Archives de catégorie : Le travail tue

[Dangé-Saint-Romain] « Je vais tout faire pour ne pas retourner en usine »

NdPN : Des nouvelles de Tony, un ancien fondeur alu d’Ingrandes…

L’ancien fondeur retrouve sa vraie nature

C’est désormais dans les espaces verts que Tony Garrot veut travailler.

Tony Garrot était un des leaders des “ Fonderie Alu ”. Aujourd’hui, il tente de se reconvertir dans les espaces verts, sa vocation première.

Personne n’a oublié sa carrure d’athlète et sa longue chevelure bouclée. Avec ses allures de Samson, Tony Garrot était une des figures de la lutte des culassiers d’Ingrandes-sur-Vienne en début d’année dernière. Mais c’est déjà de l’histoire ancienne pour ce Dangéen de 46 ans.

Malgré 25 ans passés à la Fonderie du Poitou Aluminium, il a toujours voulu être jardinier-paysagiste. Un métier qu’il a d’ailleurs exercé trois ans à Maillé (Indre-et-Loire), sa commune d’origine, avant que le hasard ne le mène zone de Saint-Ustre (il est aussi titulaire d’un CAP de paysagiste-pépiniériste).

«  Je vais tout faire pour ne pas retourner en usine  »

Alors, quand la direction de l’entreprise a lancé un appel aux départs volontaires, il s’est aussitôt porté candidat, voyant là l’occasion unique de pouvoir enfin faire ce à quoi il s’est toujours destiné. Sa demande a finalement été acceptée. Et, comme 52 autres de ses collègues, il a été licencié en juillet dernier. Depuis, il bénéficie d’un « contrat de sécurisation professionnelle » (il remplace le « contrat de transition professionnelle »). « Pendant un an, je suis payé comme si je travaillais », précise-t-il. Un dispositif dont il profite pour se remettre dans le coup. « J’ai fait un stage de quinze jours en paysage à la Ville de Châtellerault, quinze jours aussi en paysage à Dangé-Saint-Romain et quinze jours chez un horticulteur aux Ormes », explique-t-il. Il va aussi bientôt passer le permis poids lourd. Ça peut toujours servir. Même dans le secteur des espaces verts. En attendant, il est toujours sans travail. Mais il ne regrette pas d’avoir quitté l’industrie. « C’est le bordel partout. Je vois les «  Coop  » (NDLR : les salariés de Coop Atlantique à Ingrandes). Ça me rappelle des souvenirs. Le pire, c’est qu’il y a du boulot. Je vais tout faire pour ne pas retourner en usine. Si je dois y retourner, ça sera en dernier recours. » Dans les jours qui viennent, il va « balancer des CV dans un maximum d’endroits ». Et il espère rapidement pouvoir « repartir ». Dans la voie dont il n’aurait jamais voulu dévier.

Alain Grimperelle, Nouvelle République, 2 janvier 2013

Lobotomisation à grande vitesse : au sujet des « emplois » (l’avaleur travail)

Image vue sur le blog de Fred et René

Aujourd’hui la Nouvelle République remet le couvert en encensant une fois de plus le chantier de la LGV Tours-Bordeaux (voir ici et ). Une fois de plus, l’argument principal est celui de la création d’emplois que susciterait ladite ligne à grande vitesse.

Passons sur les arguments écologiques, par trop évidents : les paysages lunaires et désolés du chantier, ouvrant la terre à ciel ouvert à coups d’explosifs, montrent eux-mêmes en un saisissant raccourci à quoi ressemble le système actuel – celui d’une destruction massive des espaces et des sociétés.

Plaçons-nous donc d’abord sur le terrain de l’ennemi, l’économie. Si l’on veut bien jouer cet exercice intellectuel (pour ne pas dire la contorsion) consistant à adopter le point de vue de la social-démocratie, si l’on n’admet que le cadre capitaliste pour envisager une société meilleure (la LGV est largement soutenue par les élu-e-s PS) : la LGV est déjà un non-sens total.

