Les métiers haïssables

NdPN : aujourd’hui la liste des boulots de merde est si longue, vues l’emprise du capitalisme sur la nature même de la production, sans parler des rapports tout-marchands, qu’on en viendrait plutôt à vouloir abolir tous les boulots…

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Les métiers haïssables

Un camarade, lors d’une conversation exprimait ses difficultés de syndicaliste devant l’attitude d’autres syndicalistes à propos du mouvement pour les retraites.

En effet, il nous rapportait :

« L’un d’entre eux m’avoua que la mobilisation fut très difficile dans son secteur car son entreprise propose, vend des produits se substituant à des retraites défaillantes, car minées par les différentes réformes. Et les collègues ne voyaient pas comment ils pouvaient d’un côté lutter pour défendre les retraites et de l’autre faire leur travail de vendre ces produits qu’ils disaient remplacer haut la main les retraites actuelles. »

Puis, il mentionnait plus loin :

« Quand il s’est agi de mobiliser contre les essais de missiles à tête nucléaire au Centre d’essai des Landes, des syndicalistes d’un autre secteur nous ont demandé de ne pas soutenir cette mobilisation, car c’était leur emploi qui était en jeu. »

Ce qui a conduit ce camarade à réfléchir sur un renversement des valeurs :

« Avant, on adhérait à un syndicat et on avait un contrat (de travail) avec une entreprise ou un patron. Le syndicat avait un projet de société, des valeurs, des idées et combattait en leur nom. Le patron exploitait la force du travailleur et le payait plus ou moins bien pour cela. Mais c’était avant ! »

« Maintenant, les entreprises ont des projets de société, affirment avoir des valeurs et les travailleurs sont appelés collaborateurs et on leur demande d’adhérer aux valeurs de l’entreprise. Par contre, des travailleurs, quand ils prennent encore la carte à un syndicat, le font de plus en plus nombreux comme s’ils passaient un contrat avec une assurance en attente d’un service en retour. »

Le camarade en concluait que « les syndicats ne semblent plus portés par un projet de société, les travailleurs ne voient plus ce projet, à peine voient-ils la défense au quotidien de l’emploi, voire du salaire. Trop rarement le syndicalisme porte-t-il critiques ou réflexions sur le sens du travail effectué et propose-t-il des “reconversions” pour orienter le travail dans une autre direction plus conforme à leur projet de société, à leurs systèmes de valeur. Le syndicalisme paye ainsi la prédominance d’une analyse marxiste, réduite d’ailleurs à sa plus simple expression, avec la bataille pour le partage de la plus-value et la hausse des salaires, comme revendication quasi unique pendant longtemps. Ainsi, l’exploitation salariale a été réduite au seul salaire, le temps de travail, les conditions de travail et y compris l’objet du travail sont aussi des enjeux du combat syndical et restent trop négligés. »

Les deux exemples que donnait le camarade portaient sur des activités que Sébastien Faure aurait qualifiées de plus ou moins blâmables, voire de « haïssables » ; d’où le titre de ma chronique.

« Les métiers haïssables », c’était un des thèmes parmi de nombreux autres lors des conférences de Sébastien Faure prononcées vers les années 1920 et dont on peut d’ailleurs se procurer les textes aux éditions Tops/H. Trinquier. Le titre en est Propos subversifs (1921), édité en 2009.

Le propos de Sébastien Faure paraîtra peut-être un peu daté dans la forme mais, sur le fond, il parle juste. Pour notre Sébastien sont « métiers haïssables » ceux qui défendent, consolident et fortifient le régime actuel. Il cite surtout le prêtre, l’officier, le magistrat, le policier, le gouvernant, le patron et le « jaune » (à vrai dire, ce dernier n’est pas à proprement parler un métier). Si pour Faure certaines autres professions sont nobles ou méprisables, utiles ou malfaisantes, c’est suivant la façon dont elles sont pratiquées ; et il cite le journaliste, le médecin ou l’avocat.

