Un nouveau décret sur la pub offert aux annonceurs : « jusqu’à 30 % de chiffre d’affaires supplémentaire »

Décret sur les panneaux publicitaires : les afficheurs sont les grands gagnants !

Le décret qui modifie la réglementation de l’affichage publicitaire, en application de la loi « Grenelle II », vient d’être publié. Au lieu d’améliorer la situation qui est celle des entrées de villes, le décret ouvre la porte à une aggravation de la pollution visuelle.

Un décret élaboré en catimini

La consultation publique, qui avait mobilisé sept mille citoyens et associations en grande majorité favorable à une meilleure protection des paysages, s’est terminée en mars 2011. Ce n’est pourtant que le 31 janvier 2012 que le décret a été publié au journal officiel. En effet, pendant ce long délai de dix mois, le décret a été profondément remanié pour tenir compte des doléances des sociétés d’affichage publicitaire. Selon le Canard enchaîné du 1er juin 2011, c’est d’ailleurs l’afficheur JCDecaux qui a « littéralement tenu le stylo » du ministère de l’Écologie ! France Nature Environnement et Agir pour les paysages n’ont pas été tenues informées.

Ceci au moment même où France Nature Environnement vient, dans le cadre de « l’Appel des 3 000 », de demander qu’un nouvel élan soit donné à la démocratie par le biais notamment d’un véritable dialogue environnemental. Pour Raymond Léost, secrétaire national de France Nature Environnement : « Le décret sur l’affichage publicitaire, finalement rédigé avec les seuls professionnels concernés, va directement à l’encontre du dialogue environnemental attendu par les citoyens. »

Un tiers de chiffre d’affaires supplémentaire pour les afficheurs !

Alors que Nathalie Kosciusko-Morizet a déjà dénoncé « l’effet dévastateur sur le paysage de la prolifération des panneaux publicitaires » et que Frédéric Mitterrand s’insurgeait récemment contre « les abords de ville dénaturés et bardés d’enseignes et de constructions sans ambition esthétique », ce décret ne devrait apporter aucune amélioration.

Les panneaux publicitaires de grand format scellés au sol sont ainsi conservés, tandis que de nouvelles possibilités d’implantation sont offertes aux sociétés d’affichage publicitaire. Tel est le cas des bâches publicitaires qui pourront recouvrir intégralement les immeubles, mais aussi les écrans vidéo, source de pollution visuelle, de nuisances lumineuses et de gaspillage énergétique, qui pourront atteindre pas moins de 50 m².De l’aveu même du ministère de l’Écologie, le taux de dispositifs devant être démontés sera « très faible », tandis que les nouvelles possibilités offertes aux afficheurs leur permettront de réaliser jusqu’à 30 % de chiffre d’affaires supplémentaire ! Enfin, les rares mesures protectrices du paysage n’entreront en vigueur au mieux que le 1er juillet 2014.

Pour Cyril Ronfort, président d’Agir pour les paysages : « À l’heure où 4 Français sur 5 jugent la publicité envahissante, le gouvernement a pris le parti d’aggraver la pollution visuelle au lieu de l’endiguer. »

France Nature Environnement et Agir pour les paysages étudient à présent l’opportunité de déposer un recours contre le nouveau décret.

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France Nature Environnement, 6 février 2012

Le parfait manifestant – par une anonyme du Val de Suse

Le parfait manifestant

Depuis le temps que des générations de militants cherchent un manuel de bonne conduite en manif, on ne peut que saluer le texte de cette anonyme du Val de Suse, publié très récemment dans le journal italien « Invece ». En 20 points, tous les fondamentaux sont abordés, de l’habillement (fleuri, de préférence) aux slogans (sympathiques, c’est mieux). Une Bible, pas moins…

Rédigé par une dame italienne très respectable et nullement excitée, le texte qui suit est une réaction aux délires politico-médiatiques qui accompagnent la répression du mouvement « No-Tav », en lutte contre l’entreprise politico-mafieuse qui vise à détruire un peu plus le Val de Suse (TAV est l’acronyme italien de « train à grande vitesse »). 21 personnes sont encore en prison à la suite de la rafle opérée le 26 janvier en liaison avec les bagarres du 3 juillet (une manif avait marché jusqu’aux grillages protégeant le fortin de la police édifié là où devrait commencer le chantier)1.

