[Saint-Ouen (93)] Quand la mairie Front de Gauche expulse un campement de 800 Roms

NdPN : voir aussi ce pdf, publié sur le même site.

Photo topée sur le site de BFMTV

Démantèlement du campement rrom de Saint-Ouen  – Quand « l’humain d’abord » rime avec « Valls d’abord » : la majorité Front de Gauche de Saint-Ouen expulse 800 Rroms

Flora Carpentier

Chose promise, chose due : les futurs habitants de l’éco-quartier des Docks de Saint-Ouen peuvent être rassurés, ils n’auront pas à craindre pour leurs poules. La maire s’est montrée ferme et a tenu ses engagements. Ce mercredi matin, vers 8 heures, plusieurs centaines de CRS ont été déployés pour évacuer le camp de Rroms de Saint-Ouen, mettant à la rue près de 800 personnes dont 400 enfants, alors même que le froid est déjà bien installé sur la région. Sur le qui-vive depuis plusieurs jours, certains habitants avaient quitté les lieux la veille de l’intervention, pour ne pas revivre la violence des expulsions. Car nombre d’entre eux l’ont déjà connue, leur installation dans cette zone industrielle désaffectée faisant suite auxexpulsions de terrains qui ont eu lieu cet été dans tout le département (Bobigny, Saint-Denis, La Courneuve, Aulnay sous Bois). Ces municipalités FDG ou PS se sont en effet appuyées sur l’offensive anti-Rroms de Valls pour « libérer » des terrains autour desquelsils développent de fructueux projets immobiliers. Pour les familles rroms, c’est l’incompréhension la plus complète. « Pourquoi font-ils ça ? Où va-t-on aller ? » : ces questions sont sur toutes les lèvres, d’autant plus que le campement compte de nombreux enfants en bas âge, y compris des nouveaux-nés. Le temps de prendre leurs poêles sous le bras et de ramasser quelques effets, et une fois de plus, c’est l’exode forcé sous le regard méprisant des CRS et des différentes personnalités venues se féliciter de l’opération devant les médias.


L’évacuation fait suite à un arrêté municipal en date du 21 novembre signé par Jacqueline Rouillon, maire Front de Gauche (FASE) de Saint-Ouen, ordonnant aux familles de quitter les lieux dans un délai de 48 heures, sous menace d’intervention des forces de l’ordre [1]. Le sort des habitants du campement aurait dû être vite réglé après les plaintes déposées par la SNCF et RFF, propriétaires des terrains, et les nombreux appels au préfet par la Mairie depuis l’été. Mais c’était sans compter sur leur capacité à organiser leur défense, avec l’aide d’un avocat de La Voix des Rroms. Celle-ci avait permis d’obtenir au tribunal de Bobigny le report de leur expulsion au 12 décembre, mais la mairie a estimé cette date trop lointaine et mis en œuvre un plan pour accélérer les choses.Il lui a suffi pour cela d’ouvrir une deuxième requête en justice avec ses alliés le préfet de Seine-Saint-Denis M. Galli, nommé par Valls en juin, et la SNCF, en profitant du fait que le campement était situé à cheval sur deux parcelles appartenant formellement à deux propriétaires fonciers distincts (RFF et SNCF). Afin d’obtenir satisfaction immédiate, cette deuxième coalition s’est alors bien gardée d’informer les principaux intéressés. Une manipulation juridique odieuse visant à couper court au droit de défense des familles rroms [2].

Par ailleurs, les raisons évoquées dans l’arrêté sont une liste de mensonges, dont des soi-disant difficultés d’approvisionnement par voie ferrée de la centrale thermique du chauffage urbain (CPCU), qui risquerait de laisser sans chauffage des hôpitaux et des crèches en plein hiver. En réalité la seule voie traversant le campement est hors d’usage depuis longtemps, et la centrale peut parfaitement être approvisionnée par camions [3]. La mairie mettait également en avant les risques encourus par les habitants du campement, mais ce discours soi-disant préoccupé pour les familles tombe à l’eau quand on sait qu’aucune solution de relogement, même provisoire, n’est proposée.

