8 nouvelles traductions anars du CATS

Le Collectif Anarchiste de Traduction et de Scannerisation (CATS) de Caen (et d’ailleurs…) vous annonce aujourd’hui la mise en ligne de 8 traductions, librement téléchargables et diffusables sur notre site à l’adresse suivante http://ablogm.com/cats/ . En voici une brève présentation :

– Entretien avec Abraham Guillen : Entretien de 1978, tiré de la revue anar espagnole « Bicicleta ». Guillen, anarchiste exilé, combattant de la révolution espagnole, auteur de livres sur la stratégie de la guérilla et sur l’autogestion, y raconte ses relations avec certaines guérillas latino-américaines des années 60 et 70 auprès desquelles il a parfois joué un rôle « d’assesseur politico-militaire ».

– Ni Dieu, ni maître, ni mari : la Voz de la Mujer (Argentine 1896-97) : Un aperçu de ce journal anarchiste argentin, tourné vers les femmes des classes populaires, qui fut une des premières expressions anarcha-féministes au monde.

– Un Young Lord se souvient : Un témoigne de Richie Perez sur les multiples luttes (sur la santé, l’éducation, contre les brutalités policières etc…) menées par le Parti des Young Lords, issu de la communauté portoricaine de New York. – Les Young Lords et les premiers gangs portoricains de Chicago : Un entretien avec Mervin Mendez sur la genèse des Young Lords de Chicago (assez différents culturellement et socialement de celles et ceux de New York), sur la communauté portoricaine de cette ville et sur les premiers gangs qui en furent issus.

– Les femmes à l’usine FIAT – Italie 1970 : Un article paru dans Lotta Continua sur la féminisation de la main d’œuvre ouvrière chez FIAT, l’espoir patronal de trouver chez les femmes une force de travail docile et un moyen de diviser les luttes ouvrières radicales qui émergeaient, la situation sociale et culturelle des femmes ouvrières….

– Féminisme italien, opéraisme et Autonomie dans les années 1970 : Un texte qui survole les courants du féminisme italien issus de l’opéraisme et de l’autonomie, qui se mobilisèrent particulièrement contre les violences faites aux femmes et pour la rétribution du travail reproductif (au sens de reproduction de la force de travail à travers les tâches éducatives, ménagères, de soins, de réconfort affectif et sexuel…).

– Le soulèvement de Sibérie occidentale 1921-1922 : Un petit texte qui survole ce soulèvement paysan massif opposé à la dictature bolchevique et déclenché par les politiques drastiques de réquisitions alimentaires du pouvoir rouge.

– Guerre de classe en Finlande 1918 : 2 courts textes, le premier sur la tentative méconnue de révolution prolétaire en Finlande et sur son écrasement par les réactionnaires locaux et le deuxième sur l’activité de marins russes anarchistes en Finlande lors de la Guerre Civile.

On publiera encore une série de traductions dans quelques semaines avant de marquer une pause estivale.

Il nous reste encore pas mal de textes à traduire en anglais (et aussi un peu en espagnol), on continue donc à en appeler aux bonnes volontés pour prendre en charge certaines traductions. On peut nous contacter à l’adresse mail suivante : catscaen(a)voila.fr

Merci aux quelques personnes qui nous filent des coups de mains pour les traductions. Merci de faire tourner l’information et de faire connaître notre site et les modestes ressources qu’il contient. Salutations anarchistes.

Mail du CATS, 16 juin 2012

[Poitiers] Arrestation d’un militant du DAL 86 à la suite d’un rassemblement

Nous évoquions il y a deux jours les attaques accrues de la police, de la mairie et de la presse à l’encontre des prétendus « marginaux » du centre-ville de Poitiers. Ces attaques faisant suite à la mobilisation du collectif des mal-logé-e-s et sans-logis de Poitiers. Ce collectif est soutenu par le DAL 86, lui aussi harcelé par la mairie, la presse et les flics.