***

Le parfait manifestant

1. Il ne DOIT pas s’habiller en noir ou en marron foncé ou en bleu marine (on ne sait jamais).

2. Il doit marcher de manière digne et/ou danser, sautiller, faire la ronde (mais il ne faut PAS que tout le monde se couche par terre… ça gênerait la progression du cortège).

3. Il doit lancer des slogans créatifs, ironiques, sympathiques. Rimés ou sous forme de sonnets, c’est encore mieux.

4. Dans les slogans, il ne doit pas faire référence à des situations antipathiques, blessantes envers les forces de l’ordre, ni faire allusion même vaguement à d’imaginaires désagréments. Les slogans agressifs sont l’antichambre du blacklockage.

5. Il vaut mieux que les manifestants défilent en costume de petit cochon, de Cendrillon, de Donald, etc., de manière à ce que tout le monde s’amuse. Si la manif ressemble à un carnaval, personne ne s’inquiètera.

6. Le bon manifestant doit aider les vieilles dames à traverser la rue.

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Banksy

7. Le bon manifestant doit veiller à ce qu’aucun de ses voisins de défilé ne se laisse aller à des gestes coléreux du genre : cracher, se curer le nez, péter, agiter les bras de manière désordonnée. En de tels cas, il doit avertir les forces de l’ordre et faire arrêter les violents.

8. Attention : il est inutile de faire tout cela si par la suite on jette un regard méchant. Pas de regards méchants… ça met les gens de mauvaise humeur.

9. Le bon manifestant ne doit utiliser aucune espèce de couvre-chef, de manière que son cuir chevelu puisse accueillir la rencontre avec la raisonnable matraque d’autodéfense. L’utilisation du casque, en plus de mettre les gens de mauvaise humeur, est un geste de provocation sans équivoque… Il s’oppose au bon travail des forces de l’ordre et peut être utilisé comme une arme terrible (je connais un casque qui à lui seul a détruit un quartier entier). Et puis pourquoi mettre un casque et se couvrir le visage si on a sa conscience pour soi ? Qui est en paix avec soi-même n’a pas besoin de paravent ; d’ailleurs, les vrais sages se promènent avec une pancarte portant leurs nom, prénom et adresse écrits en gros caractères et tendent la tête à l’ennemi. S’ils en ont une autre, ils tendent aussi l’autre tête.

10. Le bon manifestant doit être en mesure de respirer de très nocifs gaz lacrymogènes sans faire d’histoires. S’il tousse, il doit mettre sa main devant la bouche (mais sans se couvrir le visage). Mettre un masque anti-gaz est considéré comme un comportement vraiment mal élevé ! Évidemment, suite à ça, les forces de l’ordre se sentent obligées d’envoyer les gaz lacrymogènes.

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Banksy

11. Le bon manifestant doit aimer les forces de l’ordre, les respecter, les inviter à dîner, leur offrir une rose, les courtiser avec gentillesse, les écouter et les accompagner à la maison sans exercer aucune pression.

12. Une alternative : il peut considérer les forces de l’ordre comme une maman, leur obéir, ne pas les critiquer et les aider à faire le ménage.

13. Le bon manifestant doit considérer que les black blocs ne sont pas des jeunes vraiment en colère (comme quelques fous l’insinuent) mais bien l’incarnation du mal à l’état pur. Ils ne sont pas humains, ils apparaissent et disparaissent au milieu d’une mer de langues de feu, ils existent depuis des milliers d’années, s’infiltrent partout (même entre les carreaux de la salle de bain) et se souillent des crimes les plus horribles et indicibles : l’autre jour, j’ai vu un black block qui piétinait le géranium d’un jardin d’immeuble !

… Et qui nous dit qu’ils n’ont pas pris part à la crucifixion de Jésus ?

14. Donc, l’idéal serait d’apporter un lasso de cowboy… Et dès qu’on voit un black block, on le prend au lasso et on le remet aux forces de l’ordre qui lui parleront longuement et, devant une tasse de thé et des petits fours, essaieront gentiment de lui faire comprendre qu’il se trompe.

15. Il ne peut pas y avoir de confusion : le bon manifestant s’habille de couleurs vives et joyeuses, avec des images de fleurs, de petits lapins, d’arc-en-ciel, etc. Très à la mode : le style alternatif-inoffensif.

