Sur le mariage gay

NdPN : Le mariage chez les anars on s’en fout, mais voilà ça existe, et avec des droits qui vont avec, spécifiques au mariage. Et on est pour l’égalité… Donc pour le droit au mariage gay, ne serait-ce que pour que les homosexuel-le-s aussi aient le droit de choisir de ne pas se marier !

Les religions y vont donc de leurs troupes de béni-te-s oui-oui pour diffuser leur haine répugnante. La religion catho (on ne reviendra pas sur les zinzins de Civitas, il suffit de lire les déclarations du pape à ce sujet), mais aussi judaïque et musulmane. Rien d’étonnant au fond, de la part de chantres d’une idéologie commune de soumission à Dieu, qui éructe son sexisme et son homophobie depuis toujours. Pour la droite, rien d’étonnant non plus, pour ces capitalos il faut bien assurer une idéologie qui reproduise la force de travail, avec son lot de femmes pour torcher les lardons, et de discriminations contre celles et ceux qui s’aiment sans donner d’enfants à la patrie.

Mais des gens de « gauche » sont aussi contre… et à ce sujet, on lira avec plaisir cette réponse de Virginie Despentes à Lionel Jospin dans Tetu, il y a cinq jours :

Virginie Despentes répond à Lionel Jospin et aux anti-mariage pour tous

TRIBUNE. Vendredi dernier, l’ancien Premier ministre réaffirmait ses réserves sur l’ouverture du mariage aux homos. L’écrivaine Virginie Despentes revient sur son argumentaire, et sur celui des anti-mariage pour tous. Invité vendredi dernier sur le plateau du Grand Journal de Canal+, Lionel Jospin est revenu sur ses réserves sur l’ouverture du mariage aux couples homos. «C’est la position de mon parti, et donc je la respecte, a commenté l’ancien Premier ministre. Ce n’était pas la mienne au départ. Ce que je pense c’est que l’idée fondamentale doit rester, pour le mariage, pour les couples et pour la vie en général, que l’humanité est structurée entre hommes et femmes.» L’écrivaine Virginie Despentes a choisi de lui répondre dans une tribune que publie TÊTU.com.