Aujourd’hui encore est sorti un article dégueulasse (que nous ne rapporterons pas ici) dans la presse locale… en forme de florilège de témoignages de citoyens contre les « marginaux » (ça fait plus neutre que quand ce sont les journalistes ?). Aujourd’hui encore les flics ont patrouillé en centre-ville pour faire régner l’ordre citoyen contre les « marginaux » ; ils furent semble-t-il accompagnés pour un temps dans leur noble tâche par le maire PS. Aujourd’hui enfin, un militant du DAL 86 a été convoqué au commissariat pour être interrogé sur les actions de ce collectif (il est ressorti libre).

Mais à l’issue de cette journée, avait aussi lieu un rassemblement solidaire pour le droit au logement, à l’appel du DAL 86. Il s’agissait de protester par voie de tract contre « la guerre aux pauvres » menée par la police, la mairie et la presse.

Au moment de la dispersion (vers 19H20), les flics se sont rapprochés d’un militant du DAL, déjà nommément ciblé et calomnié par le maire sur le site de la mairie. Malgré les protestations du groupe, le militant a été embarqué dans une bagnole de flics venus exprès. A l’occasion, un flic a tenté d’empêcher une autre personne de prendre des photos, puis de demander à une autre d’enlever ses lunettes noires (!).

Le militant du DAL 86 a été emmené au commissariat, où un petit rassemblement a lieu. On vient d’apprendre qu’il est retenu en garde à vue !

Cette répression de plus s’inscrit hélas dans la continuité de celle menée par les pouvoirs municipaux, policiers et journalistiques contre la lutte pour le droit au logement.

Mais on va pas se laisser faire !

Liberté pour notre camarade et solidarité !

Un toit pour tou-te-s !

Infos à suivre.

Georges C.

Mise à jour (1) :

Le militant vient de sortir de gardav à 22H40, le motif était « outrage au maire de Poitiers », selon des propos qu’il aurait tenus lors d’une conversation… privée ! A voir s’il sera ultérieurement poursuivi ou non. On croit rêver… même s’il était avéré qu’il ait tenu des propos discourtois à l’encontre du maire, un procès serait non avenu s’il s’agissait d’une conversation privée.

Mauvaise nouvelle par contre : en même temps qu’il sortait, une autre personne était conduite au commissariat, elle aussi pour « outrage » ; elle est actuellement en garde à vue.

Mise à jour (2) : la seconde personne mise en GAV est sortie ce matin, et passera à priori en procès en octobre. Elle est accusée d' »outrage » au directeur départemental de la police et à un l’un de ses collègues.

Mise à jour (3) : voir le compte-rendu du DAL 86 sur cette journée répressive

[La Rochelle] Tract – Logement : un problème que l’on peut résoudre nous-mêmes

NdPN : Le lundi 28 mai dernier a eu lieu à La Rochelle une réunion publique sur le droit au logement, organisée par le DAL 17. Si les candidat-e-s à la députation y étaient convié-e-s, d’autres petites voix s’y sont fait entendre, en diffusant notamment un tract :

Logement: un problème que l’on peut résoudre nous-mêmes

Le DAL de Charente-Maritime a décidé de réunir les candidats aux législatives de la première circonscription afin d’évoquer les problèmes de logements et d’entendre leurs réponses sur le sujet. Mais à part fournir une tribune aux acteurs de la mascarade électoraliste, cette réunion n’apportera certainement rien de concret. Faut-il donc attendre un geste des politiciens pour prendre en main nos vies? Pour notre part nous ne le pensons pas, c’est pour cela que nous avons décidé de nous rendre à cette réunion publique : nous souhaitons y porter une voix différente, celle de l’action directe.

Nous n’attendons rien de cette République des hommes d’affaires en forme de politiciens, et même s’ils sont parfois forcés de légaliser nos actions concrètes comme ils l’ont fait en adoptant l’ordonnance de réquisition des logements vides en 1945, nous préférons nous servir nous-mêmes. Sans domicile fixe depuis un certain temps, nous avons ainsi décidé de squatter un logement vacant à La Rochelle. Il s’agit d’une magnifique maison avec jardin qui appartient à une très grosse entreprise et qui était vide depuis plus de 4 ans.

