[Poitiers] Les intermittents du spectacle manifestent

Ségolène Royal veut « demander des tâches » aux intermittents du spectacle

Ségolène Royal, présidente (PS) de Poitou-Charentes, a suggéré jeudi de « demander des tâches » aux intermittents du spectacle, en contrepartie de leur indemnisation chômage. Réponse des intermittents en manifestation ce matin à Poitiers. « Nous faisons déjà les tâches qu’elle propose, et sommes rémunérés pour cela ».

Interrogée par i>Télé sur le régime spécial de ces travailleurs intermittents que le Medef veut fondre dans le régime général, l’ex-candidate à la présidentielle a répondu ce matin : « La culture n’est pas déficitaire, elle rapporte énormément à un pays comme la France. » Donc « on sauve les intermittents, mais peut-être qu’on peut leur demander des tâches. »

« Faisons du gagnant-gagnant », a proposé Mme Royal. « Il y a une soif de culture dans les écoles, les collèges, les lycées. Pourquoi est-ce que les intermittents, en contrepartie de leur indemnisation, n’interviendraient pas dans le système scolaire » ou « dans les maisons de retraite », pour répondre à la « démocratisation d’accès à la culture ? ».

Réponse des intermittents du spectacle qui manifestaient ce matin à Poitiers, depuis la Place Leclerc jusqu’à la direction régionale du travail et de l’emploi : « Nous faisons déjà ces interventions et sommes rémunérés pour cela. »

Le patronat a adressé ce mercredi aux syndicats un projet réitérant sa proposition visant à supprimer le régime spécial des intermittents du spectacle. Une manifestation des intermittents opposés à ce projet se déroulait ce jeudi matin à Poitiers et a rassemblé 150 personnes. Ils ont envoyé un mail au ministre du travail pour lui demander d’écarter cette proposition des négociations en cours sur l’assurance chômage, avant de s’installer pour un pique-nique dans la cour du bâtiment de la direction régionale du travail.

>>> A lire aussi : Jérôme Lecardeur du TAP à Poitiers : « pas de spectacle sans intermittents

La rédaction, Nouvelle République, 27 février 2014

[Europe] 4,1 millions de sans-abris et 11 millions de logements vides

Europe : 11 millions de logements vides… pour presque trois fois moins de SDF

SOCIAL – Environ 11 millions de logements seraient vides en Europe alors qu’il y aurait près de trois fois moins de sans-abri, selon une étude révélée dimanche par le quotidien britannique The Guardian.

« Un gâchis scandaleux ». C’est en ces termes que des militants contre le mal logement ont accueilli les révélations du Guardian dimanche, selon lesquelles l’Union européenne compterait 11 millions de maisons vides pour 4,1 millions de sans-abri.

Dans le détail, l’Espagne apparaît comme le mauvais élève de l’Europe avec plus de 3,4 millions de logements vides, contre deux millions pour la France et l’Italie, 1,8 millions en Allemagne et plus de 700.000 au Royaume-Uni. Suivent  l’Irlande, la Grèce puis le Portugal.

« Trop de personnes sans logement »

Le quotidien britannique précise que beaucoup de ces logements vides se trouvent dans de vastes complexes touristiques. Ces derniers ont vu le jour lors de la fièvre immobilière qui a précédé la crise de 2007-2008 mais n’ont jamais été occupés. Outre les 11 millions de logements vides, des centaines de milliers d’autres à moitié construits ont été détruits pour essayer de faire grimper le prix des maisons existantes.

Des députés européens ont adopté une résolution, le mois dernier, afin de demander à la Commission européenne « d’établir une stratégie pour les sans-abri dans les plus brefs délais ». En attendant, comme le résume une membre d’une association espagnole pour l’accès au logement, « il y a trop de personnes sans logement et trop de logements sans personnes ».