«Alors, cette semaine, c’est Lionel Jospin qui s’y colle. Il trouve qu’on n’entend pas assez de conneries comme ça, sur le mariage gay, il y va de son solo perso. Tranquille, hein, c’est sans homophobie. Il n’a pas dit qu’on avait le droit de casser du pédé ou de pourrir la vie des bébés gouines au lycée, non, juste, il tenait à signaler: attention, avec le mariage, on pousse mémé dans les orties. «L’humanité est structurée sur le rapport hommes femmes.» Juste, sans homophobie: les gouines et les pédés ne font pas vraiment partie de l’humanité. Ils ne sont pourtant pas stériles – mais comme ils ne vivent pas en couple, ce n’est pas de l’humain pur jus, pas de l’humain-humain comme l’est monsieur Jospin. Ce n’est pas super délicat pour les célibataires et les gens sans enfants, son truc, mais Jospin est comme ça: il a une idée forte de ce qu’est l’humanité, et l’humanité, c’est les femmes et les hommes qui vivent ensemble, copulent et produisent des enfants pour la patrie. C’est dommage pour les femmes, vu que, in fine, cette humanité là, c’est l’histoire de comment elles en ont pris plein la gueule pendant des millénaires, mais c’est l’humanité, que veux tu, on la changera pas. Et il faut bien l’admettre: il y a d’une part la grande humanité, qui peut prétendre aux institutions, et de l’autre, une caste moins noble, moins humaine. Celle qui devrait s’estimer heureuse de ne pas être persécutée, qu’elle ne vienne pas, en plus, réclamer des droits à l’état. Mais c’est dit sans animosité, hein, sans homophobie, juste: l’humanité, certains d’entre nous en font moins partie que d’autre. Proust, Genet, Leduc, Wittig, au hasard: moins humains que des hétéros. Donc, selon Lionel Jospin, il faut que je comprenne, et que je n’aille pas mal le prendre: depuis que je ne suce plus de bite, je compte moins. Je ne devrais plus réclamer les mêmes droits. C’est quasiment une question de bon sens.
Mais c’est dit sans homophobie, c’est ça qui est bien. Comme tous les hétéros qui ont quelque chose à dire contre le mariage gay. C’est davantage le bon sens que l’homophobie qui les pousse à s’exprimer. Dans ce débat, personne n’est homophobe. Ils sont juste contre l’égalité des droits. Et dans la bouche de Jospin on comprend bien: non seulement contre l’égalité des droits entre homos et hétéros, mais aussi contre l’égalité des droits entre femmes et hommes. Parce qu’on est bien d’accord que tant qu’on restera cramponnés à ces catégories là, on ne sera jamais égaux.
Je m’étais déjà dit que je ne me voyais pas «femme» comme le sont les «femmes» qui couchent gratos avec des mecs comme lui, mais jusqu’à cette déclaration, je n’avais pas encore pensé à ne plus me définir comme faisant partie de l’humanité. Ça va me prendre un moment avant de m’y faire. C’est parce que je suis devenue lesbienne trop tard, probablement. Je ne suis pas encore habituée à ce qu’on me remette à ma place toutes les cinq minutes. Ma nouvelle place, celle des tolérés.
Au départ, cette histoire de mariage, j’en avais moitié rien à faire – mais à force de les entendre, tous, sans homophobie, nous rappeler qu’on ne vaut pas ce que vaut un hétéro, ça commence à m’intéresser.
Je ne sais pas ce que Lionel Jospin entend par l’humanité. Il n’y a pas si longtemps, une femme qui tombait enceinte hors mariage était une paria. Si elle tombait enceinte d’un homme marié à une autre, au nom de la dignité humaine on lui faisait vivre l’enfer sur terre. On pouvait même envisager de la brûler comme sorcière. On en a fait monter sur le bûcher pour moins que ça. On pouvait la chasser du village à coups de pierre. L’enfant était un batard, un moins que rien. Bon, quelques décennies plus tard, on ne trouve plus rien à y redire. Est-on devenus moins humains pour autant, selon Lionel Jospin? L’humanité y a t-elle perdu tant que ça? A quel moment de l’évolution doit on bloquer le curseur de la tolérance?
