Deux articles à propos de Monsanto

NdPN : deux nouveaux articles sur des victimes de Monsanto, entrées en lutte. L’un sur un agriculteur charentais, aujourd’hui malade, qui est revenu du mirage tout-chimique : il lutte juridiquement contre le géant agro-industriel. L’autre sur les paysans colombiens révoltés contre l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis, qui contraint les paysans à cultiver des « semences certifiées » et les punit s’ils ont l’outrecuidance de semer leurs propres graines. Pour un topo plus complet sur la situation en Colombie, voir cette compilation d’articles sur le Jura Libertaire.

Sortir des pesticides : Paul François, l’insoumis à Monsanto

Céréalier en Charente, Paul François a baigné dans l’agriculture intensive. Victime d’un accident lors de la manipulation d’un herbicide, l’agriculteur attaque son fabricant, Monsanto. Et gagne le procès en première instance. L’homme qui fait vaciller le géant de l’agrochimie n’est pourtant pas encore sorti des pesticides. Critiqué par ses pairs pour ne pas s’être converti au bio, soucieux de maintenir son rendement, il expérimente aujourd’hui des alternatives au tout chimique. Portrait d’un agriculteur au parler-franc.

Rien ne prédestinait Paul François à devenir un contestataire de l’agriculture intensive avec son lot de produits chimiques. C’est à Bernac, en Charente, que ce céréalier âgé aujourd’hui de 49 ans, a repris l’exploitation gérée par son père. « Un peu par défaut, confie t-il, avant que ça ne devienne une passion ». Durant des années, il mise sur « le tout chimique ». Il utilise massivement des engrais de synthèse, irrigue à tout-va pour le maïs. « Cela collait bien aux valeurs de l’entrepreneur et du travailleur, j’avançais ». Très vite, sa ferme s’agrandit. Ils sont aujourd’hui quatre, deux associés et deux salariés, à vivre sur un peu plus de 400 hectares, essentiellement en blé et maïs. Une grosse exploitation.

Lui-même n’imaginait pas qu’un jour, il troquerait une partie des produits de synthèse contre des purins de plantes. « Quand j’étais dans mon agriculture intensive, le purin d’ortie me faisait sourire. Puis quand on comprend les conséquences des molécules chimiques, on se dit que c’est peut-être avec ça que l’on a envie de travailler ». Il est fier désormais de pouvoir croquer le grain de blé qui sort de chez lui, d’en donner à ses poules et de manger leurs œufs. Sans danger. « Je me sens mieux dans ma peau de paysan, même si je sais que j’ai encore énormément d’efforts à faire pour ne plus avoir d’impacts sur l’environnement ».

Une prise de conscience progressive…

Avant d’en arriver là, Paul François et son associé ont commencé à réduire l’usage des produits phytosanitaires dès les années 90. La moitié de la surface est alors consacrée à des monocultures de maïs irriguées. « On cherchait à réduire nos coûts, c’était une démarche purement économique », précise t-il. Ils rencontrent d’autres agriculteurs ayant eux aussi réduit l’usage des produits chimiques mais pour d’autres raisons, notamment environnementales. « On a pris conscience petit à petit qu’il existait d’autres techniques ».

Au même moment, ils constatent des problèmes de texture du sol. « Il n’y avait plus de vie dans le sol, les rendements stagnaient. Plein de choses nous inquiétaient. »  Les rotations entre le blé et le colza semblent trop courtes. Ils décident donc de modifier leurs « façons d’exploiter » et commencent à rapporter de la matière organique dans les sols, du fumier en particulier. « Pour l’anecdote, il a fallu dix ans pour revoir du vivant dans le sol, comme les vers de terre. Cela avait quasiment disparu. »

… avant « l’accident »