Ce chantier pharaonique est économiquement ruineux pour les exploité-e-s, avec des subventions énormes données à perte par l’Etat et les collectivités locales à Vinci – comme pour tous les PPP (partenariats public-privé), dont les contribuables assument seuls les pertes et les capitalises encaissent seuls les profits. Les montants délirants de ces investissements publics, en pleine période dite de « crise » où un nombre croissant de gens connaissent des conditions de (sur)vie de plus en plus inacceptables, posent en eux-mêmes la question flagrante : où va l’argent ?

Quant aux fameuses « créations d’emplois », il faut souligner d’une part que la recrudescence d’emplois suscités par le chantier est tout à fait éphémère (comme l’admet d’ailleurs la NR). D’autre part, et cela va avec, il faut rappeler qu’à terme, comme pour toute concentration/rationalisation des moyens de production, d’échange et de distribution en système capitaliste, ce chantier n’est qu’un prélude de plus à une nouvelle baisse structurelle des emplois. En effet, la LGV désertifiera un peu plus les régions traversées et isolées par le train à grande vitesse ; la dynamique de métropolisation des espaces urbains desservis par la ligne (devenant un peu plus des noeuds d’échange accaparant toute l’activité humaine) répond quant à elle à une logique éminemment capitaliste : rationaliser l’appareil productif de façon à réduire, précisément, le coût de main-d’oeuvre… ayant pour conséquence, comme depuis plusieurs décennies, l’approfondissement du chômage. Quand la machine remplace globalement l’homme, le chassant de la sphère productive, les emplois suscités par l’élaboration de l’outil ne servent qu’à réduire globalement l’emploi.

La LGV n’est qu’un aspect du dispositif capitaliste global consistant à concentrer le capital, à maximiser le profit et à réduire globalement la rémunération de la force de travail.

Néanmoins, si profit privé et bien commun sont éminemment incompatibles et si le social-capitalisme est par définition un mensonge, ces chantiers sont loin d’être illogiques, malgré leur apparente absurdité en termes socio-économiques.

Ils répondent en effet à la logique actuelle d’un capitalisme aux abois. On peut même dire que ces chantiers délirants sont actuellement inévitables, si l’on se condamne à rester dans les paradigmes d’une organisation capitaliste de la société. Si dans le monde entier, avec l’aval de gouvernements de gauche comme de droite, ces chantiers prolifèrent, c’est pour une raison précise : le capitalisme productif ne rapporte plus assez. Et ce, depuis la fin des années 1960, précisément parce que le machinisme a marginalisé l’homme au sein du processus de production/valorisation. D’une part les investissements en machines ont pris une part prépondérante dans les investissements globaux, réduisant la part de l’investissement en force de travail humain à une portion toujours plus congrue… alors que c’est uniquement sur l’exploitation du travail humain que le profit se réalise. D’autre part, la production peine à s’écouler, au sein d’un marché prombé par la stagnation relative des salaires par rapport à la masse croissante du capital en circulation.

Le capitalisme ne peut fuir éternellement ses contradictions avec de vieilles recettes ; c’est pourquoi il se restructure périodiquement, en colonisant et en défrichant de nouveaux « gisements de profits ».

C’est la financiarisation de l’économie mondiale qui a permis, à partir des années 1970, de prolonger le maintien du profit capitaliste. D’une part en organisant la spéculation sur les profits productifs à venir, du moins susceptibles de venir. Et d’autre part en encourageant le crédit chez les salariés mal payés, pour permettre de maintenir la consommation. Tour de passe-passe, fuite en avant ? Certes, on l’a manifestement vu lors de la crise de 2008 ; n’empêche que cette restructuration a permis de maintenir le système (et les emplois avec, n’en déplaise aux « anti-libéraux » de gauche).