Jospin, comme beaucoup d’opposants au mariage gay, est un homme divorcé. Comme Copé, Le Pen, Sarkozy, Dati et tuti quanti. Cet arrangement avec le serment du mariage fait partie des évolutions heureuses. Les enfants de divorcés se fadent des beaux parents par pelletées, alors chez eux ce n’est plus un papa et une maman, c’est tout de suite la collectivité. On sait que les hétérosexuels divorcent plus facilement qu’ils ne changent de voiture. On sait que l’adultère est un sport courant (qu’on lise sur internet les commentaires d’hétéros après la démission de Petraeus pour avoir trompé sa femme et on comprendra l’importance de la monogamie en hétérosexualité – ils n’y croient pas une seule seconde, on trompe comme on respire, et on trouve inadmissible que qui que ce soit s’en mêle) et on sait d’expérience qu’ils ne pensent pas que faire des enfants hors mariage soit un problème. Ils peuvent même faire des enfants hors mariage, tout en étant mariés, et tout le monde trouve ça formidable. Très bien. Moi je suis pour tout ce qui est punk rock, alors cette idée d’une immense partouze à l’amiable, franchement, je trouve ça super seyant. Mais pourquoi tant de souplesse morale quand ce sont les hétéros qui se torchent le cul avec le serment du mariage, et cette rigidité indignée quand il s’agit des homosexuels? On salirait l’institution? On la dévoierait? Mais les gars, même en y mettant tout le destroy du monde, on ne la dévoiera jamais d’avantage que ce que vous avez déjà fait, c’est perdu d’avance… dans l’état où on le trouve, le mariage, ce qui est exceptionnel c’est qu’on accepte de s’en servir. Le Vatican brandit la polygamie – comme quoi les gouines et les bougnoules, un seul sac fera bien l’affaire, mais c’est ni raciste ni homophobe, soyons subtils, n’empêche qu’on sait que les filles voilées non plus ne font pas partie de l’humanité telle que la conçoit cette gauche là, mais passons – ne vous en faites pas pour la polygamie: vous y êtes déjà. Quand un bonhomme paye trois pensions alimentaires, c’est quoi, sinon une forme de polygamie? Que les cathos s’occupent d’excommunier tous ceux qui ne respectent pas l’institution, qu’ils s’occupent des comportements des mariés à l’église, ça les occupera tellement d’y mettre un peu d’ordre qu’ils n’auront plus de temps à perdre avec des couples qui demandent le mariage devant le maire.
Et c’est pareil, pour les enfants, ne vous en faites pas pour ça: on ne pourra pas se comporter plus vilainement que vous ne le faites. Etre des parents plus sordides, plus inattentifs, plus égoïstes, plus j’m’enfoutistes, plus névrosés et toxiques – impossible. Tranquillisez vous avec tout ça. Le pire, vous vous en occupez déjà très bien.
Tout ça, sans compter que l’humanité en subit d’autres, des outrages, autrement plus graves, en ce moment, les gouines et les pédés n’y sont pour rien, je trouve Lionel Jospin mal organisé dans ses priorités de crispation. Il y a, en 2012, des atteintes à la morale autrement plus brutales et difficiles à admettre que l’idée que deux femmes veulent se marier entre elles. Qu’est-ce que ça peut faire? Je sais, je comprends, ça gêne l’oppresseur quand deux chiennes oublient le collier, ça gêne pour les maintenir sous le joug de l’hétérosexualité, c’est ennuyeux, on les tient moins bien. Parfois la victime n’a pas envie de se laisser faire en remerciant son bourreau, je pensais qu’une formation socialiste permettrait de le comprendre. Mais non, certaines formations socialistes amènent à diviser les êtres humains en deux catégories: les vrais humains, et ceux qui devraient se cacher et se taire.
J’ai l’impression qu’en tombant amoureuse d’une fille (qui, de toute façon, refuse de se reconnaître en tant que femme, mais je vais laisser ça de côté pour ne pas faire dérailler la machine à trier les humains-moins humains de Lionel Jospin) j’ai perdu une moitié de ma citoyenneté. J’ai l’impression d’être punie. Et je ne vois pas comment le comprendre autrement. Je suis punie de ne plus être une hétérote, humaine à cent pour cent. Pendant trente cinq ans, j’avais les pleins droits, maintenant je dois me contenter d’une moitié de droits. Ça me chagrine que l’Etat mette autant de temps à faire savoir à Lionel Jospin et ses amis catholiques qu’ils peuvent le penser, mais que la loi n’a pas à être de leur côté.
Si demain on m’annonce que j’ai une tumeur au cerveau et qu’en six mois ce sera plié, moi je ne dispose d’aucun contrat facile à signer avec la personne avec qui je vis depuis huit ans pour m’assurer que tout ce qui est chez nous sera à elle. Si c’est la mort qui nous sépare, tout ce qui m’appartient lui appartient, à elle. Si j’étais hétéro ce serait réglé en cinq minutes: un tour à la mairie et tout ce qui est à moi est à elle. Et vice versa. Mais je suis gouine. Donc, selon Lionel Jospin, c’est normal que ma succession soit difficile à établir. Qu’on puisse la contester. Ou qu’elle doive payer soixante pour cent d’impôts pour y toucher. Une petite taxe non homophobe, mais qu’on est les seuls à devoir payer alors qu’on vit en couple. Que n’importe qui de ma famille puisse contester son droit à gérer ce que je laisse, c’est