Car ce qui préoccupe véritablement la maire dans cette histoire, à l’approche des municipales, ce sont les plaintes des riverains qui viennent d’emménager dans les immeubles flambant neufs alentours, ainsi que les dégâts pour l’image que la ville souhaite renvoyer pour sonéco-quartierdes Docks en construction à quelques pas de là…

A côté de cela, quel devenir pour les familles expulsées ? Quelles solutions vont être proposées ? Personne n’en dit mot ! C’est autant de familles qui vont être condamnées à l’errance, sans accompagnement, sans suivi social, sans scolarisation des enfants. La seule vraie solution passerait par un plan d’urgence d’envergure nationale qui garantisse aux Rroms des droits élémentaires : régularisation pour ceux qui ne sont pas citoyens européens, scolarisation des enfants, gratuité des soins, logement décent, démarche effective d’insertion, au travers de structures à dimension raisonnable et réparties sur tout le territoire.

Le démantèlement du camp de Saint-Ouen répond strictement à la politique de Manuel Valls qui, ce même 27 novembre au soir, alors qu’Hollande se prépare à lancer une intervention impérialiste en Centrafrique, révélait à nouveau tout le cynisme, le racisme et la démagogie du gouvernement lors du meeting « contre le racisme et les extrémismes » du PS à Paris.

La lutte contre le racisme passe également par une lutte contre la politique raciste de ce gouvernement, par le combat pour la solidarité avec les populations rroms, pour leur offrir la possibilité de s’installer et de vivre dans des conditions décentes là où elles le souhaitent. C’est le message qui sera relayé à la manifestation antiraciste du 7 décembre à Paris à l’occasion du trentième anniversaire de la « marche des Beurs ».

27/11/13

Lutte Ouvrière et ses contradictions municipales

Comme dans d’autres communes du 93 qui ne chaument pas sur le front des expulsions à l’image de Saint-Denis, La Courneuve , Lutte Ouvrière fait partie de la majorité municipale de Saint-Ouen.

Dans un communiqué aussi bref qu’hypocrite, LO dit que « la police de Valls et de Hollande a démantelé, à Saint-Ouen (…) un des plus grands camps où vivent 800 hommes, femmes et enfants qui ont le malheur d’être des Roms. Forcés [euphémisme, dirions-nous… devant les matraques et les pelleteuses, on déguerpit rarement de bonne grâce…] d’abandonner leurs baraques de fortune, dans le froid, ils devront donc trouver un autre terrain vague pour se ‘reconstruire’ des abris autant que faire se peut. Défendre les intérêts des riches et s’attaquer aux miséreux, telle est la devise de ce gouvernement ».

Mais, camarades, qui a demandé aux flics d’intervenir, si ce n’est la majorité municipale « de gauche » à laquelle participe LOjusqu’à preuve du contraire ?

Défendre les intérêts des travailleurs et des classes populaires, c’est la devise des révolutionnaires. Et voter les budgets municipaux et couvrir les expulsions, c’est la devise de qui ?

[1] Pour en savoir plus sur la politique discriminatoire de la mairie Front de Gauche de Saint-Ouen envers les populations rroms depuis de nombreuses années, lire notre article « Quand une maire Front de Gauche en appelle à Valls pour démanteler un campement Rrom », F. Carpentier, 16/11/13, www.ccr4.org/Quand-une-maire-Front-de-Gauche-en-appelle-a-Valls-pour-demanteler-un-campement-Rrom

[2] « Saint-Ouen : la gauche plurielle enfin rassemblée dans la guerre contre les Rroms ! », La voix des Rroms, 27/11/13, www.millebabords.org/spip.php ?article24907

[3] Visionner à ce sujet le reportage « Polémique autour d’un campement de Roms en banlieue parisienne », 21/11/13, www.france24.com/fr/20131121-france-seine-saint-denis-saint-ouen-camp-roms-rff-evacuation-expulsion

Vu sur le site du Courant Communiste Révolutionnaire du NPA, 28 novembre 2013

[Brésil] Le gouvernement PT accorde des concessions pour l’exploitation des gaz de schiste

NdPN : contrairement à la France où les résistances ont (momentanément) fait reculer les gouvernements et les appétits capitalistes sur leurs projets d’extraction de gaz de schiste, le Brésil gouverné par le PT (Parti des Travailleurs) vient d’accorder des concessions en forme de désastre écologique. Parmi les entreprises qui ont acquis des permis (la majorité revenant à Petrobras, la sinistre compagnie publique brésilienne de l’énergie fossile), citons notamment GDF Suez, cette multinationale française qui a participé récemment au « Salon de la Croissance Verte » (défense de rire) à Angoulême, aux côtés du nucléariste EDF et d’autres entreprises productrices de bouses industrielles à taux élevé de profit, estampillées écolo-compatibles.