16. L’idéal serait que le bon manifestant repère les black blocks de manière préventive. Méfiez-vous des gamins et des gamines très jeunes… ce sont presque tous des black blocks en herbe envoyés directement par Satan. On dirait des mineurs mais ce sont de perfides vampires d’au moins 150 ans chacun.

17. Donc, le bon manifestant déteste les black blocks et considère les banquiers, les notaires, les financiers, les armateurs, les commerçants, les pharmaciens, les sociétés pharmaceutiques, le FMI, etc. comme ses frères, tous unis dans les malheurs de ce monde voleur… Au fond, ne sommes-nous pas tous précaires dans cette vie incertaine ? Et dans ce cas, pourquoi brûler le 4×4 d’un pauvre expert-comptable… la vitrine d’un pauvre bijoutier… la poubelle d’un pauvre poubellier ? Nous sommes tous dans le même bateau, moi et ma petite maman, toi et Briatore2. Non… heu… Briatore est dans son bateau à lui… mais c’est quand même un bateau.

18. Le bon manifestant abhorre, déteste, se dissocie, dénonce, est horrifié, frissonne d’horreur, est horripilé devant… la violence. Le bon manifestant sait que l’exploitation désormais totale par les patrons N’EST PAS de la violence : c’est un comportement répréhensible à considérer au maximum en levant le sourcil. La vraie violence qui menace les braves gens… ce sont les actions des black blocks. On ne sait pas en vertu de quelle logique mais tout le monde le dit et donc c’est comme ça.

19. Le bon manifestant exprime son point de vue de manière PACIFIQUE. Les défilés ne doivent en aucune manière inquiéter les citoyens qui, sans eux, auraient profité d’une belle journée de shopping. Ils ne doivent pas angoisser les malheureux qui ont déjà tant de difficultés à joindre les deux bouts, et encore moins attrister les pauvres commerçants du centre-ville, notoirement indigents. Et puis (horreur), vous rendez-vous compte que dans une manifestation agitée il peut se trouver aussi des personnages innocents, purs, sincères et courageux, comme les représentants de la presse et de l’information ?

20. En somme, le bon manifestant doit être présentable aux yeux des politiciens et des patrons. Si les manifestants se comportent mal, il est clair que les politiciens se sentent en devoir de ne pas les écouter et de les envoyer au lit sans dîner. Les puissants NE DOIVENT PAS penser avoir affaire à une manifestation de gens vraiment en colère, ce n’est pas bien. Eux ne sont ni des criminels ni des délinquants et ils s’indignent beaucoup en voyant des actes de terrifiante violence tels que le lancer d’une brique ou l’incendie d’une poubelle. Il ne faut pas se plaindre si ensuite (comme à Gênes) leurs subordonnés démolissent des milliers de jeunes et en tuent quelques-uns. Les forces de l’ordre en tenue anti-émeute (justement) prennent peur lorsqu’ils sont confrontés à une bande d’adolescents loup-garous. Et tout le monde sait que quand on a peur (à raison), on réagit mal.

Enfin, sur la base de tout que j’ai entendu à la télé au sujet des manifestations d’aujourd’hui, je pense qu’il n’existe qu’une solution logique : à partir d’aujourd’hui, dans les manifs, il convient de faire défiler directement et uniquement les forces de l’ordre et les militaires. Comme ça, nous aurons des cortèges tranquilles, parfaits et rassurants. Doux comme l’huile de ricin.


1 Une pensée pour Gabriela, en particulier, qui participa aux Nuits du 4 août, et qui a froid dans sa prison pour femmes de Turin, où le chauffage est cassé.

2 Briatore : manager de Formule1, exemple de nouveau riche arrogant à l’italienne, dont le yacht a été placé sous séquestre pour fraude fiscale.