normal, c’est le prix à payer pour la non-hétérosexualité. La personne avec qui je vis depuis huit ans est la seule personne qui sache ce que j’ai dans mon ordinateur et ce que je voudrais en faire. J’aimerais, s’il m’arrivait quelque chose, savoir qu’elle sera la personne qui gèrera ce que je laisse. Comme le font les hétéros. Monsieur Jospin, comme les autres hétéros, si demain le démon de minuit le saisit et lui retourne les sangs, peut s’assurer que n’importe quelle petite hétéro touchera sa part de l’héritage. Je veux avoir le même droit. Je veux les mêmes droits que lui et ses hétérotes, je veux exactement les mêmes. Je paye les mêmes impôts qu’un humain hétéro, j’ai les mêmes devoirs, je veux les mêmes droits – je me contre tape de savoir si Lionel Jospin et ses collègues non homophobes mais quand même conscients que la pédalerie doit avoir un prix social, m’incluent ou pas dans leur conception de l’humanité, je veux que l’Etat lui fasse savoir que je suis une humaine, au même titre que les autres. Même sans bite dans le cul. Même si je ne fournis pas de gamin à mon pays.
La question de l’héritage est centrale dans l’institution du mariage. Les sourds, les aveugles et les mal formés pendant longtemps n’ont pas pu hériter. Ils n’étaient pas assez humains. Me paraît heureux qu’on en ait fini avec ça. Les femmes non plus n’héritaient pas. Elles n’avaient pas d’âme. Leurs organes reproducteurs les empêchaient de s’occuper des affaires de la cité. Encore des Jospin dans la salle, à l’époque ils s’appelaient Proudhon. J’ai envie de vivre dans un pays où on ne laisse pas les Jospin faire le tri de qui accède à l’humanité et qui doit rester dans la honte.
Je ne vois aucun autre mot qu’homophobie pour décrire ce que je ressens d’hostilité à mon endroit, depuis quelques mois qu’a commencé ce débat. J’ai grandi hétéro, en trouvant normal d’avoir les mêmes droits que tout le monde. Je vieillis gouine, et je n’aime pas la sensation de ces vieux velus penchés sur mon cas et me déclarant «déviante». J’aimais bien pouvoir me marier et ne pas le faire. Personne n’a à scruter à la loupe avec qui je dors avec qui je vis. Je n’ai pas à me sentir punie parce que j’échappe à l’hétérosexualité.
Moi je vous fous la paix, tous, avec vos mariages pourris. Avec vos gamins qui ne fêteront plus jamais Noël en famille, avec toute la famille, parce qu’elle est pétée en deux, en quatre, en dix. Arrangez vous avec votre putain d’hétérosexualité comme ça vous chante, trouvez des connes pour vous sucer la pine en disant que c’est génial de le faire gratos avant de vous faire cracher au bassinet en pensions compensatoires. Vivez vos vies de merde comme vous l’entendez, et donnez moi les droits de vivre la mienne, comme je l’entends, avec les mêmes devoirs et les mêmes compensations que vous.
Et de la même façon, pitié, arrêtez les âneries des psys sur les enfants adoptés qui doivent pouvoir s’imaginer que leurs deux parents les ont conçus ensemble. Pour les enfants adoptés par un parent seul, c’est ignoble de vous entendre déblatérer. Mais surtout, arrêtez de croire qu’un petit Coréen ou un petit Haïtien regarde ses deux parents caucasiens en imaginant qu’il est sorti de leurs ventres. Il est adopté, ça se passe bien ou ça se passe mal mais il sait très bien qu’il n’est pas l’enfant de ce couple. Arrêtez de nous bassiner avec le modèle père et mère quand on sait que la plupart des enfants grandissent autrement, et que ça a toujours été comme ça. Quand les dirigeants déclarent une guerre, ils se foutent de savoir qu’ils préparent une génération d’orphelins de pères. Arrêtez de vous raconter des histoires comme quoi l’hétérosexualité à l’occidentale est la seule façon de vivre ensemble, que c’est la seule façon de faire partie de l’humanité. Vous grimpez sur le dos des gouines et des pédés pour chanter vos louanges. Il n’y a pas de quoi, et on n’est pas là pour ça. Vos vies dans l’ensemble sont plutôt merdiques, vos vies amoureuses sont plutôt calamiteuses, arrêtez de croire que ça ne se voit pas. Laissez les gouines et les pédés gérer leurs vies comme ils l’entendent. Personne n’a envie de prendre modèle sur vous. Occupez-vous plutôt de construire plus d’abris pour les sdf que de prisons, ça, ça changera la vie de tout le monde. Dormir sur un carton et ne pas savoir où aller pisser n’est pas un choix de vie, c’est une terreur politique, je m’étonne de ce que le mariage vous obnubile autant, que ce soit chez Jospin ou au Vatican, alors que la misère vous paraît à ce point supportable.»