Le Brésil accorde des concessions de gaz de schiste, craintes pour l’environnement

Le Brésil a attribué jeudi des concessions pour l’exploitation de gaz naturel et de gaz de schiste, malgré les critiques de défenseurs de l’environnement sur les risques et le manque de réglementation sur ce type de production.

Un total de 72 bloc sur 240 ont été adjugés jeudi, dont 49 attribués à la compagnie publique brésilienne Petrobras. Ces enchères ont rapporté 165 millions de reals (environ 72 millions de dollars), selon l’Agence nationale du pétrole (ANP, publique).

Les adjudications devaient s’effectuer jeudi et vendredi.

Seulement quatre des compagnies étrangères qui étaient sur les rangs pour ces enchères se sont vu concéder des blocs: la Française GDF Suez, la Colombienne Petrominerales, la Panaméenne Trayectoria Oil y Gas et Geopark, des îles Bermudes, a détaillé l’ANP.

La dirigeante de l’ANP, Magda Chambriard, a souligné qu’il s’agissait de « semer la culture » de l’exploration et de l’exploitation de gaz naturel au Brésil.

La polémique porte principalement sur l’exploitation des gaz de schiste, dont l’extraction par fracturation hydraulique comporte de nombreux risques de pollution des nappes phréatiques en raison de l’usage de produits chimiques, en plus d’être très consommatrice d’eau.

La fracturation hydraulique « suscite une énorme polémique dans tous les pays, en raison de ses énormes impacts environnementaux, raison pour laquelle certains pays comme la France l’ont interdite. Aux Etats-Unis, où cette technique est employée, le nombre de plaintes pour pollution des eaux augmente », a dénoncé l’Institut socio-environnemental (ISA) brésilien.

Magda Chambriard a garanti que le Brésil préparait une réglementation environnementale sur l’exploitation de ces ressources.

AFP, 29 novembre 2013

Projet de livret professionnel universel : vers le contrôle total ?

NdPN : le vieux rêve de contrôle total de nos vies par les classes dominantes s’est récemment traduit lors d’une rencontre entre des représentants du patronat et des syndicats. Ils ont prôné en chœur un espèce de fichier universel traçant les individus dans leur parcours éducatif et professionnel, voire médical. Et cela, sous le prétexte grossier d’un rappel des droits en matière de formation et d’indemnisation… si ce projet donnait bien lieu à une sorte de « nouvelle carte Vitale » avec sa petite puce sur laquelle nous n’aurions aucun droit d’accès, ce serait un pas important dans le fichage croissant des individus. Alors certes, il y a un pas entre évoquer un projet et le mettre en œuvre ; mais le fait même qu’un tel ballon d’essai soit lancé dans la presse doit nous rendre d’autant plus vigilant-e-s sur le fait que l’étau du fichage généralisé se resserre.

Livret personnel scolaire puis « professionnel universel » : le cauchemar du CV forcé se précise !

Si l’on en croit le quotidien Ouest-France de ce lundi 25 novembre 2013 (page 4), , imposé aux enseignants par l’administration Sarkozy pour ficher les élèves. Sans aucun débat public ni consultation des familles.

Jusqu’à ce 25 novembre, il était facile de traiter de paranoïaques les trop rares instituteurs et professeurs qui redoutaient que ce fichage intime des élèves, avec leur réussites et leurs échecs soigneusement consignées et datés, niant leur droit élémentaire à l’oubli des erreurs de jeunesse, dressant un véritable portrait psycho-social et même parfois politico-idéologique et sanitaire, ne finisse par être utilisé en dehors de l’institution scolaire.

Et bien nous y voilà. Comme dans un cauchemar totalitaire, où l’individu marqué au fer rouge par un CV forcé ineffaçable serait indiscutablement affaibli et isolé face à des institutions connaissant tout de lui et face à des employeurs piétinant les droits jusqu’alors garantis par les conventions collectives.

Et bien, c’est justement ce qui a été prôné ce week-end de novembre par les participants aux Semaines sociales (un rendez-vous traditionnel de patrons et de partenaires sociaux).

Selon Ouest-France, sous la signature de Pierre Cavret, les participants y ont plaidé avec ardeur pour « un livret professionnel universel (LPU) ».

Certes, il y a pour cette innovation un prétexte plein de bon sentiment : cette « carte Vitale de l’emploi » (ce sera donc un outil numérisé, propice à toutes les interconnections avec les fichiers de santé, de police, du Pôle emploi…) « récapitulerait les droit généraux dont tout travailleur peut bénéficier en matière de formation et de d’indemnisation ». Fort bien !