Et puis il y a eu ce qu’il nomme « l’accident ». Suite à une mauvaise « manip », il inhale du monochlorobenzène, un composant du Lasso, cet herbicide fabriqué et commercialisé par le géant Monsanto. Nous sommes en 2004. Amnésie, insuffisance respiratoire, problèmes d’élocution, nausées, évanouissements… De cette intoxication « aigüe », il souligne « ses neuf mois d’absence de l’exploitation et ses 5 mois d’hospitalisation ». En 2005, Paul François demande la reconnaissance en maladie professionnelle. Cinq ans de procédure seront nécessaires avant qu’il ne l’obtienne. « A un moment donné, j’avais pris conscience qu’il y avait peut-être un danger pour l’environnement, mais bizarrement j’avais sous-estimé que je mettais moi-même et mes proches en danger. Un déni ? »

Déterminé, Paul François lance une procédure en responsabilité civile contre Monsanto. Et remporte une première bataille. « Monsanto est responsable du préjudice de Paul François suite à l’inhalation du produit Lasso », expose ainsi le jugement rendu le 13 février 2012 par le tribunal de grand instance de Lyon. Selon Me Lafforgue, Monsanto aurait manqué à son « obligation d’information » en ne détaillant pas la composition du produit sur l’étiquette, et en n’avertissant pas des risques liés à l’inhalation, ni de l’obligation de porter un masque. Sans surprise, la firme a fait appel. Et Paul prépare la suite. « Ils sont en train de vouloir retourner la situation, ce serait moi qui aurait tenu des propos diffamatoires ». Mais il tient bon. Certes, la médiatisation n’est pas toujours facile « malgré les apparences ». « Mais le point positif , ajoute t-il, c’est qu’elle aura permis à des agriculteurs de se dire « peut-être que je suis moi aussi victime… » ».

Double peine

Isolés, des agriculteurs se sont progressivement rapprochés de Paul François. Qui répète à l’envi qu’il ne serait pas là où il en est s’il avait été seul. Ensemble, ils créent l’association Phyto-Victimes en mars 2011 pour briser l’omerta sur le sujet. « La FNSEA ne veut pas dire que la chimie peut nous empoisonner et nous tuer, souligne Paul François. Le monde agricole et ses représentants syndicaux n’ont pas voulu s’investir sur ce dossier-là » lâche t-il, avant que le téléphone ne sonne à nouveau. C’est une nouvelle demande d’interview, suite à la parution d’une étude de l’Inserm reconnaissant les effets des pesticides sur la santé. « Plus que jamais nous avons une légitimité », résume t-il.

Paul François a toutefois une crainte, celle de la double peine. « Certains d’entre nous vont être malades, certains vont en crever, et ils pourront aussi être accusés. Demain, on ne pourra plus dire que l’on ne savait pas. » A ses yeux, il faut prendre ses responsabilités dès maintenant. Mais il n’est pas passé au bio pour autant. « La première raison c’est que l’agriculture biologique est beaucoup plus difficile et technique que l’agriculture que j’ai pratiquée ». Du fait de ses séquelles, il sait qu’il devra peut-être s’arrêter de travailler du jour au lendemain, et il ne veut pas laisser son associé et ses salariés « dans la panade ». Néanmoins, il estime qu’ « il faut faire tout ce qui est possible pour développer le bio, à commencer par la formation des jeunes ».

Enlever les produits dangereux

« En attendant de faire mieux, de faire bio, il faut pouvoir produire et que chaque consommateur, y compris celui qui vit avec les minimas sociaux, puisse se nourrir sans se mettre en danger ». Lui et son associé ont donc fait le choix d’aller vers une autre agriculture, « de façon progressive » insiste t-il. Il est impératif pour lui de maintenir son rendement « tout en faisant un blé qui soit le plus sain possible, avec des méthodes ayant le moins d’incidence sur la santé ». Avec leur coopérative, ils ont commencé par ne plus employer toutes les molécules classées « risques cancérigènes, cancérigènes avérés ou mutagènes ». Et il se réjouit que ses rendements et sa marge économique soient largement aussi bons que certains de ses collègues qui continuent à utiliser de l’isoproturon, un herbicide.