Bien que nous ayons l’habitude d’apporter notre soutien aux actions du DAL, nous ne cherchons pas comme lui à négocier avec les autorités légales pour, au bout du compte, n’obtenir qu’un sursis ou une cage à lapins dans une hideuse cité HLM. Nous revendiquons au contraire la possibilité de vivre à plusieurs, en petite communauté, dans une belle maison avec un grand jardin où cultiver un potager qui nous permettra de nous nourrir nous-même en évitant de consommer des fruits et légumes contaminés par les pesticides et les OGM.

Par le présent tract, nous ne demandons rien à personne, mais souhaitons nous adresser fraternellement au pauvres mal-logés ou à la rue pour leur dire : « Si vous n’en pouvez plus de vivre dans un appartement qui ressemble à une cellule, si votre logement est insalubre, si vous ne parvenez pas à payer votre loyer, si vous êtes à la rue, sachez que des dizaines de milliers de logements sont vides dans ce pays, dont 3000 à La Rochelle. Alors si vous en avez envie, vous pouvez parfaitement vous organiser pour les prendre, pour les habiter, pour les squatter. »

Le changement ne viendra pas d’en haut.

Des squatteurs de La Rochelle

Nucléaire… à la sauce rose et vert

Le changement, c’est pas pour maintenant…

Niger : Nucléaire : Hollande veut accélérer la production d’uranium

Le changement en matière de nucléaire ne semble pas pour demain. A l’issue d’une rencontre le 12 juin avec le président nigérien Mahamadou Issoufou, François Hollande s’est prononcé pour une accélération de la mise en exploitation par Areva de la future mine géante d’uranium d’Imouraren (Niger), prévue fin 2013. « Si ça peut aller plus vite, nous y sommes favorables. Tout ce qui peut être fait pour le développement, pour l’activité économique doit être réalisé dans les meilleurs délais », a ainsi déclaré le président français. De quoi réjouir la multinationale, propriété de l’État français, qui importe du Niger près de 40 % de son uranium. Une fois traité, l’uranium sert de combustible aux réacteurs nucléaires. « Il s’agit là d’une claire perpétuation des mécanismes de la Françafrique, pour le plus grand profit du lobby nucléaire (Areva) et au détriment de la démocratie en Afrique », dénonce l’Observatoire du Nucléaire, association créée par l’ancien animateur du Réseau sortir du nucléaire, Stéphane Lhomme.

Les deux mines actuellement exploitées par le groupe français, dans la région d’Arlit, n’ont plus que dix à vingt ans de production devant elle. Areva s’est donc assurée en 2008 les droits de la mine géante d’Imouraren, potentiellement la deuxième plus grande mine d’uranium du monde (5 000 tonnes par an). La multinationale a prévu d’y investir 1,2 milliard d’euros. Son exploitation fera passer le pays du 6ème au 2ème rang mondial des producteurs d’uranium, juste derrière le Kazakhstan où Areva est également implantée.

Radioactivité

Le président nigérien espère une exploitation « gagnant-gagnant » des ressources de son pays. Naïveté ? Mahamadou Issoufou connaît bien Areva : il a été l’un des dirigeants de sa filiale nigérienne, la Somaïr, dans les années 80 [1]. Il a régulièrement jugé trop bas le prix de vente de l’uranium et assuré qu’il ne ferait « aucun cadeau » à la multinationale. Quoi qu’il obtienne du gouvernement français, les terribles impacts environnementaux demeureront.

De nombreuses études indépendantes ont révélé les boues radioactives et les énormes masses de déchets radioactifs stockées à l’air libre, à proximité de la ville d’Arlit. La contamination radioactive contribue à la désertification et à l’assèchement des nappes phréatiques, sur fond d’exploitation des travailleurs (lire nos articles sur Areva au Niger), au sein d’un pays lourdement frappé par la pauvreté (et le FMI). Par cette déclaration, François Hollande se place dans les pas de ses prédécesseurs qui ont tous soutenu les efforts d’Areva pour assurer la sécurité d’approvisionnement en uranium de la France. Sans jamais respecter les droits des populations locales.