Sébastien Faure ne connaissait pas les missiles à tête nucléaire ni les produits financiers mais il posait la question de savoir quels sont « les métiers que tout militant socialiste, syndicaliste libertaire doit fuir et refuser d’exercer ». Il explique que ce qui caractérise ces métiers, c’est qu’ils disparaîtront une fois la révolution accomplie ; mais il disait encore autre chose, c’est que nous ne sommes pas obligés de les exercer, ces métiers. Cependant Sébastien Faure rajoute :

« Je hais le métier qu’exercent certains hommes […] mais je ne hais pas ceux qui les exercent. Je condamne et méprise les fonctions qu’ils pratiquent, mais je ne condamne ni ne méprise les individus. »

Il n’empêche, à propos du questionnement de notre camarade, il est clair que nous sommes là devant des exemples de consentement à la guerre, d’acceptation du capitalisme et de soumission au régime social ; en bref, des exemples de servitude volontaire ; et que ceux qui font ces métiers haïssables ne peuvent être nos amis. Ils seraient, en quelque sorte, plutôt nos ennemis. Ennemis sans doute pervertis et achetés par ceux qui nous gouvernent.

Cependant, le camarade concluait sa chronique par une exhortation :

« C’est à un renversement complet que nous, anarchistes, appelons, avec la mise en avant de valeurs sociales, et un syndicalisme qui reconsidère l’urgence d’un nouveau projet de société. Le syndicalisme doit être secoué pour réagir avant que ne surviennent des événements dramatiques. »

Nous acquiesçons, bien sûr.

S’il n’est au pouvoir de personne de changer seul la société, il est au pouvoir de chacun − et c’est un minimum − de refuser certaines tâches, certains métiers, certaines professions indignes.

Dans son petit ouvrage La Journée des barricades (L’Insomniaque éd.), le cardinal de Retz écrit : « J’avais toute ma vie estimé les hommes plus par ce qu’ils ne faisaient pas en de certaines occasions que par tout ce qu’ils eussent pu faire. »

Vu sur le blog du Cercle Libertaire Jean Barrué (FA 33), 3 décembre 2013

[86] Chambre d’agriculture, désastre social et écologique

NdPN : les FNSEA, Coordination rurale et JA, pas franchement marquées à gauche pour employer un euphémisme, imposent toujours leur contrôle sur le monde agricole, toujours plus bousillé par un agro-business destructeur de paysannerie, d’autonomie et d’environnement. La chambre d’agriculture de la Vienne poursuit une politique à l’image de son président, issu de la FNSEA. L’article qui suit, paru aujourd’hui dans la NR et dont nous avons grassé les passages les plus croustillants, se passe de commentaires…

Des agriculteurs soudés par quatre motions

La nouvelle équipe de la chambre d’agriculture a planché sur le taux de la TVA, la lutte contre la contrefaçon, la fiscalité et les directives “ nitrates ”.

Le nouveau président de la Chambre d’agriculture de la Vienne élu au printemps dernier, Dominique Marchand, et sa nouvelle équipe ont présenté aux 46 membres des 10 collèges la mise en œuvre des priorités pour 2013 mais aussi les orientations pour 2014 avant d’entamer la présentation exhaustive de la PAC 2015-2020 (politique agricole commune).

Dans un premier temps de réflexion, les représentants des différents collèges ont proposé quatre motions. Deux présentées par la Coordination rurale mais votées à l’unanimité sur le maintien de la TVA à 7 % au lieu de 20 % pour la filière équine. Et sur la proposition de loi relative à la lutte contre la contrefaçon (« La loi de 2011 autorise la reproduction des semences moyennant une CVO – Cotisation volontaire obligatoire ; il s’agit d’une contribution versée aux semenciers pour financer la Recherche. Cette nouvelle loi pourrait entraîner la destruction totale des semences d’un exploitant qui utiliserait ses propres semences. ») Les deux autres motions concernent la fiscalité (FNSEA) et les directives « nitrates » (FNSEA et JA). Là encore, ces deux motions ont recueilli un maximum de voix. « Il y a un ras-le-bol et ça se voit à travers cette convergence de points de vue. Nous demandons une pause fiscale et sociale », expliquent Dominique Marchand, président et François Philippe, directeur de la Chambre d’agriculture. En ligne de mire les charges, la fiscalité, les retraites, l’écotaxe… Mais aussi les normes environnementales avec notamment le 5e programme « nitrates » applicable à l’automne 2014. « Ces mesures sont très contraignantes avec notamment des restrictions de plus en plus importantes sur le calendrier d’épandage qui ne prend pas en compte les aléas climatiques. » Autre grand volet incontournable, la réforme de la PAC. « L’impact sur l’agriculture départementale sera important, assure Dominique Marchand. Cette réforme se présente comme une aide orientée vers l’élevage mais nous sommes dans une région intermédiaire avec des exploitations qui couplent polyculture et élevage. Ce qu’ils vont gagner d’un côté, ils le perdront de l’autre. Leur salut passera sûrement par la création de richesses ou de valeur ajoutée. » Des pistes ont été avancées en ce sens.