Le hic, c’est que la spéculation sur les profits à venir dans l’activité productive exige elle aussi, tout de même, que la production se poursuive un minimum. Sous peine de doute trop flagrant sur la réalité de la production, ce fondement incontournable, même avec mille tours de magie, de l’économie ; sans activité productive minimale pour faire illusion, il y a doute généralisé, et donc éclatement de la bulle financière, et donc dévalorisation massive du capital, et donc paralysie totale de l’économie, bref, disparition de la valeur elle-même, et effondrement pur et simple du capitalisme. Adieu juges, flics, notaires : les populations affamées se ruent sur les biens redevenus communs. Et ça, pour les possédants et les dominants, c’est pas très glop.

C’est ce rôle de caution d’un productivisme, en apparence absurde, que jouent actuellement et en toute logique capitaliste les multiples partenariats public-privé. Ces immenses chantiers de béton et d’acier, aussi laids qu’inutiles socialement, ne sont utiles qu’à la tentative de pérennisation du capitalisme, en garantissant le maintien du minimum de profits productifs juteux nécessaire à la crédibilité de la valeur globale et de sa circulation.

Voilà pour le côté économique.

A notre sens, ce qu’il faut aussi attaquer, c’est ce pseudo-argument des capitalistes, repris en choeur par leurs bardes politiciens et journalistes, de la création d’emplois. Parmi tant de laideur, de destruction écologique, de ruine d’argent public, de destruction d’espaces communs de vie, l’emploi demeure le seul et ultime argument pour soutenir ce consternant projet de LGV (comme du reste tous les PPP). L’emploi est le grand retranchement argumentaire des capitalistes et de leurs petits copains du PS et de la NR.

Or, si l’on veut bien cesser de penser « croissance », « emploi » et « réindustrialisation » comme les sources de notre bonheur sur Terre : pourquoi les gens veulent-ils des emplois salariés (c’est-à-dire exploités et aliénés, où l’on prélève sur eux un profit, et où ils n’ont aucune capacité de décider de la nature de la production) ? Pour se procurer de l’argent, monsieur le DRH, pas pour se « réaliser »… Et pourquoi les gens veulent-ils avoir de l’argent ? Pas pour être « libres », monsieur le politicien, mais pour s’assurer de pouvoir payer les besoins nécessaires à la vie, qui sont tous marchandisés puisque les gens ne disposent plus des moyens de les produire par eux-mêmes (on les leur a confisqués). Pourquoi faut-il payer, dans un monde qui produit déjà bien plus qu’il n’est nécessaire pour couvrir les besoins de tous les humains qui peuplent cette planète ? Pas pour être « honnête », monsieur le juge, mais pour éviter de s’exposer au risque d’être broyé par le cerbère étatique flic-juge-maton.

Le travail salarié est comme l’argent : il est un dispositif pour maintenir la domination, la hiérarchie et les inégalités, la privation et la rareté, dans un monde qui croule sous des richesses potentiellement disponibles pour tous. Le travail est l’activité humaine dévoyée par la contrainte, par la menace réelle de crever de faim et de froid, assumée par la répression permanente des forces de « l’ordre ». L’emploi n’est pas un but en soi : il n’est qu’un moyen de survie. Les gens ne travaillent pas comme salariés pour se réaliser : il n’y a nul besoin de contraindre les gens au travail, ni d’argent, pour les voir s’organiser pour produire ce dont ils ont besoin, si tant est qu’ils possèdent les moyens de produire ces choses par eux-mêmes.

Plutôt que de nous satisfaire de « créations d’emploi » temporaires, par des capitalistes qui ne les créent que pour accroître leur profit et leur domination sur nous tous, organisons-nous enfin plutôt pour en finir avec le travail contraint ! Et si ce n’est pour l’abolir ni le déserter totalement dans l’immédiat, puisque le capitalisme est une dictature que l’on ne renverse pas par des déclarations d’intention, luttons au moins pour nous réapproprier les moyens de décider vraiment de nos vies. Organisons-nous au maximum pour produire et nous procurer ce dont nous avons vraiment besoin, en-dehors du monde du salariat. Et quand nous sommes contraints de travailler, organisons-nous pour détourner l’appareil productif et pour saboter le profit, afin de nous répproprier les moyens de décider par nous-mêmes sur nos vies : c’est là l’origine et le sens véritable du syndicalisme.