Il ne se fait toutefois pas d’illusion quant au résultat du plan Ecophyto, lancé en 2008, visant à réduire de 50 % les pesticides en dix ans. Alors que les volumes consommés ont augmenté entre 2009 et 2011, il interroge : « Même si on atteint 20 % de bio en 2020, que fait-on des 80 % qui, dans l’Eure ou la Beauce, continuent à produire n’importe comment ? Les nappes se rejoignent toutes à un moment donné et l’air ne connait pas de frontières. » Paul François propose que l’on commence par retirer du marché tous les produits dangereux, cancérigènes et mutagènes notamment, d’ici 2018. « Et qu’on arrête de dire que la production serait mise en danger ! »

Faire primer l’agronomie sur la chimie

Son lien au sol a aussi changé. Il ne s’interdit pas l’utilisation de molécules de synthèse, mais la chimie n’arrive qu’en dernier recours. « On s’est rapprochés notamment de nos collègues éleveurs et on fait des échanges de bons procédés : je leur fournis la paille et eux me fournissent du fumier. » De quoi lui faire économiser 30 tonnes d’engrais de synthèse en 2012. Les temps de rotations entre les cultures ont été réduits et les cultures qui permettent d’enrichir naturellement le sol en nitrates, telles que l’avoine ou le trèfle, ont été développées. Une approche agronomique qui lui aurait fait diviser par deux l’utilisation de pesticides.

Sa recherche d’alternatives l’a conduit à expérimenter des semences adaptées à son terroir. « On avait oublié de nous dire que les semences fournies devaient être biberonnées aux fongicides ».  Depuis le printemps 2013, Paul François a également décidé d’expérimenter des purins de plantes, de fougères notamment, sur une partie de son exploitation. Avec l’aide d’un membre de l’association pour la promotion de ces préparations naturelles (Aspro-PNPP), il observe les résultats sur plusieurs hectares de maïs, de colza, de blé dur et de betteraves. Sur le colza traité à l’extrait d’ail, il constate qu’il n’y a pas eu d’attaques de charançons, des insectes ravageurs.

Produire autrement

Considère t-il qu’il encourt un risque avec ces extraits végétaux ? « Pas davantage qu’avec les produits chimiques aujourd’hui pulvérisés et sur lesquels on n’a pas de recul », assène t-il. « Avant que le purin d’ortie ne provoque un cancer, il y a encore du chemin à faire ». Aujourd’hui, Paul François veut poursuivre ce protocole d’essais avec des préparations naturelles à plus grande échelle. « On essaie car on a besoin de solutions. »

S’il explore des pistes de sortie du tout chimique, il est conscient qu’il ne pourra pas compter sur l’aide de la chambre d’agriculture du département pour le faire. « Ils sont indécrottables », regrette t-il. Son exploitation peut apparaître paradoxale. Certains lui reprochent d’aller trop vite, d’autres trop lentement. « Mais je reste droit dans mes bottes. Il y a des choses que le monde agricole doit entendre ». Pas bio, pas vraiment de gauche, il n’avait pas le profil pour attaquer les lobbys de l’agrochimie. Lui estime n’avoir plus rien à perdre. « Mon pronostic vital a déjà été engagé trois fois ». Et sa liberté de parole, il y tient dur comme fer.

Sophie Chapelle, Bastamag, 3 septembre 2013

Coup de gueule

Ce soir je suis en colère, et je l’assume. Comme l’a écrit le philosophe, écrivain, et poète,  George Bataille :

« Le cœur est humain dans la mesure où il se révolte ».

L’humanité va crever de l’indifférence, des discours mous-du-genou, de l’incapacité des pauvres bipèdes que nous sommes à nous lever pour arrêter la barbarie et  défendre la vie.

Ce soir je suis en colère car j’ai reçu des nouvelles terribles de Colombie. Et ces nouvelles nous concernent tous !

Je les résume en quelques mots : la Colombie a signé un « accord de libre échange » avec les États Unis qui est récemment entré en vigueur. Cet accord contient une clause qui oblige les paysans à cultiver des « semences certifiées », c’est-à-dire produites par les « sélectionneurs » comme … Monsanto ou Syngenta.

Pour remplir cette « clause », l’Institut agroalimentaire colombien a publié un texte – la résolution 970- qui menace d’amendes et de poursuites judiciaires tout paysan qui continuerait de faire ce qu’il a toujours fait : garder  une partie de sa récolte pour ensemencer ses champs.