[86] Les migrants dans la région d’hier à aujourd’hui

Les migrants dans la région d’hier à aujourd’hui

Pas moins de 34 auteurs “ qualifiés ” ont participé à l’écriture du livre “ Migrants et Immigrés en Poitou-Charentes ”. Rencontre avec leur coordonnateur.

L’ouvrage fait 600 pages. L’histoire des « Migrants et Immigrés en Poitou-Charentes, d’hier à aujourd’hui » tient dans ce beau volume séquencé en 50 chapitres. François Julien-Labruyère, historien de formation, auteur, banquier et éditeur (Le Croît Vif) est à l’origine de ce projet.

Comment est née l’idée de faire cet ouvrage « collectif » et sur ce thème-là ?

« Il ne pouvait être que collectif ou alors y passer trente ans de sa vie pour collecter cette information aussi riche que celle-là. L’idée m’est venue de façon simple. L’immigration est un sujet très actuel et j’ai souvent été frappé en tant que lecteur par les raccourcis, les clichés souvent négatifs, les amalgames… en décalage avec la réalité qu’on ressent. Nous connaissons tous des immigrés ou des fils d’immigrés. Le discours dominant est en complet déphasage avec la réalité. »

Vous avez tout de même réuni pas moins de 34 auteurs…

« On a cherché avec Christelle Massonnet des universitaires, des témoins « qualifiés ». Au bout de près quatre ans, cet ouvrage mélange des études proprement économiques, scientifiques et sociologiques à une série de témoignages de gens qui vécu tout cela dans leur chair, dans leur vie et c’est ce rapprochement de ces deux choses que nous avons voulu organiser. »

Vous mettez en évidence différentes immigrations dans la région.

« Le Poitou-Charentes est la seule région qui bénéficie d’un livre aussi fouillé sur l’immigration interne (celle des Vendéens, des Bretons par exemple) et l’immigration d’origine étrangère (celle des Africains, des Turcs, des Italiens, des Britanniques…) »

Vous couvrez quelle période de l’Histoire ?

« De la moitié du XIXe siècle à aujourd’hui. Pendant très longtemps, l’immigration qu’elle soit interne ou d’origine étrangère était très dispersée et concernait les campagnes. Après la Seconde Guerre mondiale et surtout dans les années 60, l’immigration a été organisée par le patronat français. Elle s’est concentrée dans les villes (Châtellerault, Poitiers, Angoulême, La Rochelle). »

Vous avez découvert des particularités ?

« L’exemple de Cerizay (Deux-Sèvres), avec Heuliez qui va recruter un personnel portugais pendant des années et qui fait que cette ville en pourcentage est la plus portugaise de France. La Rochelle et son port ont attiré énormément de Bretons. Les Espagnols, pendant et après la guerre d’Espagne ont créé des communautés fortes surtout en Charente. Et puis le phénomène actuel, ce sont les Britanniques qui s’installent pour véritablement vivre dans la région, au Sud de la Vienne ou au Nord de la Charente. »

Et après ce livre, un autre projet de la même envergure ?

« Il me semble que le livre actuel mériterait un second tome, notamment sur le rôle essentiel des femmes dans la réussite de l’immigration…

> « Migrants et Immigrés en Poitou-Charentes, d’hier à aujourd’hui ». Dans toutes les librairies (35 €), sur les sites Internet marchants ou sur www.croitvif.com (téléchargement possible pour 15 €).

Propos recueillis par M-L A, Nouvelle République, 18 novembre 2012

[Chalandray – 86] La conf paysanne réagit à la venue du ponte de la FNSEA qui défend les agrocarburants

Le président de la FNSEA est venu défendre le biodiesel

Le président national Xavier Beulin, en visite dans la Vienne, a soutenu l’activité de l’usine de Chalandray. Un message à destination de ses opposants.