Notes

[1] Lire Areva en Afrique, de Raphaël Granvaud, Editions Agone.

Sophie Chapelle, Basta Mag, 12 juin 2012

Europe Ecologie Les Verts se terrent !

Sans doute, impressionnés par le nombre considérable d’antinucléaires radicaux venus leur rendre visite (une petite dizaine), ou bien serait-ce plutôt par leur détermination ? (voir photos jointes), jeudi matin 7 juin, les bureaucrates d’EELV ont fait portes closes et lumières éteintes. Les deux accès de leur siège parisien étaient fermés, aucune réponse à l’interphone, aucune réponse aux interpellations par porte voix, ligne téléphonique aux abonnés absents, aucune réponse aux tocs tocs sur la porte. Pourtant en regardant à travers les portes vitrées on voyait bien qu’au loin les salariés/bureaucrates s’activaient pour la campagne des législatives à quelques nouvelles renonciations, compromissions sur le dos des vrais antinucléaires…

Belle preuve de courage politique !

Coordination Stop-Nucléaire, pour l’arrêt immédiat, inconditionnel et définitif du nucléaire. stop.nucleaire@yahoo.fr www.coordination-stopnucleaire.org

P.S. Hollande prône la coopération sur l’uranium avec le Niger et Cécile Duflot, elle dit quoi ?

Pourtant nous avions mis les formes pour rencontrer des « responsables » d’EELV et les questionner sur leurs positions sur le nucléaire, voir ci-dessous notre courrier et la lettre recommandée AR qui fut aussi doublée par une remise en main propre de cette lettre au siège d’EELV.


Rassemblement antinucléaire au siège d’Europe Ecologie Les Verts

Bonjour,

Par courrier RAR du 11 avril 2012 et remise en mains propres, nous avions sollicité un rendez-vous avec des représentants d’EELV à Paris, afin de leur demander une clarification de leur positionnement sur l’arrêt du nucléaire en cas de participation au nouveau gouvernement.

Nos demandes de rendez-vous sont restées sans réponse.

Aujourd’hui EELV fait partie de ce nouveau gouvernement formé par François Hollande, partisan du nucléaire dans le mix énergétique français et de la poursuite des projets garantissant la pérennité de la production électro-nucléaire pour les décennies à venir (projet EPR).

Durant les présidentielles, vous avez persisté dans le discours que vous tenez sans obtenir aucun résultat depuis plus de 30 ans : la sortie progressive du nucléaire, c’est-à-dire sa prolongation programmée. Ce ne sont que des renoncements sur ce sujet qui ont accompagné le parcours de votre formation politique (extension de Melox, « laboratoire » de Bure, Iter, vote au Parlement Européeen sur le nucléaire dans le mix énergétique…)

Votre programme pour les législatives de juin 2012 atteint un nouveau degré de renoncement clairement affiché. Il s’agit pour vous de « désintoxiquer nos pays des énergies fossiles et du tout nucléaire », reprenant la formule du Parti Socialiste durant la campagne présidentielle, légitimant de fait la part du nucléaire dans le mix énergétique français.

Vous n’avez pas souhaité donner suite à notre proposition de dialogue. Nous nous inviterons donc le jeudi 7 juin à partir de 11h devant votre siège parisien. Une mouvance antinucléaire radicale existe qui compte bien se faire entendre pour l’arrêt immédiat, inconditionnel et définitif du nucléaire.

Les dangers de cette industrie sont effroyables et vous en êtes parfaitement conscients. Lors de la prochaine catastrophe, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas.

Antinucléairement vôtre,

Coordination Stop-Nucléaire, pour l’arrêt immédiat du nucléaire.

http://www.coordination-stopnucleaire.org


Paris, le 11 avril 2012

COURRIER RAR Les Verts Paris 247, rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris

Coordination Stop-Nucléaire …

A l’attention de Mesdames Cécile Duflot et Eva Joly

Mesdames,

 

Même si votre partenaire, le Réseau Sortir du Nucléaire, épargne votre formation dans son classement des partis politiques candidats aux élections présidentielles, nous, Coordination Stop-Nucléaire, pour l’arrêt immédiat, inconditionnel et définitif de cette industrie, souhaitons d’emblée vous faire part de notre désaccord sur vos analyses et propositions dans ce domaine.