Vu sur Metronews, 24 février 2014

Mise à jour PN : selon cette carte réalisée à partir des données de l’INSEE, si l’on clique sur Poitiers on voit :

Poitiers (86)  Nombre total de logements: 53420

Nombre de logements vacants: 4754

Pourcentage de logements vacants: 8.90%

Donc au moins de quoi loger 7 à 8000 personnes immédiatement ! Quelles belles organisations sociales que le capitalisme et l’Etat, où la propriété exclusive sur les espaces de logements (propriété privée ou publique), bref le droit du porte-monnaie, prévaut sur le droit au logement…

[Nantes] Prison ferme pour des manifestants + un communiqué et un témoignage

NdPN : Suite aux comparutions immédiates, peines de 5 à 6 mois fermes et 6 de sursis pour un autre. Soutien inconditionnel aux condamnés.

Voici par ailleurs deux avis divergents des médias de masse sur la manif du 22 février à Nantes :

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Lettre ouverte du mouvement armé au préfet de Loire atlantique, M. Christian de Lavernée. Sur la zad, le lundi 24 février 2014

Cher Christian,

Vous avez déclaré hier, « L’opposition institutionnelle à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes doit cesser d’être la vitrine légale d’un mouvement armé ».  Il nous serait facile de vous reprocher, M. Le Préfet, de vouloir à votre tour briser des vitrines. Mais après la manifestation de samedi, autant l’avouer tout net et cesser enfin de nous cacher : nous sommes bel et bien un mouvement armé.

Nous sommes un mouvement armé de bon sens remuant et d’idées explosives, de palettes et de vis, de pierres parfois – même s’il y a ici plus de boue et de prairies, de carottes et de poireaux, d’humour et de tracteurs, d’objets hétéroclites prêts à former spontanément des barricades et d’un peu d’essence au cas où, d’aiguilles à coudre et de pieds de biche, de courage et de tendresse, de vélos et caravanes, de fermes et cabanes, de masques à gaz ou pas, de pansements pour nos blessés, de cantines collectives et chansons endiablées, de livres, tracts et journaux, d’éoliennes et de radios pirates, de radeaux et rateaux, de binettes, marteaux, pelles et pioches, de liens indestructibles et d’amitiés féroces, de ruses et de boucliers, d’arcs et de flêches pour faire plaisir à Monsieur Auxiette, de salamandres et tritons géants, de bottes et impers, de bombes de peinture et de lances à purin,  de baudriers et de cordes, de grappins et de gratins, et d’un nombre toujours plus important de personnes qui ne vous laisseront pas détruire la zad.
Vous ne nous ferez pas rendre ces armes.

Et vous, M. Le préfet, quand cesserez vous d’être la vitrine légale d’un mouvement armé ?

Sincèrement,

Les Black Ploucs

Vu sur zad.nadir.org, 25 février 2014

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Compte-rendu très personnel de la manifestation du 22 février à Nantes et témoignage de Quentin qui a perdu un oeil‏

La manifestation était une des plus belles que j’ai faites. Des vrais gens  vivants, avec beaucoup d’énergie et de joie d’être là. De la musique, des banderoles et pancartes très « personnelles », des danses, chansons, déguisements (les masques de tritons étaient superbes) et même une cabane dans les arbres ! Nous sommes arrivés fatigués après un voyage dans un autocar pas vraiment ordinaire depuis Toulouse. Après avoir pris un petit déjeuner on est allé visiter le marché du centre-ville, avec nos pancartes qui indiquaient d’où nous venions. Un accueil très sympathique de beaucoup de gens, ce qui nous a tout de suite confirmés dans notre conviction que ce voyage en valait la peine. Puis dans la rue on tombe sur l’arrivée de plusieurs dizaines de tracteurs, remplis d’individus souriants et plus ou moins déguisés. On s’est mis sur le trottoir en brandissant nos pancartes et là-aussi, nous avons senti que c’était important d’être-là. D’ailleurs, cela n’a pas cessé tout au long de notre périple : des « mercis » chaleureux de dizaines de personnes touchées que nous soyons venus de si loin. Beaucoup nous ont dit qu’ils nous rendraient la pareille, au cas où… Et nous en avons profité bien sûr pour leur parler de ce qui nous inquiète le plus : la menace toujours présente de l’exploitation des gaz de schiste  l’hallucinant projet du « Las Vegas » gardois, les « Golfs » de Saint Hilaire… Nous avons fait une grande partie de la manif derrière la banderole des Montpelliérains « Gardarem la Terra ».  Tout au long du cortège, nous avons eu des contacts avec des gens qui ont eux-mêmes des problèmes dans leur région, on en reparlera.