Article XI, traduction Serge Quadruppani, 8 février 2012

Poitou-Charentes : un quart des logements en précarité énergétique

Un logement sur quatre dans la région

Le froid sévit et la facture de chauffage flambe. Plus encore cet hiver que d’ordinaire. Sans attendre les conditions météorologiques exceptionnelles qui affectent la région, une étude réalisée par l’Agence régionale d’évaluation environnement et climat (AREC) avait déjà mis en évidence cette particularité : les habitants sont en moyenne plus exposés à la précarité énergétique en Poitou-Charentes que dans le reste du pays. Le rapport indique ainsi que 25 % du parc régional des résidences principales sont concernés alors que la moyenne nationale estimée par l’agence de l’habitat n’est que de 13 %. Dans la région, cela représente tout de même 188.012 logements et 323.187 personnes exposées, dont 36.700 logements et 54.300 habitants dans le seul département de la Vienne. « Cette situation résulte de la combinaison de plusieurs facteurs », explique Emmanuel Béjanin, animateur du secteur évaluation à l’AREC. « L’habitat individuel est plus développé, la part du fioul dans et les modes de chauffage est plus élevée, c’est une région très rurale avec des caractéristiques d’habitat ancien et les revenus moyens y sont plus faibles que la moyenne nationale… » Un profil type se dégage ainsi de l’étude de l’AREC : « Des personnes âgées, aux revenus modestes, vivant seules, dans des maisons individuelles rurales dont elles sont propriétaires, chauffées au fioul ou au bois et habitant une surface importante par rapport au nombre d’occupants. » Et deux secteurs géographiques dans le département : le Sud Vienne (du Montmorillonnais au Pays civraisien) et le Loudunais où seize communes comptent plus de 50 % de logements en situation de précarité. À cela s’ajoute un autre facteur essentiel : la hausse du coût de l’énergie qui, même modérée, entraînerait le basculement de 86.000 logements vulnérables et donc de 177.300 personnes supplémentaires vers la précarité dans la région, dont 19.200 logements et 37.700 habitants dans la Vienne. Alors même que de nombreux ménages ont déjà dû adopter un comportement dit d’auto-restriction.

Nouvelle République, B. B., 9 février 2012

[Lussac-86] Aides à domicile en colère contre la nouvelle convention collective

Les aides ne sont pas aidées

Les aides à domicile manifesteront jeudi. A Lussac, les salariées de l’ADMR tentent de mesurer les conséquences de la nouvelle convention collective.

Les aides à domicile voient leurs conditions de rémunération modifiées.

 Les aides à domicile voient leurs conditions de rémunération modifiées.

Elles sont une bonne vingtaine qui se pressent dans la petite salle de la Maison de l’entraide de Lussac-les-Châteaux où siège l’ADMR lussacoise. Il est 15 h tapantes quand Jean-Claude Compain, président de l’ADMR, lance la réunion. « Si nous devions prendre le train, vous seriez pile à l’heure », félicite-t-il.

L’ancien siège de la gendarmerie locale a sans doute l’habitude de cette ponctualité. Et puis, les troupes de cette petite armée d’aides à domicile sont rompues à la politesse des rois. Les 33 titulaires, 5 CDD et deux secrétaires de l’association travaillent avec une horloge dans la tête. C’est que pour enchaîner les rendez-vous chez les personnes en perte d’autonomie de Lussac-les-Châteaux, Persac, Gouëx, Mazerolles et Sillars, il ne faut jamais prendre de retard. Leur journée, ces aides à domicile la passent à enchaîner les séances de toilettes, ménage, courses et les aides au repas.

Les frais kilométriques en font les frais

Avec l’accord des caisses de retraite et de la Direction générale des Affaires sociales, chaque personne en perte d’autonomie se voit allouer une plage horaire. En gros, une demi-heure pour une séance de toilette. Pas plus, pas moins. Même si la personne âgée ou handicapée se trouve incapable désormais de prendre son déjeuner seule… Ensuite, c’est la route. Surtout, ne pas arriver en retard au rendez-vous suivant. Quelqu’un attend pour se lever, faire sa toilette ou prendre son repas. Le métier est un enchaînement de rencontres parfois écourtées. Et voila que la nouvelle convention collective (voir « comment fera-t-on demain ? ») que toutes les salariées de l’ADMR viennent de découvrir, ajoute un motif d’inquiétude. « Nous n’avons pas été informés de ces négociations nationales. Nous avons été mis devant le fait accompli, notent Jean-Claude Compain et ses troupes. D’autant que la convention a un effet rétroactif. » Mais dans un secteur rural où l’habitat est diffus, les bénéficiaires d’aides à domicile éloignés, ce sont surtout les frais kilométriques qui coincent. « Quand on fait 500 km/mois voire 2.000, ça ne paie pas l’usure, les charges et le carburant. »

comment fera-t-on demain ?

