[Lencloître – 86] Capitalisme « écolo » : quand les huiles d’ERDF se mettent au vert

NdPN : ERDF promoteur d’énergie verte avec l’emploi d’huiles végétales, pour des transformateurs électriques. Un grand classique de l’éco-tartuferie, avec le sempiternel piteux argument de la création d’emplois. Ce coup de com’ serait juste risible, si cette méga-entreprise ne faisait pas son beurre sur l’électricité nucléaire, l’une des pollutions les plus ingérables de tous les temps avec sa chiée de déchets nucléaires.

ERDF marche à l’huile végétale locale

Six transformateurs à huile végétale ont été installés à Lencloître. Une formulation unique en France qui s’inscrit dans une production industrielle.

Il a fallu sept années de recherche pilotées par le pôle des éco-industries Poitou-Charentes en étroite collaboration avec EDF Recherche et Développement pour mettre au point une huile isolante d’origine naturelle (colza), réalisée par le laboratoire Valagro de Poitiers, à destination des transformateurs électriques de moyenne puissance. Et trois ans d’expérimentation en Poitou-Charentes pour valider une formulation végétale qui fonctionne. « Cette huile présente la même performance électrique et technique que les transformateurs classiques », a expliqué Guillaume Bray, directeur territorial Vienne et Deux-Sèvres d’ERDF

A partir de céréales de la région

Mardi, à Lencloître, les techniciens ERDF ont installé six transformateurs à huile végétale industrielle, en remplacement des transformateurs à huile minérale (dont l’origine est le pétrole). Cette démarche s’inscrit dans une politique de développement durable conduite par ERDF. « La dernière étape a consisté, avec le support de la société DuPont, à finaliser les procédés pour produire une centaine de tonnes de cette formulation, afin de valider sa production au stade industriel », a souligné Antoine Piccirilli, chargé de mission au pôle des éco-industries Poitou-Charentes. Dans un premier temps, 25 tonnes seront produites dans la région Poitou-Charentes en utilisant des graines picto-charentaises. « Ce seront donc 25 tonnes de production d’huile issue de produits pétroliers qui sont évités », a précisé Guillaume Bray. Il est prévu d’installer, avant la fin de cette année, 200 transformateurs à l’huile végétale de colza. L’objectif est d’atteindre 800 unités pour un plan de production de 100 tonnes d’huile fabriquées à partir de graines de colza cultivées et récoltées en Poitou-Charentes. C’est une coopérative agricole, dont l’anonymat est préservé, – « pour des questions de confidentialités », dit-on qui a décroché le marché. Le procédé a été validé au niveau national par ERDF. À terme, cette nouvelle technique engendrerait du travail pour une centaine de personnes.

Didier Monteil, Nouvelle République, 12 septembre 2013

[Saint-Savin – 86] Pas de conciliation pour les ex-salariées d’Aubade

Aubade : 126 ex-salariés devant les prud’hommes

Saint-Savin/La Trimouille. Comme la procédure de conciliation a échoué hier devant le conseil de prud’hommes, 126 ex-salariés d’Aubade vont au procès.

Christine, Chantal, Marie-Anne… attendent d’entrer dans la salle d’audience comme les 123 autres ex-salariés de la société SAS Aubade (filiale de Calida). Elles retrouvent d’anciennes collègues, perdues de vue depuis 2007, l’année de leur licenciement. Elles se livrent pudiquement : « Vous savez… après avoir donné 33 ans de sa vie à l’entreprise, avec des tas de sacrifices, notamment pour notre vie de famille, ça nous a fait vraiment beaucoup de mal. Certaines d’entre-nous sont tombées malades, d’autres dans la précarité. Il a été difficile de retrouver du boulot, des petits boulots… »

Pas de conciliation, donc le procès en 2014

Ces femmes, et quelques hommes, ont fait partie d’une première vague de licenciements pour motif économique à la suite du premier plan social (le second a eu lieu en 2009). Ces licenciements intervenaient dans le cadre d’une délocalisation de la production en Tunisie voulue par le groupe suisse Calida. Les deux plans avaient entraîné la fermeture des deux sites de production français situés à Saint-Savin et La Trimouille. Après le récent procès gagné en appel (*) par leurs 66 ex-collègues licenciés en 2009 (lire notre édition du 21 mars 2013), les 126 ouvrières ont décidé d’entamer – in extremis par rapport au délai de prescription – une procédure devant le conseil de prud’hommes de Poitiers. Leur avocat, Me Emmanuel Giroire Revalier, a assisté hier matin les 126 anciens salariés devant le bureau de conciliation (composé d’un conseiller prud’homme salarié et d’un conseiller prud’homme employeur) de la section industrie. Un premier pas dans une procédure qui risque de s’étaler dans le temps car la tentative de trouver un accord entre les deux parties n’a pas porté ses fruits ; les ex-salariés ont donc décidé d’aller au procès. Chaque salarié a émargé une convocation à l’issue de l’audience pour être convoqué par le bureau des jugements à une date ultérieure fixée dans le courant du premier trimestre 2014. Le procès se déroulera au palais de justice et non dans les locaux du conseil de prud’hommes compte tenu du nombre de plaignants.