Déjà en novembre 2009 nous avions noté avec stupéfaction le vote au Parlement Européen de tous vos députés (moins un) et sous couvert de « sauver le climat », du texte entérinant l’extension « du marché carbone mis en place en Europe à l’ensemble de la planète » et comprenant une résolution dont le terrible paragraphe 36 ci-dessous :

36. souligne que le passage, à l’échelle internationale, à une économie à faible intensité de carbone conférera à l’énergie nucléaire un rôle important dans le bouquet énergétique à moyen terme ; souligne toutefois que les questions relatives à la sûreté et à la sécurité du cycle du combustible nucléaire doivent être abordées de façon adéquate à l’échelle internationale afin de garantir un niveau de sûreté aussi élevé que possible ;

Ne revenons pas sur Dominique Voynet, Ministre verte à l’Environnement et à l’Aménagement du Territoire signant l’extension de l’usine Melox, productrice de MOX, et signant l’installation à Bure d’un « laboratoire » d’étude du stockage des déchets radioactifs.

Ne revenons pas sur le désormais tristement célèbre compromis des Verts siégeant au conseil Régional PACA « 1 euro pour ITER, 1 euro pour les renouvelables », ni sur la déclaration toute récente d’Yves Cochet demandant uniquement que « l’incident » de Penly fasse l’objet d’un reclassement sur l’échelle INES, sans aucune remise en cause publique des dangers induits par ces « incidents précurseurs ».

Certes, vous vous êtes rendues à Fukushima, pour en revenir, comme nombre de vos élus, « scandalisées » par ce que vous y avez vu et entendu, et pourtant, pourtant, rien de cette tragédie humaine n’a pu faire bouger les lignes de vos propositions pour une sortie progressive du nucléaire à horizon 2031, voire plus au gré des négociations avec vos futurs partenaires.

Si nous sommes « scandalisés » par la catastrophe de Fukushima, et nous l’étions déjà par celle de Tchernobyl, nous le sommes aussi par votre hiérarchisation des risques inhérents à une prolongation programmée de cette industrie. En quoi vos critères peuvent-ils bien consister, alors que vous savez, vous qui soi-disant avez la lutte antinucléaire dans votre ADN, que l’accident pourra frapper là où il sera le moins attendu ?

Les conséquences dramatiques de la catastrophe nucléaire, nous les connaissons tous, et bien entendu vous aussi. Se réfugier derrière le réchauffement climatique et l’hypothétique croissance des énergies renouvelables pour esquiver l’imminence du danger nucléaire nous semble particulièrement irresponsable pour ceux et celles qui détiennent l’essentiel de la scène médiatique sur ce sujet en ces temps électoraux.

Pour toutes ces raisons, nous souhaiterions vivement vous rencontrer dans la semaine précédant le premier tour de l’élection présidentielle pour discuter avec vous de votre positionnement précis et en particulier des compromis que vous pourriez être amenées à négocier, ou avez déjà négociés, avec votre partenaire le Parti Socialiste pro-nucléaire.

Nous nous permettrons de nous mettre en contact avec votre secrétariat dans le cas où vous ne jugeriez pas important et urgent de répondre à ce courrier.

Dans l’attente de vous rencontrer, veuillez croire en nos salutations antinucléaires et déterminées.

I… T… Pour la Coordination Stop-Nucléaire

Indymedia Paris, 12 juin 2012


[Poitiers] « Marginaux » pour qui ?

Une fois n’est pas coutume, deux articles bien dégueulasses sur les « marginaux » du centre-ville de Poitiers sont parus ce matin dans la presse quotidienne régionale. Il s’agit de personnes – avouons-le, pour la plupart des potes-ses – n’ayant pas toujours les signes extérieurs de la réussite sociale, qui passent du temps ensemble, dehors dans la rue, et qui discutent volontiers avec qui veut bien se joindre à elles pour passer un bon moment, partager les galères et les bons plans, rire, boire un coup et pourquoi pas, refaire le monde.