Concernant les « incidents » , ils étaient déjà prévisibles  vue la gigantesque ampleur du déploiement policier, la disproportion des moyens utilisés par les forces dites de « l’ordre » et l’interdiction arbitraire d’emprunter un lieu qui avait été jusque-là un passage habituel des manifestations à Nantes. Le plus impressionnant fut sans doute l’incendie d’appareils de forage situés sur une place.  Mais il faut noter surtout la tentative de plomber l’ambiance par le déploiement de gendarmes mobiles, puissamment harnachés, et qui interdisaient l’accès au centre. Dans le ciel, un hélicoptère de la police qui survolait le cortège en permanence, tel une menace latente, ajoutait à un sentiment d’insécurité. A la fin, le bruit de ce bourdon métallique se fit encore plus gênant, au point de rendre très difficile l’audition des « prises de parole », là où stationnaient les 500 tracteurs, au terme du trajet. Au cours de celui-ci nous avons pu voir la devanture d’un siège de Vinci totalement dévastée, ce qui,  je crains de devoir le reconnaître, m’a plutôt mis en joie. Mais nous n’avons pas assisté aux incidents ultérieurs. Il faut dire que la fatigue de la nuit sans sommeil et de la marche commençaient à devenir pesante. A la fin de la manifestation, on s’est réfugiés dans un café, histoire de récupérer. Et c’est en sortant que l’on a vu l’ampleur des dégâts, si l’on peut dire. Car loin d’être « dévasté », comme on l’a entendu dire ensuite sur France Inter, une partie du centre avait en effet subi quelques modifications dont on ne peut pas vraiment dire, à mon sens, qu’elles le desservaient. Ces modifications apportées au décor urbain étaient d’ailleurs très ciblées. Ainsi d’affreuses baraques de métal avaient été transformées en braseros et laissaient échapper flammes et fumée, évoquant irrésistiblement les tableaux de Turner. Quelques façades de banques et d’agence de voyages étaient détruites, ce qui, nonobstant les analyses politiques que l’on pourra faire des conséquences plus ou moins fâcheuses de ce genre d’action, n’est pas non plus un spectacle spécialement désagréable à regarder. Parfois un trait d’humour taggé sur ce qui restait de vitrine venait souligner que cette réponse sinon véritablement citoyenne, du moins raisonnablement humaine, à l’agression à la fois morale et esthétique que nous subissons sans broncher de façon quotidienne dans les centres de nos villes n’était qu’une manière de prendre au mot l’incitation à venir fréquenter ce genre d’endroit. Ainsi, sur la vitrine d’une agence de voyage se côtoyaient ces deux inscriptions :  l’officielle prétendant de façon faussement amicale et pompeuse :  « Bienvenue chez nous ! », et celle, sobre et plus sincère, des visiteurs d’un soir, se contentant d’un laconique « Nous sommes passés ». Mais enfin, lorsque tant de façades affichent avec autant de vulgarité une passion si violente pour l’argent et la frime, leurs propriétaires ne prennent-ils pas le risque que l’on vienne en effet, un beau jour, ayant perdu toute patience, leur dire notre irritation ? Bref, nous avons déduit de toutes ces observations qu’il y avait eu des « casseurs ». Mais que celles et ceux qui n’ont jamais eu envie de lancer dans ces fallacieuses façades vitrées le moindre pavé leur jettent la première grenade assourdissante… Enfin, parcourant les rues de la ville pour regagner notre surprenant moyen de locomotion, nous avons dû respirer, avec les habitants de cette cité livrée aux caprices des escadrons de gendarmes, un air totalement pollué par les gaz lacrymogènes, lesquels furent répandus avec une absence irresponsable de sens de la mesure. Manifestement, tout avait été fait pour créer des conditions propres à exciter la juste colère des manifestants et, en soumettant tout le centre à une occupation policière digne de Kiev,  à susciter dans la population des sentiments d’exaspération vis-à-vis de ceux-ci. Mais de ce que j’ai vu et ressenti, je ne crois pas que cette dernière stratégie ait eu les résultats escomptés. Certes, les médias aux ordres ont mis en avant les « dégâts » provoqués par les « casseurs », et de ce point de vue, ces actions que l’on pourrait tout aussi bien considérer comme relevant de la salubrité publique pourraient nuire à la popularité du mouvement. Mais il y avait tant d’énergie et de conviction qui rayonnaient de ce défilé que ce qui restera sera la joie d’avoir été réunis pour une si belle cause, et cette joie est communicative…