(*) Au mois de mars dernier, la cour d’appel de Poitiers a déclaré « sans cause réelle ni sérieuse » le licenciement des salariés de l’usine Aubade située à Saint-Savin. Les 66 ex-salariés s’étaient dans un premier temps pourvus devant le conseil de prud’hommes et avaient perdu. Des dommages et intérêts (de 13.000 à 55.000 € selon les cas) ont été alloués à chacun d’entre eux.

Marie-Laure Aveline, Nouvelle République, 12 septembre 2013

[LGV Poitiers-Limoges] L’empire contre-attaque

NdPN : nous le disions hier : malgré l’annonce du report aux calendes grecques du projet de LGV Poitiers-Limoges, la vigilance s’impose. Il y a en effet de gros intérêts politiques et industriels en jeu. Bingo : la commission d’enquête est favorable au projet… La lutte continue.

LGV Poitiers-Limoges : la commission d’enquête met la pression sur le gouvernement

La commission d’enquête publique a émis un avis favorable au projet de ligne ferroviaire sous réserve que le gouvernement s’engage à programmer les travaux « dans les délais prévus et non après 2030 ».

Oui, mais… L’avis favorable rendu par la commission d’enquête publique, chargée d’étudier le projet de construction d’une ligne ferroviaire à grande vitesse entre Poitiers et Limoges, est assorti de deux réserves.

Le document rendu public ce matin précise qu’une étude hydrologique approfondie devra être menée, notamment dans la vallée du Clain, à Iteuil, où les habitants craignent l’impact de la LGV. Il met surtout la pression sur le gouvernement qui n’a pas attendu les conclusions de l’enquête pour annoncer, par la voix du Premier ministre,  le report du projet à l’horizon 2030-2050 conformément aux préconisations de la commission Mobilité 21.

La commission écrit ainsi que la déclaration d’utilité publique (valable cinq ans et renouvelable une fois pour la même période) ne devra être prononcée qu’à la condition « que le gouvernement s’engage à programmer les travaux dans les délais prévus dans le dossier et non après 2030 (…) afin de ne pas laisser les personnes directement impactées dans l’attente et l’incertitude pendant plus de quinze ans ».

Consultez le rapport complet dans la rubrique « Aller plus loin » ci-dessus. Les conclusions débutent à la page 517.

Baptiste Bize, Nouvelle République, 12 septembre 2013

L’enquête publique favorable à la LGV Poitiers-Limoges

La commission d’enquête a émis un avis favorable à la construction de ligne controversée. Le projet suit donc son cours malgré l’annonce de son report à 2030-2050.

Par huit voix contre trois, les membres de la commission d’enquête publique auraient choisi d’émettre un avis favorable à la construction d’une ligne ferroviaire à grande vitesse entre Poitiers et Limoges. C’est ce qu’assurent les maires des deux villes, Alain Claeys et Alain Rodet, qui ont été informés de cette décision avant la publication officielle du rapport qui doit intervenir aujourd’hui.

Les deux hommes, tous deux socialistes et proches de François Hollande, sont aussi les principaux défenseurs du projet mis sur les rails par Jean-Pierre Raffarin en 2004, du temps où le sénateur de la Vienne était Premier ministre. Ils expriment naturellement leur satisfaction : « Vous voyez bien que le projet continue d’avancer comme prévu ; tout va bien », fait remarquer le député-maire de Poitiers qui affiche sa confiance malgré les rebondissements de ces dernières semaines. En juillet dernier, alors que l’enquête publique n’était pas encore achevée, l’actuel Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait annoncé le report de ce projet jugé non-prioritaire à la période 2030-2050, en suivant les préconisations de la commission Mobilité 21 que le gouvernement avait chargé de hiérarchiser les projets d’infrastructures de transports.

Un décret d’utilité publique valable jusqu’en 2025

Au début du mois, le secrétaire général adjoint de l’Élysée avait aussi assuré aux opposants que la présidence de la République se rangeait à ce choix après avoir activement soutenu le projet jusqu’au printemps dernier (lire notre édition d’hier). Notamment en nommant un ancien camarade de promo de François Hollande à l’ENA à la tête de la préfecture du Limousin pour suivre le dossier. « C’est un projet validé. Je ne pense pas qu’il soit de nature à être remis en cause », avait même déclaré le nouveau représentant de l’État le jour de sa prise de fonctions. En dépit des annonces officielles, le projet de LGV Poitiers-Limoges continue donc d’avancer conformément au calendrier envisagé. Sur la base des conclusions du rapport de l’enquête publique, le conseil d’État a maintenant dix-huit mois pour prendre ou non un décret d’utilité publique valable cinq ans et renouvelable une fois pour la même période. Soit une mise en chantier devant intervenir au plus tard en 2025 sous peine de devoir mener une nouvelle enquête publique après 2030 si le gouvernement devait confirmer l’arbitrage rendu cet été.