S’organiser signifie aussi se défendre, collectivement, contre les attaques du capitalisme qui semble précipiter le monde dans sa chute en avant. LGV Lyon-Turin, chantiers du nucléaire et leurs pylônes, aéroport de Notre-Dame-des-Landes… la résistance contre ces dispositifs capitalistes ne s’organise pas que sur un refus théorique ou sur une argumentation économique. Elle se construit aussi par les expérimentations concrètes d’autres façons de vivre, d’autres sociabilités, en même temps que l’organisation d’une défense aux stratégies aussi multiples que complémentaires.

Employons-nous à ne plus être employés.

Juanito, 29 décembre 2012

[Poitiers] Un patron de restaurant soupçonné d’esclavagisme

NdPN : voici une nouvelle affaire sur des travailleur-euse-s exploité-e-s comme des esclaves dans le secteur de la restauration. Secteur bien connu pour son traitement bien particulier des droits du travail et du respect des salarié-e-s. A Poitiers comme ailleurs… Au vu de ce qu’on entend souvent de sordide de la part de personnes bossant dans la restauration ici à Poitiers, notamment des travailleur-euse-s étranger-e-s, cette affaire n’a hélas rien de surprenant. Saluons ici les syndiqué-e-s de la CGT qui soutiennent les salarié-e-s étranger-e-s éxploité-e-s, en se constituant partie civile à leurs côtés pour traîner aux prudhommes ce patron soupçonné d’esclavagisme. A bas les exploiteurs !

Soupçons d’exploitation dans un restaurant indien

Poitiers. Le patron d’un restaurant indien de la Grand’Rue est soupçonné  d’exploiter ses employés. Il nie tout. La CGT parle d’esclavagisme.

Le Shalimar a rouvert ses portes hier matin après une parenthèse imprévue de 48 h. Depuis mardi soir le patron de ce restaurant indien de la Grand’Rue se trouvait en garde à vue à la suite d’un contrôle mené par l’inspection du Travail sur fond de soupçons de travail illégal.

Pour la CGT, l’affaire va beaucoup plus loin que ça. Et Pascal Briand, son secrétaire départemental parle clairement d’esclavagisme. Une exploitation de jeunes étrangers contraints de travailler pour presque rien et dans des conditions indignes. « Ce sont des gens de chez nous qui se sont aperçus de choses bizarres. Ils ont eu des doutes en voyant la façon dont le patron se comportait avec ses salariés », explique Pascal Briand. C’était il y a un mois. La CGT est parvenue à recueillir des confidences de salariés désormais partis de l’établissement.

«  Il ne leur restait que 50 € pour vivre  »

« Ils étaient payés l’équivalent d’un euro de l’heure. Ils travaillaient 60 heures par semaine. Ils se trouvaient logés dans un taudis qu’ils payaient 400 € à leur patron dans le secteur du faubourg du Pont-Neuf. Au final, à la fin du mois, il ne leur restait plus que 50 €. Ils nous ont dit qu’on ne leur donnait que des restes pour manger. Ce sont des comportements qu’on ne peut pas accepter et qui nuisent à l’image de toute une profession. » Deux des salariés de l’établissement, des serveurs, ont pris attache avec un avocat, Me Malika Ménard, pour défendre leurs intérêts au pénal et aux prud’hommes. L’union départementale CGT entend elle aussi se constituer partie civile dans un dossier qu’elle juge emblématique. En attendant, l’enquête se poursuit à la demande du parquet. Car, les versions sont très contradictoires, et les services de police vont désormais s’attacher à vérifier les accusations portées.