[suite le témoignage de Quentin, ayant perdu son œil gauche]

Jyhel, du collectif NDDL de Nîmes

vu sur lesilencequiparle, 24 février 2014

[Poitiers] Inauguration de la passerelle Léon Blum

On a marché sur Léon Blum 

Aller toujours plus vite, tel est le progrès. A quand une passerelle reliant la Terre à la Lune ? La multinationale Vinci, généreusement nourrie de divers juteux contrats public-privé sur Poitiers (Coeur d’agglo, quartier des Montgorges…) et la région (LGV Poitiers-Limoges), avait reçu 28 millions d’argent public pour la livraison d’une nouvelle, pharaonique et indispensable passerelle, remplaçant la passerelle des Rocs. Le projet avait été acté en 2009 par la communauté d’agglomération de Poitiers ; commander des travaux pour entretenir l’ancienne passerelle aurait certes été bien moins coûteux, mais tellement ringard. Alors allons, oublions vite ce vieux gymnase, ou cette belle demeure ancienne squattée par une bande d’anticapitalistes, rasés pour l’occasion. Séchons nos larmes après le regrettable suicide d’une dame depuis l’ouvrage encore en construction il y a quelques semaines. Et place à la fête !

La traversée fantastique

Le 6 février à 6h03, Vitalis a inauguré la chaussée réservée aux transports en commun, aux cyclistes, aux piétons. « Moment historique » : un bus à haut niveau de service (BHNS) de Vitalis a transporté un passager, unique, se rendant à l’école nationale supérieure de mécanique et d’aéronautique. L’épopée technique se double d’une adhésion aux valeurs de la croissance verte et durable. D’une part le bus est hybride, mêlant aux bonnes odeurs de diesel la consommation d’énergie électrique (propre, puisque les mines d’uranium destiné au nucléaire français sont surtout situées au Niger et que les déchets sont envoyés à La Hague, ce coin reculé du Cotentin). D’autre part les voitures polluantes ne passeront pas ! Elles devront juste continuer à faire un grand tour par le Pont-Achard ou la Porte de Paris, priées de salir ailleurs que sur la passerelle… Le conducteur de bus ayant l’honneur de la première traversée a accompli un mémorable exploit : « Il est passé de manière très fluide (…) et il a pu passer sans difficulté particulière, pour ce passage historique ! », s’enthousiasme le responsable d’exploitation chez Vitalis, au premier plan de la chaussée neuve, aussi large que… déserte. On n’arrête pas le progrès.

J., Pavillon Noir, 7 février 2014

NdPN : voir aussi cet article sur Léon Blum

[Nantes] Témoignage de Quentin, gravement blessé à l’oeil gauche

NdPN : suite à la manif de Nantes le 22 février, quatorze interpellations (selon la préfecture) ; cinq personnes passent en comparution immédiate aujourd’hui même. De nombreuses personnes ont été blessées lors de la manif à Nantes. Dont Quentin, qui témoigne.