Voilà qui est insupportable pour les chantres d’un centre-ville charcuté par l’opération « coeur d’agglo », aseptisé de toute relation qui ne passe pas par leur magnanime autorisation. Tout bon citoyen se doit de passer par l’octroi de quelques pièces de monnaie pour échanger avec les autres : payer son parking ou son ticket de bus d’abord, boire un coup ensuite, mais à condition de le faire assis  dans le périmètre de la terrasse d’un limonadier pour l’aider à payer sa patente à la mairie (ou d’être membre de la confrérie des alcoolo-machos Bittards, à qui l’on remet les clés de la mairie, car c’est la tradition).  Se loger oui, à condition de ne pas occuper l’un des nombreux logements vacants d’une mafia immobilière, et d’avoir un travail d’esclave docile pour payer le loyer. Se promener oui, mais selon le parcours touristique des rues pavées de coeur d’agglo, à l’ombre des enseignes marchandes et des affiches publicitaires, l’esprit disponible à l’achat ou à l’esclavage salarié, le porte-monnaie généreusement ouvert. Faire la fête oui, mais à l’occasion des journées du calendrier « culturel » décrété par la mairie. Utiliser les salles municipales oui, à condition d’avoir une étiquette d’association subventionnée déclarée en préfecture, ou de se présenter aux élections citoyennes. Diffuser des tracts oui, à condition de ne pas mettre le mot anarchiste dedans. Manifester oui, mais à condition de demander un coup de tampon du préfet, d’exprimer des demandes aux « élu-e-s du peuple », et de poser tout sourire pour les caméras des bons vigiles en uniforme bleu marine.

Opération « peace maker » sur coeur d’agglo 

Entre la convivialité et les bons moments d’un côté, et la volonté de transformer le centre-ville en dispositif marchand, où seuls les vendeurs-euses et les consommateurs-trices sont admis-es, le choix est vite fait pour les pouvoirs locaux (préfet, flics, mairie, journalistes…).

Ces pouvoirs qui prétendent décider à notre place de tout ce qui doit se passer sur l’espace où nous vivons et qu’ils désirent contrôler, réclament toujours plus de répression de nos mouvements, de nos activités et de nos relations. C’est cette volonté mortifère qui se traduit dans les pavés carrés de coeur d’agglo, dans les rubriques carrées des torchons de la presse locale, dans les façades carrées des institutions de pouvoir, dans les sucettes carrées de Decaux. Cette volonté morbide de tout enfermer, qui relaie la complainte des marchands et des flics, alors même que ne cesse de s’intensifier le harcèlement policier (contrôles d’identité des mêmes, plusieurs fois par jour ; flicage de l’assistance sociale, des juges et autres services d’insertion et de probation  ; arrestations suivies de gardes à vue voire de peines de prison). Cette « purification sociale » est dénoncée entre autres par Démocratie réelle maintenant 86, par le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux, par le DAL 86… mais leur voix est évidemment ignorée ou calomniée par la presse et la mairie. La  propagande des croquemorts en uniforme, en écharpe tricolore ou à carte de presse, a de beaux jours devant elle, si nous ne réagissons pas ensemble pour occuper les lieux où nous vivons ensemble.

Pavillon Noir, 12 juin 2012

La présence des marginaux agace les commerçants

La tension monte chez les commerçants du centre-ville face à la présence de plus en plus forte de marginaux sur fond d’alcool et de chiens qui divaguent.

Les commerçants du centre-ville de Poitiers sont déboussolés et de plus en plus agacés. La présence accrue de groupes de marginaux escortés de leurs chiens sur la voie publique concentre les critiques.

A chaque pas-de-porte, entre la place Notre-Dame et l’îlot des Cordeliers, c’est le même refrain qui revient en boucle. En centre-ville, c’est le sujet qui fâche. Et en mairie, c’est le casse-tête qui fait phosphorer.