repères

Le restaurateur conteste toute faute

Il est 10 h, le Shalimar s’apprête à rouvrir. Son patron, Tatheer Naqvi Syed, 37 ans, ouvre les rideaux. La grande salle s’éveille, deux employés sont là. «  L’affaire  », le patron ne souhaite pas en parler. Courtois, il renvoie la balle vers son avocate, Me Stéphanie Delhumeau-Didelot. « Je n’ai pas assisté à toutes les auditions, mais il a indiqué qu’il avait contesté tout ce qui lui est reproché. Pour le travail illégal, il m’a dit qu’un de ses employés lui avait fourni une identité qui s’est révélée fausse, mais il ne le savait pas. Quant aux salaires, ce n’est pas lui qui s’en occupe, mais un cabinet d’expert-comptable, il y a donc des fiches de paie qui sont émises. Pour les accusations qui portent sur des conditions de travail indignes, il ne m’a parlé de rien. Je sais juste qu’il nie tout. »

Emmanuel Coupaye, Nouvelle République, 21 décembre 2012

[Notre-Dame-des-Landes] Un camarade à l’hosto + Lettre d’un cégétiste à l’UD 44

Comment amputer des militant-e-s ? Faites appel au Parti socialiste et à ses robocops ! Du terrorisme d’État sur la ZAD…

Le dimanche 16 Décembre au soir, des camarades tentent de déloger de dangereux flics qui bloquent depuis plusieurs jours un carrefour, près des lieux d’organisation de la ZAD.

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Fouilles répétées, limitation au droit de circuler, contrôles d’identité, humiliations quotidiennes, provocations, ces dangereux terroristes n’ont eu de cesse depuis une semaine de se donner à cœur joie au régime de la terreur sur la ZAD.

Les camarades ne pouvaient que réagir à cette occupation militaire sur un territoire qui appartient à ceux/celles qui y vivent, qui y cultivent, qui l’aiment et qui y tissent des liens. Il fallait réagir et s’opposer à ces chiens de garde du PS et du capital, et les inciter (inutile de leur demander) à rentrer chez eux/elles, retrouver leurs familles et peut-être pouvoir réfléchir à l’(in)utilité et à la violence de leur métier.

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Mais évidemment, la hiérarchie ne le voit pas de cet œil là, elle qui est confortablement installé dans ses bureaux chauffés, en train de siroter leur whisky de luxe et à planifier sur une carte l’aménagement du territoire, en pensant bien sûr aux nouveaux profits et relations mafieuses que cela pourra leur amener. Alors ces bureaucrates, ces énarques, ces mafieux des temps modernes, il aiment pas trop qu’on veuille déloger ces « respectables » (sic) robocops qui sont bien utiles pour faire leur sale boulot !

Et comme ils se rendent compte que malgré leur mobilisation importante, la nôtre grandit de jour en jour ainsi que la solidarité envers nos différentes tactiques face à leur oppression quotidienne, ces mafieux se disent qu’en en blessant quelques-un-e-s d’entre nous, ils arriveront bien à nous terroriser ! Et pourtant la phase de répression violente du 23/24, avec une centaine de camarades blessés, n’a fait que renforcer notre rage et notre solidarité ! Mais comme ils ne possèdent que cela comme arme de persuasion, avec la répression judiciaire, et qu’ils ont la sympathie de la plupart des médias, pourquoi ne pas recommencer…

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C’est donc ce qui s’est passé ce dimanche 16 Décembre au soir, quand des camarades ont voulu dire non à l’oppression constante sur la ZAD. Leur violence « légitime » (sic) (terroriste oui !) s’est abattue une nouvelle fois, et c’est une camarade qui en a pris les conséquences.

Une camarade qui est aujourd’hui (le 17/12) à l’hôpital avec une fracture au tibia et à l’orteil, et avec le gros orteil en moins (amputation !) ! Les robocops ayant une nouvelle fois utilisé leur jouet de mutilation préféré : la grenade de désencerclement (sic) !

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Mais messieurs les mafieux, sachez que votre violence n’a que pour effet de nourrir notre détermination, notre rage et notre espoir à voir tomber ce projet d’aéroport stupide !