Baptiste Bize, Nouvelle République, 12 septembre 2013

[Châtellerault] Jeune, dégage !

Une propagande sécuritaire bien ignoble de la part de la NR aujourd’hui, dans une caricature d’article aux relents sécuritaires.

Il s’agit de marteler des tirades anxiogènes sur un prétendu sentiment d’insécurité des « mamies » à Châtellerault, pour installer plus de flics municipaux et nationaux en patrouilles, des caméras de vidéo-surveillance partout, et des menaces de « répression ». Invitation est faite aux bons citoyens d’appeler le 17.

Pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre qu’il s’agit une fois de plus de protéger la « sérénité » des commerces, et donc le profit capitaliste ; le propos n’est même pas implicite, il est explicité dès le titre :  « Insécurité : les autorités rassurent les commerçants« …

Or on a beau chercher, la seule chose reprochée aux « jeunes », ce sont des « attroupements ». Et des allusions à des comportements d’incivilité, des provocations et des dégradations. Sans rien préciser du tout, si ce n’est que les chiffres ne corroborent même pas ce discours policier…

Bref rien d’illégal, mais selon la NR, cela « pollue le quotidien des commerçants ». Un vocabulaire hygiéniste, pour atomiser le peu de solidarité qui reste dans la rue et faire peur. Terminons par ce mot du procureur tout à fait significatif :

« Il faut expliquer […] à ces jeunes qu’il y a d’autres endroits pour qu’ils s’occupent et leur faire comprendre qu’ils suscitent un sentiment d’insécurité. »

Jeune, certes tu as le droit de vivre ici et de rencontrer tes ami-e-s, mais tu comprends, tu fais peur, et c’est nuisible au business, alors va t’occuper ailleurs sinon pan-pan la matraque !

Juste puant.

C’est ça, le journalisme d’analyse ? Et le chômage, la précarité et le délitement du tissu social, ça compte moins que le discours des flics et des petits patrons locaux ?

Pavillon Noir, 11 septembre 2013

La LGV Poitiers-Limoges ne répond plus

NdPN : une belle victoire contre un projet mortifère, mais restons vigilant-e-s…

La LGV Poitiers-Limoges lâchée par l’Élysée

La présidence de la République assure aux opposants que l’État soutient le report du projet à 2030-2050 préconisé par la commission Mobilité 21.

François Hollande, ancien président du conseil général de Corrèze, a-t-il fait de l’arrivée du TGV en Limousin une affaire personnelle ? C’est ce que pensent les opposants au projet de LGV Poitiers-Limoges qui ont écrit au président de la République, en mai dernier, pour émettre des doutes sur l’impartialité des conclusions de l’enquête publique alors en cours.

Pas du tout, répond en substance le secrétaire général adjoint de l’Élysée, dans la réponse adressée au collectif limousin « NON à la LGV Poitiers-Limoges et OUI au POLLT », la semaine dernière. Selon Nicolas Revel, le chef de l’État se serait rangé à l’avis de la commission Mobilité 21 qui « a proposé le report à l’horizon 2030-2050 de ce projet quel que soit le scénario retenu ».

Plaidoyer pour la ligne Paris-Toulouse

« Les analyses comparatives des enjeux nationaux des différents projets ne lui permettaient pas de justifier un classement dans les premières priorités », ajoute la présidence de la République qui défend aussi l’amélioration de la ligne Paris-Toulouse « de nature à renforcer les conditions de desserte des territoires concernés et à répondre en grande partie à leurs besoins de qualité de service pour leurs échanges ». Preuve que le président tout-puissant n’a pas l’intention de court-circuiter le gouvernement, l’Élysée prend soin de citer le ministre des Transports qui a installé la fameuse commission chargée de hiérarchiser les projets d’infrastructures de transports ainsi que le Premier ministre qui a annoncé les priorités retenues en juillet dernier : « Il appartient désormais au ministre […] de tirer les conséquences de ces décisions et de faire les propositions utiles pour mettre en œuvre la politique des transports souhaitée par le gouvernement. »

«  A moins d’une volte-face  »

Les opposants avouent leur satisfaction : « À moins d’une volte-face aussi incompréhensible qu’injustifiée, il est clairement entendu que le projet de LGV entre Limoges et Poitiers est différé après 2030 », écrivent-ils dans un communiqué. Ce ne serait pourtant pas la première volte-face du président de la République qui a personnellement veillé au lancement de l’enquête publique au printemps. « Je ne sais pas si je suivrai ses préconisations. Mais en tout cas je suivrai le dossier de près ! », avait-il confié à nos confrères de France 3 Limousin qui l’interrogeaient sur la commission Mobilité 21 pas plus tard qu’en juin dernier.

Baptiste Bize, Nouvelle République, 11 septembre 2013