Les agrocarburants ne sont pas performants et ne permettent pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pour les soutenir, une défiscalisation très coûteuse a été mise en place sur le dos des contribuables. Ces quelques lignes sont signées de la Confédération paysanne qui a réagi à la venue, samedi matin, à la coopérative Centre Ouest céréales à Chalandray, de Xavier Beulin, président du syndicat agricole FNSEA et de Sofiproteol, structure nationale qui développe une production des cultures de colza et tournesol. Le leader national syndicaliste a visité également, l’après-midi, le 40e concours charolais au parc des expositions à Poitiers. La sortie a irrité la Confédération paysanne : « C’est une provocation pour les éleveurs du département : est-ce le président du syndicat ou bien l’homme d’affaires ? » […]

Didier Monteil, Nouvelle République, 18 novembre 2012

[Notre-Dame-des-Landes] Démonstration de solidarité et de force réussie

Démonstration de solidarité et de force réussie

Hier, une énorme manif de réoccupation a eu lieu dans le bocage nantais, à Notre-Dame-des-Landes, pour combattre le projet de nouvel aéroport, en partenariat public-privé entre l’Etat Ayrault et la multinationale Vinci. Cet aéroport est une gabegie sociale pour les fermier-e-s et habitant-e-s expulsé-e-s sans qu’on leur demande leur avis,  écologique en ce qu’il consiste à transformer 2000 hectares de bocage humide, plein de biodiversité, en horreur bétonnière où circuleraient des machines massivement productrices de gaz à effet de serre. Même l’argument économique ne tient pas, car ce projet suppose un transfert massif de fonds publics vers le profit privé, et ainsi l’endettement de l’Etat et des collectivités locales, à l’heure où paraît-il plus un sou ne reste dans les caisses. Mais le gouvernement « socialiste » et « écologiste » s’acharne à maintenir sous perfusion le profit capitaliste, montrant par là combien ce projet sous-tend un modèle morbide de société que nous rejetons.

Depuis le 16 octobre de cette année, un immense dispositif militaire s’est ainsi déployé sur la zone d’aménagement différé, mais la résistance des habitant-e-s continue face à la violence répressive. Les médias bourgeois ont d’abord rapporté la présence de 2000 manifestants, avant que la préfecture n’évoque le chiffre non moins farfelu de 13.500. En réalité, ce furent 40.000 manifestant-e-s et 400 tracteurs qui furent sur place, avec un cortège intarissable sur de nombreuses heures, remplissant un champ entier. Pas de flic en vue, signe de la fébrilité d’un gouvernement qui malgré les fanfaronnades de Hollande, d’Ayrault et du préfet, ne peut que constater que cette lutte légitime a l’adhésion d’un nombre de plus en plus immense de gens.

Des prises de parole se sont succédées, avec les collectifs de résistance locaux de paysans et d’habitant-e-s, mais aussi des interventions solidaires de personnes qui résistent ailleurs, contre d’autres grands chantiers destructeurs. Tels que la ligne à très haute tension Cotentin-Maine, la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, le projet minier en Allemagne dans la forêt de Hambach près de Cologne… la colère y a côtoyé la détermination et la joie de nous retrouver fort-e-s, ensemble ! Et la patate pour continuer la lutte partout où nous sommes, contre les mêmes logiques de domination et de profit.

Des tentes, des cabanes et des maisons se sont élevées pour succéder à toutes celles que l’Etat et Vinci ont détruites, avec l’aide de milliers de petites mains. Sans compter les ateliers divers, les cuisines, les orchestres, chorales et autres batucadas…

Un grand sentiment de solidarité en actes, où la diversité fourmillante des organisations, formelles et informelles, a su faire taire les petites querelles stériles. Les drapeaux étaient rangés, les planches, les marteaux et les clous en action ! Occasion d’innombrables bons moments de partages, d’organisation concrète, de discussions, et d’espoir collectif qu’aucune des gesticulations sinistres de robots en cravate ou en uniforme ne saurait entamer.

La lutte continue, et la Fédération Anarchiste, à sa mesure modeste mais déterminée, continuera de la soutenir par tous les moyens nécessaires.

Pavillon Noir, 18 novembre 2012

NdPN : on lira sur zad.nadir.org plusieurs textes.

Le flash info du jour relatant cette belle journée

Un petit récit de la manif de réoccupation

Communiqué de presse

-Une prise de parole à l’arrivée de la manif de réoccup

Une lettre collective de soutien venue du Mexique

Le Monde Libertaire N° 1687 du 15 au 21 Novembre 2012

NdPN : Le Monde Libertaire de cette semaine est en kiosques depuis hier. Pas de diffusion militante ce samedi à Poitiers, pour cause de déplacement ! Par contre on en déposera un exemplaire en consultation libre comme d’hab au Biblio Café. Pour le toper à prix libre, contactez-nous. Et comme chaque semaine, trois articles déjà disponibles en ligne sur le site du Monde Libertaire (voir les liens web ci-dessous).