Mais est-il nécessaire pour cela de ficher l’ayant droit sur une puce électronique à laquelle il n’aura pas accès ? Si ce n’est pour ce véritable motif, que révèle Ouest-France sans ambages : Pour chaque futur travailleur, « cette carte permettrait aussi de regrouper les informations relatives à ses connaissances acquises par l’éducation, la formation et l’expérience professionnelle ».

C’est donc le retour au fameux « livret ouvrier » que le XIXème siècle imposait aux « classes dangereuses ». Mais un livret informatisé infiniment plus inquisiteur et infiniment plus redoutable.

Et dire qu’il s’est trouvé des syndicalistes pour approuver cette incroyable régression.

Nous sommes devant une violation sans précédent des droits des enfants et des futurs jeunes travailleurs. Nous sommes également devant la rupture éthique du pacte éducatif : pour la première fois depuis l’invention de l’école républicaine, les enseignants vont travailler non pas à l’éducation qui élève, qui responsabilise et qui émancipe, mais au fichage secret qui trahit la confiance, qui stigmatise, qui gère les flux de population comme ceux d’un bétail vers le meilleur triage des destins personnels. Aux uns les carrières favorisées, aux autres les destins précaires assignés dès l’enfance…

« Alertez les bébés ! » Ou bien en tous cas ceux qui devraient défendre leurs droits : les associations de parents, les syndicats, les défenseurs de droits de l’homme, les journalistes, sans parler des parlementaires attachés aux idéaux de la gauche, de la Résistance et de la démocratie.

Vu sur le blog de Lucky (sur le site du Monde), 26 novembre 2013

[Poitiers] Soirée de soutien aux étudiant.e.s étranger.e.s

Soirée de soutien aux étudiant.e.s étranger.e.s

affiche-web Soirée de soutien aux étudiant.e.s étranger.e.s avec concert (Reggae, Rap)/ bouffe / info organisée par l’Antenne universitaire du RESF86 (Réseau Education Sans Frontières).

Au programme : de l’info, à boire et à manger, et de la musique avec V’dit:strict (reggae), Gee (guitare) et Dynastik (rap). Entrée libre et gratuite.

Depuis 2009 l’antenne universitaire RESF défend les étudiants étrangers empêchés de poursuivre leurs études, harcelés administrativement, judiciairement, et parfois, expulsés.

À chaque rentrée universitaire de nombreux étudiants sont victimes des décisions préfectorales :

– refus de renouvellement de leur titre de séjour,

– harcèlement administratif,

– paiement répétitif de sommes d’argent considérables,

– dysfonctionnements permanents qui ne permettent pas la poursuite sereine des études.

De nombreux étudiants sont ainsi poussés dans la précarité, dans l’illégalité, et menacés d’expulsion.

Cette situation locale n’est que la concrétisation d’une politique nationale xénophobe, qui fait des étrangers une menace, et des étudiants une population suspecte, à sélectionner.

L’antenne universitaire est formée d’étudiants et professeurs, étrangers et français. Nous partageons nos connaissances afin de soutenir les étudiants en difficultés, les accompagner dans leurs démarches et empêcher les expulsions. Nous exigeons la fin de cette politique de harcèlement et le droit à poursuivre ses études, quelles que soient son origine, sa nationalité, son milieu social.

Rejoignez nous !

Vu sur Antenne Universitaire du RESF 86

La vocation à s’intégrer

Vocation

Vous voulez rire? OK, je cède. Un chercheur a retrouvé un courrier d’un élu de Nantes datant de 1853, adressé au président du conseil. Ce monsieur se plaint de l’invasion de sa bonne ville par des Bas Bretons tout ce qu’il y a de plus incivils ! Mais là où c’est drôle, ce sont les termes et les arguments employés par le bonhomme. « Les Bas Bretons sont sales, illettrés, inadaptés aux métiers modernes » et tenez-vous bien : « Ils n’ont pas vocation à s’intégrer ». Le député termine en proposant une aide au retour dans les régions d’origine qui doivent, d’après lui, être aidées. Voilà! Ca vous rappelle quelque chose?

Eh oui, les cons sont éternels.

Etienne Liebig

Apparu dans Le Monde Libertaire supplément gratuit N#40. Le document entier ici: Un manifeste de 1851 contre les immigrés bretons

Vu sur le blog du groupe Nord-Ardèche de la FA, 27 novembre 2013