Vous êtes à court d’arguments, et vous utilisez la force… Chaque jour, nous en avons d’autres pour réclamer votre chute, celle du projet d’aéroport et du monde qui va avec !

Le terrorisme d’État ne passera pas !

Des cagoulés opposés aux terroristes

Collectif de lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, 17 décembre 2012 (repris par le Jura Libertaire)

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Lettre d’un cégétiste à l’UD 44

Lettre envoyée à mon syndicat suite aux prises de position de certains responsables départementaux sur le projet de NDDL

Hasta la victoria siempre.

Laurent

Militant Cégétiste et engagé dans le combat contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, je suis en désaccord avec les prises de positions exprimées par différents responsables départementaux de la CGT sur ce dossier. Y a-t-il eu un débat au sein de l’UD sur ce projet qui permet à certains seulement de s’exprimer ? Dans le numéro de janvier 2012 de l’Union des Travailleurs Anthony Lemaire, après avoir pris quelques pincettes : « Il n’est nullement question pour nous de discuter de l’opportunité de ce projet », rédige un article ou il n’est jamais envisagé que l’aéroport ne puisse jamais voir le jour. Cet article aurait pourtant pu être l’occasion d’ouvrir le débat sur un projet qui divise les organisations politiques, à gauche en particulier mais aussi les organisations syndicales.

Le lundi 10 décembre, Yves Tual s’exprimait sur Télé-Nantes et défendait mordicus le projet de Notre-Dame-des-Landes. Parlait-il au nom de la CGT, ou en son nom propre ? Les propos caricaturaux tenus, au cours de cette émission, n’ont pas servi à éclairer ce débat pourtant utile sur la pertinence qu’il y a ou pas à construire cet aéroport. Pourquoi parle-t-il de squatters professionnels ? Il les connaît ces jeunes militants qui dénoncent un modèle de développement mortifère pour les prochaines générations ? Au nom de l’emploi il faudrait donc produire tout et n’importe quoi ? Bien sûr qu’il faut des infrastructures, mais pas pour remplacer celles qui existent déjà. Quel avenir pour Airbus à Bouguenais ? Qui va payer pour la piste indispensable à l’usine ? D’accord il faut des avions mais est-il normal d’aller en avion à Paris ou à Lyon ou faut-il mieux développer le rail pour les liaisons internes ? Quel développement pour l’Ouest de la France si les infrastructures ne servent au final qu’au Pôle Métropolitain Nantes – Saint-Nazaire ? Qu’est-ce qu’on mange demain si on continue à artificialiser les terres agricoles ? Après avoir été le lieu des convergences des luttes ouvrières et paysannes de la fin des années 60, ne reste-t-il plus rien en Loire-Atlantique de cette solidarité entre ouvriers et paysans ? Qu’est-ce qui reste pour les zones sensibles, les zones humides, la biodiversité ? L’histoire ne nous a-t-elle pas appris que les premières victimes de la pollution ce sont les travailleurs : les milliers de morts de l’amiante, les ouvriers agricoles victimes des pesticides, ceux de Seveso, Tchernobyl, Fukushima… Plus 4°C en moyenne d’augmentation de la température avant la fin du siècle : qui va souffrir ? Les actionnaires des grands groupes ou les travailleurs ? Les pauvres ou les riches ? Faut-il limiter le débat à la seule alternative croissance ou décroissance comme le dit Yves Tual ou a-t-on le droit de réfléchir à un autre mode de développement ? Le bonheur passe-t-il par le toujours plus ou par le mieux ?

Pour en avoir été témoin direct, je peux dire qu’en trente ans de militantisme associatif, politique ou syndical, jamais je n’avais assisté à un tel déchaînement de violence de la part des autorités. Les médecins présents sur place ont fait écho dans la presse des violences infligées aux opposants. La CGT s’honorerait à au moins dénoncer la répression inadmissible infligée aux opposants.