Bonne lecture les aminches !

Le Monde Libertaire # 1687 du 15 au 21 Novembre 2012
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«Nous sommes lucides. Nous avons remplacé le dialogue par le communiqué. » – Albert Camus

Sommaire du Monde Libertaire # 1687 du 15 au 21 Novembre 2012

Actualité

Une devinette pour Kropotkine, par N. Baillargeon, page 3

Filoche se paye Gallois, par M. Cailloux, page 5

Météo grisâtre, par J.-P. Germain, page 6

Libérez Aurore ! par G. Goutte, page 7

La Chronique néphrétique, de Rodkol, page 8

Arguments

Bout du tunnel ou pas ? par J. Langlois, page 9

Deux sous de langues par L. Gallopavo, page 12

International

Félonie au Mexique, Communiqué militant, page 14

Maison Blanche : l’Âne ou l’Éléphant par R. B. page 15

Les Guaranis vont mourir par M. Gutel, page 17

Expressions

Tigre ou lapin ? par N. Potkine, page 18

Mouvement

Agustín, le bon camarade par O. Alberola, page 19

Le dernier livre de Jean L’Anselme par C. Kottelanne, page 20

La vie du mouvement, page 21

La radio sans dieu sans maître, page 22

On sort ce soir ? Page 23

Illustrations

Aurélio, Jhano, Kalem, Krokagas, la Sala, Manolo Prolo, Nemo, RNST, Valère.

Editorial

Tout-Financier et pineute-social, à la SNCF aussi, les mécontentements vont leur train. Une grève importante – même la jaune CFDT s’y est jointe – vient de mobiliser les cheminots. En cause, des propositions de réforme du système ferroviaire dignes de Sarkoland : proposition salariale indigente, TGV low cost, bus à la place des trains, perte effective de 1 600 emplois soit 10 000 postes en moins en cinq ans, embauche de cheminots à deux vitesses, « les uns au statut de l’entreprise publique, les autres en sous-traitance à deux ou trois niveaux parfois payés en dessous du smic et n’ayant aucune formation à la sécurité et aux métiers du ferroviaire ».
Les syndicats tirent le signal d’alarme: suite à ces économies d’échelle et de bout de chandelle, l’état du réseau est devenu vétuste et mal entretenu. En gros, les accidents sont inévitables. Les usagers aussi en ont marre selon l’UFC que choisir. Malgré les titatas publicitaires, ils reprochent amèrement à Guillaume Pépy, big manager de la SNCF, tarifs prohibitifs multiples et incompréhensibles, manque d’information, saleté des gares, difficultés à se faire rembourser, pannes et retards systématiques.
Cerise sur l’étron, dans ce climat de grogne – comme disent les journalistes et les politiciens qui comparent volontiers les usagers à des cochons – les 7 et 8 novembre, un petit problème de caténaire, réparé en moins d’une heure, a dégénéré en un foutoir sans nom. Les voyageurs furieux d’être coincés dans les voitures sont descendus sur les voies et ont, de ce fait, provoqué l’arrêt du trafic banlieue et grande ligne jusque tard dans la nuit. Mauvais joueur, Pépy incrimine l’irresponsabilité des voyageurs. Pour une fois, l’usager n’est plus le malheureux otage des fumiers de grévistes mais un salop d’irresponsable.
O tempora, o mores. Willy Colin, porte-parole de l’Avuc, association de voyageurs, remet les pendules à l’heure : « C’est un problème inhérent à la SNCF. C’est un problème de maintenance… Il faut que la SNCF et RFF se remettent en question sur l’état du réseau plutôt que de montrer du doigt les usagers. » N’importe, ça devait être bien hallucinant, tous ces voyageurs – en pleine nuit – désertant les wagons pour s’égayer sur le ballast. Comme un avant-goût du jour où les vrais gens décideront de prendre leurs affaires en main, de quitter le train de misère du capitalisme décomplexé et triomphant, pour s’égayer sur les voies enjouées de la révolution et de l’autogestion.