts de soudure… Autre cause de l’envolée de la facture : la révision totale des systèmes informatiques de sécurité, jugés trop fragiles.

Cette question avait donné lieu à une déclaration commune de trois autorités de sûreté nucléaire (l’ASN en France, la HSE au Royaume-Uni et l’autorité finlandaise) il y a trois ans. Elles s’interrogeaient sur l’interdépendance des systèmes de contrôle – utilisés lors de l’exploitation normale du réacteur – et de sécurité, activé en cas d’incidents ou de défaillances. Il semble qu’une faille informatique aurait pu neutraliser ces deux systèmes. « Si un système de sûreté est appelé à servir en cas de perte d’un système de contrôle, alors ces deux systèmes ne doivent pas faillir simultanément. La conception d’EPR, telle que proposée initialement par les exploitants et le fabricant, Areva, n’est pas conforme à ce principe d’indépendance dans la mesure où il y a beaucoup d’interconnexions complexes entre les systèmes de contrôle et de sûreté », alertaient les trois autorités.

Surcoût de l’EPR = 10 000 emplois perdus ?

Cette nouvelle augmentation de facture tombe mal pour EDF alors que le gouvernement vient de lancer le débat national sur la transition énergétique. « Cette annonce entérine ce que la Cour des comptes disait en début d’année : la construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR n’est pas une option crédible pour le mix énergétique de demain : trop chère et trop lente à déployer », analyse Sophia Majnoni, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace France. Pour le Réseau Sortir du Nucléaire, « si les coûts de l’EPR (alors estimés à 3,3 milliards d’euros !) avaient été consacrés aux économies d’énergie et aux énergies renouvelables, on aurait pu répondre à des besoins en électricité deux fois équivalents, créer plus de 10 000 emplois et diminuer de manière substantielle les émissions de gaz à effet de serre ».

Malgré cette note salée, EDF veut maintenir le calendrier de mise en service de l’EPR, tablant sur un démarrage de la production en 2016. Soit quatre ans de retard sur l’objectif initial, dans des conditions de travail et de sécurité déplorables (lire notre enquête). Si cette annonce ne parvient pas à briser le mythe du nucléaire bon marché, l’EPR de Flamanville pourrait bien finir par produire l’électricité la plus chère au monde. Sans oublier que le projet de construction d’un autre EPR à Penly (Seine-Maritime) n’est pas encore totalement écarté.

Sophie Chapelle, Bastamag, 4 décembre 2012

NdPN : pour creuser le sujet, voir aussi deux articles fort intéressants sur le site de l’observatoire du nucléaire, ici et .