«  Les arrêtés municipaux, qui les applique ?  »

« Certains soirs, on se retrouve avec dix personnes et leurs chiens qui sont juste à côté de la terrasse. Les personnes mendient, agressent verbalement les clients qui ne veulent pas donner. J’ai constamment des dégradations sur ma terrasse le vendredi matin et le samedi matin. Je suis même obligé d’attacher les pots de fleurs », réagit Damien Chevalier, du bar le Picto. « Le soir, ils font fuir la clientèle. Les vendeuses qui travaillent aux Cordeliers, préfèrent aller prendre le bus à Boncenne plutôt que de tomber sur eux à Notre-Dame. C’est un vrai problème, on le ressent clairement sur notre activité. » Un peu plus haut, rue des Cordeliers, le coiffeur Éric Soulard à l’enseigne «  Différence  » s’énerve contre ces groupes qui déambulent bière en main dès le matin. « En fin de journée, ils sont dans le square ou juste devant et ils bloquent le passage, les chiens divaguent et ils demandent de l’argent. Tout le monde est gêné. Je reviens de Bordeaux, ils n’en sont pas là. Je croyais qu’il y avait des arrêtés municipaux à Poitiers (1). Qui est-ce qui les applique ? » « J’aimerais bien savoir combien de procédures sont dressées pour ivresse publique ? », renchérit un voisin en rappelant les différents arrêtés anti-alcool pris par le maire de Poitiers. Des patrons de bar s’énervent carrément d’avoir eu à subir les foudres de procédures visant leur commerce ou leurs clients quand, dans le même temps, d’autres pourraient s’alcooliser tranquillement sur la voie publique. Les autorités contestent qu’il y ait le moindre deux poids deux mesures en la matière. Au tabac presse le Brazza, Philippe Desbourdes, enregistre lui aussi une baisse d’activité le soir. « A partir de 19 h, on a beaucoup moins de monde à cause de leur présence. Là où on faisait cent clients en une heure, entre 19 h et 20 h, on n’en fait plus que quarante. Nous, en plus on habite au dessus. On ne dort pas la nuit. C’est souvent des bagarres, ils tapent dans les grilles, ça déclenche l’alarme. Et les gens qui n’osent plus rentrer dans Notre-Dame parce qu’ils restent tout le temps devant l’entrée. » En plus des démarches individuelles de commerçants excédés, la Fédération des acteurs économiques a écrit au maire pour demander l’organisation d’une réunion. Elle doit avoir lieu très prochainement.

(1) En 2008, Alain Claeys étendait l’arrêté interdisant la consommation d’alcool sur la voie publique. Elle est sanctionnée par une amende de 11 €. Fin mai 2012, c’est la vente d’alcool à emporter, après 21 h, qui était interdite.

Nouvelle République, Emmanuel Coupaye, 12 juin 2012

La mairie cherche la bonne réponse

Si la question du rassemblement des marginaux en plus grand nombre agace les commerçants, il embarrasse aussi la Ville. « Il nous faut trouver un juste milieu », concède Jean-Claude Bonnefon, conseiller municipal délégué à la tranquillité publique. « On nous a reproché il y a quelques années qu’il y avait trop de policiers, et maintenant on serait laxistes ! » L’élu réfute le sentiment exprimé par les commerçants, selon lequel les policiers municipaux ou nationaux ne feraient rien contre les groupes de chiens qui divaguent ni contre la consommation répétée d’alcool sur la voie publique. Deux infractions qui tombent sous le coup d’arrêtés municipaux. « On discute en permanence de cette question en ce moment avec la police mais aussi avec la préfecture. Une réunion interne est prévue jeudi en mairie avec la police, les services sociaux… Elle était déjà programmée avant que la FAE nous écrive. J’ai demandé une note au CCAS pour savoir d’où viennent toutes ces personnes car, ce qui est certain, c’est qu’ils sont beaucoup plus nombreux. » Quelle réponse apporter à la situation actuelle ? « On va voir. Je ne dis pas qu’il ne se passe rien. Il faut peut-être accentuer les patrouilles. A un moment, c’est sûr, on ne peut plus être dans le traitement social. »

Nouvelle République, 12 juin 2012