Avec la nouvelle convention collective, le trajet du domicile au premier rendez-vous de la journée n’est plus remboursé qu’à 60 %, les kilomètres fictifs (trajet entre le dernier rendez-vous de la matinée et le premier de l’après-midi) ne sont plus remboursés… Certaines aides à domicile annoncent une perte de 30 % de leurs indemnités de déplacement. Avec un SMIC et des déplacements qui réduisent le temps de travail effectif bien en deçà des 35 heures, ça compte. Ajoutez à cela la révision de la grille des congés, les modifications des montées en grade… Il n’y a guère que l’obligation de souscrire la mutuelle choisie par la Fédération qui trouve des supportrices. D’autant que la Fédération prend en charge une partie de cette cotisation.

Nouvelle République, Dominique Guinefoleau, 9 février 2012

[Châtellerault] Les grévistes de Thalès reconduisent la grève

Thalès : les grévistes bloquent toujours l’usine

Troisième jour de grève aujourd’hui pour les salariés de Thalès, au Sanital. Hier, la direction leur a proposé un marché. Ils ont refusé.

Preuve de leur détermination, les grévistes ont ajouté un deuxième bidon à boucaner à l'entrée du site, bloqué par le camping-car du CE.

 

Preuve de leur détermination, les grévistes ont ajouté un deuxième bidon à boucaner à l’entrée du site, bloqué par le camping-car du CE.

C’est toujours conflictuel à Thalès Sanital. Hier, les grévistes, mécontents des propositions d’augmentation salariale (NAO) qu’ils jugent trop faibles, ont décidé de reconduire le mouvement et de maintenir le blocage de l’usine.

D’après l’intersyndicale CFE-CGC (cadres), CGT et CFDT, la direction du groupe (qui ne souhaite pas s’exprimer sur le conflit) a tenté hier, via son DRH Pascal Bourgoin, un coup de poker : « Vous lâchez le piquet de grève et on est prêt à vous recevoir au siège, à Meudon (92). »

«  On ne veut pas être reçus, on veut négocier !  »

Coup de bluff ? L’intersyndicale du Sanital s’en remet au vote des grévistes. A la question « Voulez-vous reprendre le travail dans ces conditions ? », 163 sur 281 votants ont répondu « non » et 118, « oui ». En clair, le mouvement se poursuit : « On ne veut pas être reçus ! On veut négocier ! » insiste Silvain Ruffin, de la CFE-CGC, qui contre-attaque : « On lui a proposé de venir, lui, à Châtellerault, pour faire des économies mais il n’est apparemment pas disponible… » Le bras de fer continue donc. Le résultat du vote traduit une radicalisation du mouvement : « On pensait que le résultat du vote allait être moins tranché. » Mais l’intersyndicale ne rompt pas le dialogue pour autant et accède même à une demande de la direction : « Elle nous a sollicités pour laisser entrer certaines personnes et pallier des urgences : clientèle, logistique, technique… Elle nous a communiqué une liste de 45 noms dont 20 collaborateurs et 25 managers. » Au final, les syndicats ont autorisé l’entrée du site à 12 managers « de façon à protéger les collaborateurs qui auraient pu être montrés du doigt ». Hier, en fin d’après-midi, la direction a tenté une nouvelle approche pour mettre fin au conflit, via cette fois-ci son directeur d’établissement du Sanital, Stéphane Quancard, de retour d’un déplacement professionnel à Singapour. « Nous maintenons le blocage pour obtenir une nouvelle réunion de négociations sur les salaires, ce que n’est pas à même d’obtenir notre directeur de site. Ça se joue au siège du groupe Thalès Avionics. » A suivre…

> Le salaire moyen d’un non-cadre à Thalès Sanital, après 20 ans de carrière, est de 1.900 € bruts et non 1.900 € nets comme écrit par erreur hier. > Un débrayage solidaire a eu lieu hier à 13 h 30 à la Brelandière (production), l’autre site de Thalès Avionics à Châtellerault. > Le site de Thalès à Vendôme (Loir-et-Cher) est aussi en grève.

Nouvelle République, D.F., 9 février 2012