Toutes ces questions auraient pu être posées si un vrai débat avait eu lieu au sein de notre organisation syndicale. Au lieu de cela on laisse parler en notre nom, un leader syndical, déconnecté des problématiques de demain, engoncé dans ses certitudes productivistes, méprisant pour tous ces jeunes qui réfléchissent [et] essayent d’inventer un autre monde.

Par ce courrier, je demande à l’UD 44 d’organiser le débat sur le projet de Notre-Dame-des-Landes et une dénonciation claire et nette de la répression.

Fraternellement

Vu sur le Jura Libertaire, 17 décembre 2012

[Ingrandes – 86] Coop Atlantique : blocage du site hier, opération escargot aujourd’hui

Coop Atlantique : les salariés montent en pression

Les salariés de la Coop Atlantique à Ingrandes ont bloqué le site hier alors que se déroulait à Saintes un CCE destiné à examiner le plan social. Pas d’avancée.

Les salariés, emmitouflés, tentent de se réchauffer auprès d’un feu de palettes. Devant l’usine, où un piquet de grève a été installé depuis la nuit, les gens discutent par petits groupes.

« C’est Noël mais justement on n’y croit plus au Père Noël : le site, il est fichu, commentent Jean-François et Bruno, deux grévistes. Mais le pire, c’est qu’on a du boulot ! ». « On va se battre pour avoir quelque chose au bout, récupérer le maximum de sous », argumente un de leurs collègues. A la Coop Atlantique (154 personnes) à Ingrandes-sur-Vienne, vouée à la fermeture en 2014, le ton est plutôt résigné. Même si, en se mobilisant, certains veulent croire qu’ils peuvent encore peser.

«  Du temps partiel comme plongeur ou hôtesse de caisse  »

« Avec l’intersyndicale CGT et CFDT, on a décidé de bloquer l’entrepôt pour se faire entendre, expliquaient hier matin les syndicats. Il n’y a ni entrée, ni sortie de camion depuis ce matin 2 h (hier matin NDLR) ». Un coup de pression en pleine période de fêtes de fin d’année, pic d’activité pour le site et pour le groupe, alors que se déroulait toute la journée au siège à Saintes, une réunion de CCE sur la procédure du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). « Cette fermeture est injustifiée d’autant que l’entreprise gagne de l’argent et que l’activité est là, souligne Mickaël Giront de la CGT. La Coop propose un redéploiement dans tous les magasins de la société. Mais ça va être du temps partiel comme hôtesse de caisse dans un Super U ou plongeur chez Toquenelle ». Finalement, le CCE du jour n’a pas marqué d’avancée dans le dossier, selon Christian Triphose, délégué CGT, présent en Charente Maritime. Lui espérait pouvoir traiter le plan social d’Ingrandes isolément du reste de la prodécure. Voeu pieux. Un expert a été nommé. La prochaine réunion à Saintes est programmée le 11 janvier.

Opération escargot demain

Le piquet de grève a été levé en fin de journée. Les salariés se mobiliseront de nouveau demain. L’union locale CGT de Châtellerault appelle en effet à un rassemblement devant la Coop (9 h 30) avec opération escargot en direction de Châtellerault.

Sollicitée, la direction de la Coop à Saintes n’a pas fait de commentaire.

réaction

Jean-Pierre Abelin :  » Mobilisation ! « 

« Malgré la nomination d’un expert mardi en CCE à Saintes, je reste très inquiet sur l’avenir du site Coop Atlantique d’Ingrandes », écrit le président de la communauté d’agglomération du Châtelleraudais et maire de Châtellerault, Jean-Pierre Abelin. « J’apporte tout mon soutien aux salariés et appelle une nouvelle fois à une mobilisation bien plus active de la part des élus et du gouvernement. Après avoir rencontré les représentants syndicaux et le directeur du site, je me rendrai à la rencontre des salariés à l’occasion du regroupement qu’ils formeront devant la mairie de Châtellerault ce jeudi. »

Franck Bastard, Nouvelle République, 11 décembre 2012