Marie-Laure Aveline, Nouvelle République, 4 décembre 2013

[Poitiers] Grève des salarié-e-s de Socotec

Les  » Socotec  » en grève pour la première fois

Leader dans le contrôle technique en bâtiment, le groupe “ Socotec ” qui compte sept agences dans la région a connu sa première grève en soixante ans.

Dans les archives des mouvements sociaux poitevins, inutile de chercher à la lettre S, le groupe Socotec. Jusqu’à hier, pas le moindre débrayage ou grève n’avait été organisé au sein de ce groupe créé, il y a 60 ans ! Pourtant ce spécialiste du contrôle technique dans le secteur du bâtiment (construction-réhabilitation), qui compte 5.000 salariés dont 4.400 dans l’Hexagone a connu son premier mouvement de grève, hier. En cause la nouvelle politique salariale de la direction.

L’appel a été lancé au plan national par l’intersyndicale CFE-CGC, CFDT, CFTC et CGT. Il concernait les 200 agences du groupe, dont les sept implantées dans la région Poitou-Charentes et Limousin. Lesquelles comptent au total 87 salariés. C’est à la Socotec Poitiers que les salariés grévistes avaient décidé de se rassembler. Hier en début d’après-midi, ils étaient une trentaine. 65 % des effectifs (selon les syndicats), « un tiers » selon la direction, ont suivi le mouvement dénonçant la remise en cause de certains de leurs acquis sociaux au 1erjanvier 2015 et contre laquelle, ils ont entamé une procédure à Saint-Quentin-en-Yvelines, siège de la société. « La Socotec est sous le régime de la convention collective du Bâtiment et la direction ne veut plus appliquer certains des accords de cette convention comme les salaires minimaux, comme le gel de la prime d’ancienneté. C’est-à-dire qu’un salarié nouvellement embauché n’aura jamais de prime ». Entre autres revendications, les salariés grévistes réclament aussi « le maintien des augmentations générales pour toutes les catégories ». Contacté, Philippe Grenier, directeur régional Poitou-Charentes et Limousin, a tenu à préciser qu’il n’a jamais été question « de sortir » de cette convention collective « très avantageuse », souligne-t-il par rapport au code du Travail. « Nous allons donc reprendre la même convention collective à l’exception de la prime d’ancienneté. Elle est gelée. » Ce mouvement d’une journée pourrait être suivi d’autres actions ont indiqué les grévistes. « On en décidera à l’issue du prochain comité d’entreprise qui aura lieu dans trois semaines. »

Nouvelle République, 3 décembre 2013

[Poitiers] Discussion sur la sexualité

Mercredi 4 décembre, à 20h au bar Le Plan B, repaire des AMG sur la sexualité. Entrée libre.

Depuis la nuit des temps, le désir est un terrain de jeu, la  sexualité le plus délicieux des divertissements, alors éclatons nous !  Repoussons toujours plus loin les limites de notre condition sexuelle.  La libération sexuelle, la vraie, l’achevée, n’a jamais été aussi  proche.
Pour notre plus grand bonheur, l’industrie du sexe brasse environ 100 milliards d’euros par an. Cybersexe, robots sexuels, orgasmes pour  tous…
Le sexe, arme de subversion massive ou dernier territoire colonisé  par l’esprit de consommation ? Venez en débattre sans aucun tabou !

Mail du groupe des AMG

[Poitiers] CHU : Tractage contre la nouvelle organisation du travail à l’Unité d’hospitalisation d’aval

NdPN : cette action fait suite à la grève du 26 novembre dernier.

CHU : l’intersyndicale au carrefour d’un conflit

Quelques dizaines de personnes du centre hospitalier universitaire de Poitiers ont distribué, ce matin, à quatre carrefours stratégiques de la ville situés à proximité de l’établissement hospitalier, des tracts. Ces derniers expliquaient les nouvelles organisations de travail imposées aux agents sans réelle concertation avec les représentants du personnel. Une référence à la mise en place de l’unité d’hospitalisation d’aval. Les salariés, recrutés dans ce service, n’ont pas été informés des 35 heures effectives qui ne généreront pas de jours de RTT. «Cette décision crée des personnels de seconde zone», a commenté une syndicaliste.

Dépêche Nouvelle République, 2 décembre 2013