Depuis le 19 août, des dizaines de milliers de Colombiens – paysans, étudiants, mineurs, chauffeurs routiers, médecins- se sont lancés dans les rues pour dénoncer cette violation d’un droit humain fondamental : celui de se nourrir soi-même.

De violents affrontements ont eu lieu à Bogota, où le président Santos a déclaré le couvre-feu et mobilisé 50 000 membres des forces armées et de la police militaire pour « mater les vandales » et défendre la loi d’airain imposée par Monsanto et consorts.

Je connais bien la Colombie : cet immense pays à l’extraordinaire biodiversité a la capacité de nourrir sa population,  s’il laisse ses paysans faire leur travail. Pour cela, il leur faut de la terre, et la majorité d’entre eux en est privée. Si maintenant, on les empêche de sélectionner leurs graines, c’en est fini de l’agriculture vivrière colombienne.

Comme ce fut le cas au Mexique après l’entrée en vigueur de l’Accord de libre échange nord-américain (l’ALENA), le pays sera envahi par les produits agricoles bas de gamme et subventionnés des États Unis, les magasins Walmart et autres chaînes de discount qui pousseront à la rue des millions de petits paysans.

J’invite tous ceux et celles qui me lisent à regarder le reportage “Les déportés du libre échange” que j’ai consacré à l’ALENA, et qui a été diffusé sur ARTE en février 2012 . Je l’ai mis en ligne sur mon site web, et on peut aussi le trouver comme bonus sur le DVD des Moissons du futur :

http://www.mariemoniquerobin.com/deportesdulibreechangeextrait.html

Vous trouverez sur ce Blog d’autres billets concernant l’ALENA ainsi que des extraits du chapitre que je lui ai consacré dans mon livre Les moissons du futur. Ce soir, je mets en ligne un autre extrait de ce chapitre (voir ci-dessous).

Par ailleurs, je rappelle que l’Union européenne s’apprête à négocier un accord de libre échange avec les États Unis, dont j’ai aussi commenté les effets dévastateurs qui ne manqueront de s’abattre sur le vieux continent (voir aussi sur ce blog).

C’est pourquoi j’ai accepté de prêter mon image et mon nom à une affiche réalisée par le Collectif des Engraineurs qui s’est associé à la campagne qu’ATTAC et d’autres organisations ont décidé de lancer dès l’automne. Rejoignez-les !

affiche TAFTA

 Vu sur le blog de Marie-Monique Robin, 31 août 2013

Des drones pour les pauvres

Bientôt des drones pour traquer squatteurs et travailleurs clandestins ?

Un étrange avion a survolé Slough, une ville de la banlieue de Londres, il y a quelques semaines. Équipé de caméras thermiques, l’aéronef avait pour objectif de détecter, grâce à la chaleur, des traces de vie humaine dans des cabanes ou garages de la ville. Et de dresser ainsi une carte 3D de toutes les constructions, pour recenser les habitations illégales potentielles. Le conseil de la ville de Slough (120 000 habitants) estime que jusqu’à 3 000 personnes pourraient vivre illégalement dans des remises ou des dépendances, converties en habitations de fortune pour clandestins ou travailleurs précaires. La municipalité a donc décidé de passer à l’action pour traquer ces locataires non déclarés.

Il s’agit avant de tout de veiller à la sécurité des personnes concernées, ont annoncé les responsables locaux. De nombreux locataires paient jusqu’à 120 euros par semaine pour vivre dans ces conditions insalubres, sans eau ni véritable chauffage. « Ces gens génèrent des déchets, ils utilisent les services de la municipalité, ils ont un coût qui n’est pas compensé car ils ne paient pas d’impôt », poursuit cependant James Swindlehurst, un des élus municipaux. La location de l’aéronef et le traitement des images a coûté 28 000 euros, en partie compensés par les amendes perçues.

La caméra thermique ne peut déceler la chaleur des corps, mais celle de radiateurs allumés au fond du jardin, ou de réchauds dans des remises. Après la cartographie par les airs, une enquête de terrain vient confirmer les éventuels « délits ». Les propriétaires incriminés risquent 200 euros d’amende par jour s’ils ne mettent pas un terme à cette situation, ainsi que la destructions du bâtiment concerné. Les drones de la police viendront-ils bientôt guetter à nos fenêtres ?

Agnès Rousseaux, Bastamag, 2 septembre 2013

[Châtellerault] Bienvenue aux nouveaux

NdPN : on appréciera les missions bien spécifiques confiées par la mairie aux deux nouveaux policiers municipaux : contrôle social et sûreté du commerce y sont de toute évidence préférées aux missions dites de « police de proximité ». Et pour faire appliquer ces philanthropiques tâches, un recrutement idoine. Dont un curriculum vitae fort adapté pour le garçon, ancien militaire de l’armée de terre reconverti en surveillant pénitentiaire pour mineurs dans le quartier détention mineurs de la prison de Grenoble-Varces – établissement réputé pour son confort et son humanisme. Voilà, assurément, de quoi « gonfler » les effectifs, ainsi que le titre la NR, et ancrer la municipale châtelleraudaise dans le sillon de ses nouveaux objectifs. Un sixième policier municipal est attendu. Braves gens, soyez en paix, la police veille sur vous !

La  » municipale  » gonfle ses effectifs

Déjà dotée de trois éléments, la police municipale vient de voir gonfler ses effectifs à cinq policiers. Agée de 33 ans, et originaire de la Mayenne, Sabrina Zacharkow est entrée dans la fonction publique en 2000 en tant que secrétaire de mairie. Elle a ensuite été adjointe administrative du service financier de la mairie de Mayenne. « J’avais fait le tour de la question et j’avais envie d’être sur le terrain au contact du public », explique-t-elle. Après avoir réussi le concours de gardien fin 2008, elle entre en fonction à Cholet, poste qu’elle a occupé jusqu’à jeudi dernier. Elle arrive à Châtellerault pour se rapprocher de son mari qui travaille à Poitiers.

Âgé de 31 ans, Julien Chanteloup est originaire, quant à lui, de Châtellerault et a toujours travaillé dans la sécurité. Intégré au sein de l’armée de terre pendant dix ans à Verdun et à Marseille, il s’est reconverti en surveillant pénitentiaire dans un quartier pour mineurs à Grenoble. Après deux années dans ce poste, il a fait le choix de se rapprocher de sa femme et de ses enfants en intégrant la police municipale châtelleraudaise. Un service qui intégrera la semaine prochaine ses nouveaux locaux dans l’aile droite de la mairie et devrait être rejoint par un sixième policier d’ici à la fin de l’année. Les agents pourront alors se consacrer pleinement aux missions qui leur ont été confiées : présence auprès des commerçants et dans les lieux fréquentés ; sécurité aux abords des écoles ; application des arrêtés du maire notamment anti-alcool.

L.G., Nouvelle République, 3 septembre 2013

[DAL 86] Organisons la résistance aux expulsions locatives !

À toutes les expulsions bien-sûr ! A commencer par celle de la Famille M. qui est expulsée à partir du 5 septembre prochain de leur hébergement d’urgence par leur propriétaire… la Croix Rouge, qui comme chacun le sait, est censée “prévenir et apaiser toutes les souffrances humaines”. À commencer par celle de la Famille D. qui est expulsée par Logiparc, – qui comme chacun le sait est un bailleur « social »-, qui a un commandement à quitter les lieux et chez laquelle la gendarmerie est déjà passée. À commencer par Monsieur J. expulsé encore par Logiparc avec le concours de la force publique de son logement de Poitiers.

Nous vous proposons de nous retrouver le 29 août prochain à 18h30 à la MDS [cette réunion est reportée à une date ultérieure, NdPN] afin d’élaborer ensemble la riposte que nous souhaiterions mettre en place.

Et bien-sûr :

  • Vous êtes au CHUS ou 115, vous êtes à la rue ;
  • Vous êtes expulsables ou avez des problèmes de logement

Vous avez droit à un hébergement et/ou à un logement décent.

  • Vous vous souhaitez lutter avec le Dal86 pour le droit au logement

Ne restez pas seuls. Contactez-nous :

www.dal86.fr : 05 49 88 94 56 / 06 52 93 54 44 dal86@free.fr

Et/ou venez en parler avec nous lors des permanences du DAL, ouvertes à tous: tous les samedi de 11h à 12h et tous les mardis de 17h à 18h, à la Maison de la Solidarité, 22 rue du pigeon blanc à Poitiers (au fond de la cour, c’est ouvert)

Revue de presse

Le 5 septembre prochain : la Famille M. expulsée de son logement par la Croix Rouge ! Dal86 24-07-13
Expulsables par la Croix-Rouge sur pression préfectorale NR 16/03/2013
Poitiers: la préfecture presse la Croix Rouge d’expulser une famille sous peine de sanctions financières CP 15-03-13
Brève : Famille M. jugée au TI ce matin Dal86 15-03-13
Solidarité avec la famille M.15 mars à 9h au Tribunal d’Instance Dal86 11-03-13
Solidarité avec la famille M. (Attention : renvoyé à une date ultérieure) 14-01-13

source : DAL 86, 25/08/2013

[Poitiers] Six salarié-e-s de chez Quick attaquent leur patron en justice

Un recadrage mal digéré chez Quick

Poitiers

Il le dit à sa façon. Claire et nette. Un brin raide et cassante. « C’est moi le patron. C’est moi qui donne les ordres. J’ai remis les règles du jeu en place, Avant c’était une cour de récréation. »

Avant, c’était avant le rachat du Quick du centre-ville de Poitiers par Marc Chaudron. Il en gère désormais cinq en franchise et emploie environ 150 personnes. Cinq établissements qui tournent. Une gestion millimétrée dans laquelle le patron ne souffre aucun accroc.

Reprise

Et c’est bien ce qui pose problème avec le fast-food de la place Leclerc repris en octobre 2009. La gestion coulante du prédécesseur laisse la place à une gestion au carré, quasi militaire, qui ne passe pas. Règlement, règlement. Rapidement, des salariés se plaignent des méthodes de management souvent rudes dans les fast-food où le personnel défile. L’inspection du Travail vient enquêter, écoute les plaignants et remet un rapport accablant sur les méthodes du patron et de sa directrice, Laëtitia Bernard. Ils devaient s’expliquer tous les deux à la barre du tribunal correctionnel devant laquelle ils étaient renvoyés hier pour des faits de harcèlement moral. Six salariés se sont portés partie civile pour réclamer des dommages et intérêts conséquents. Des salariés qui estiment avoir été mis sous pression et poussés à la démission avec tout l’arsenal habituel : changement de tâches, humiliation, refus de promotion, sanctions à répétitions, atteintes à leur liberté individuelle.

Coup d’éclat

Le premier geste du patron est fort… et maladroit. Il brise les cadenas des vestiaires des employés pour vider les casiers. « Ça sentait très mauvais. Ils gardaient des choses pourries », explique Marc Chaudron. « Il fallait faire quelque chose. Il y avait un gros laisser-aller dans ce restaurant en matière de nettoyage. »

Grosse perte

A chaque reproche, le même clivage revient. Un patron intransigeant sur la ponctualité, la justification des retards et absences et la tenue, un gérant arc-bouté sur la remise en ligne d’un site qui perdait 20.000 clients à l’année ; et des salariés qui s’estiment pressés comme des citrons et pris en grippe. Les plaidoiries de Me Marie Colombeau pour les quatre ex-salariés présents et celle de Me Stéphane Pillon pour le gérant et son adjointe suivent le même clivage. L’une exige des réparations au vu des conséquences psychologiques ; l’autre plaide la relaxe du gérant, faute de harcèlement, et celle de sa directrice, en l’absence de délégation de responsabilité.

Délibéré à huit jours

Les faits sont anciens et le procureur relève que l’audience permet au moins d’écarter certains agissements au vu des éléments apportés. Après, le choix est simple : soit le tribunal ordonne un supplément d’information pour entendre les salariés non plaignants qui n’ont pas été auditionnés ainsi que l’ancien patron, soit il statue en l’état. Et là, le procureur s’en remet à la sagesse du tribunal… qui rendra sa décision jeudi prochain.

E. C., Nouvelle République, 23 août 2013