Quentin, gravement blessé à l’oeil le 22 février à Nantes

retranscription du témoignage de Quentin, gravement blessé à l’oeil le 22 février à Nantes

Ca  a démarré vraiment quand on s’est retrouvés vers Commerce, au moment où  on devait remonter normalement le cours des 50 otages, ce qui était  censé être le parcours de la manif. Là, il y avait des cars de CRS et  des barrières qui bloquaient tout. Nous quand on est arrivés, direct on  s’est fait gazer. Il y a eu tout de suite des gaz lacrymo qui ont été  jetés sur les gamins, sur tous les gens qui étaient là.
>> écouter le son là : https://soundcloud.com/valk-photos/retranscription-du-t-moignage
>> lire la transcription ci-dessous :
>> et surtout faites tourner…

retranscription du témoignage de Quentin, gravement blessé le 22 février à Nantes23 février 2014, 15:33

Ca  a démarré vraiment quand on s’est retrouvés vers Commerce, au moment où  on devait remonter normalement le cours des 50 otages, ce qui était  censé être le parcours de la manif. Là, il y avait des cars de CRS et  des barrières qui bloquaient tout. Nous quand on est arrivés, direct on  s’est fait gazer. Il y a eu tout de suite des gaz lacrymo qui ont été  jetés sur les gamins, sur tous les gens qui étaient là.

Là c’était la manifestation paisible, normale ?

C’était  la manifestation paisible mais il y avait quand même déjà des gens un  peu excités déjà avant, depuis le début de la manif. Donc nous on est  restés un petit peu dans la zone, voir un peu ce qui se passait, et puis  après, sur les conseils des organisateurs et tout, on a continué à  marcher, à aller vers le point de ralliement, l’endroit où c’était fini,  pour qu’il y ait un mouvement et que ça s’essoufle un peu.

Après,  il y a eu plusieurs salves d’affrontement, des lacrymos qui  perpétuellement revenaient, lancés par les flics. Et moi, ce qui m’est  arrivé, c’est à la fin, on était vers la place Gloriette, entre  Gloriette et l’autre là, là où il y a le café plage, ce rond-point là en  fait, près du CHU justement. Et nous on allait pour se replier, on  rentrait, les CRS avançaient eux, avec les camions et tout le truc, et  moi je reculais avec tout un tas d’autres gens. Je reculais en les  regardant pour pas être pris à revers et pouvoir voir les projectiles  qui arrivaient. Et là, à un moment, j’ai senti un choc, une grosse  explosion et là je me suis retrouvé à terre et, comme ils continuaient à  nous gazer, ils continuaient à envoyer des bombes assourdissantes alors  que j’étais au sol, des gens ont essayé de me sortir le plus vite  possible, de m’emmener plus loin aussi. Et puis après  je sais pas trop,  on m’a mis dans une… les pompiers m’ont emmené quoi.

Et  donc, on dit que tu as reçu une grenade assourdissante qui, au lieu  d’être tirée en l’air, a été tirée de façon horizontale, dans ton œil ?

Je  l’ai prise directement dans le visage. Elle a explosé dans mon visage.  Vu ce que ça a fait… Elle a explosé là et c’est comme ça que moi je  l’ai ressenti, quoi. Le choc, ça a été un bruit et une douleur  extrêmement vive sur le coup, puis bon moi je me suis écroulé. C’est  vrai que c’était assez violent j’ai trouvé. Il y avait, de la part des  manifestants, des gens qui voulaient absolument lancer des trucs sur les  CRS mais les CRS, eux, gazaient n’importe qui. Et ils visaient, au  flash ball, ils étaient cachés, on les voyait viser, suivre des gens qui  marchaient ou qui couraient en face pour aller se mettre à l’abri. Ils  les visaient, les suivaient et shootaient, quoi. et ils visaient pas les  pieds. On a vu la façon dont ils tiraient, c’était très… c’était  ciblé.

Et toi tu étais là, en manifestant paisible, tu n’étais pas armé, tu n’avais rien dans les mains ?

J’étais  pas armé, j’avais pas de masque à gaz, j’avais pas de lunettes de  protection. On était là pour une manifestation familiale, festive, on  était là pour faire masse, pour faire du nombre. Et après, c’est vrai  que je suis resté même s’il y avait les lacrymos, parce que je trouvais  ça injuste et qu’il fallait rester. Y’avait des gens, y’avait des pères  de famille, y’avait des anciens, y’avait un petit peu de tout et voilà,  moi je voulais rester aussi avec les gens pour montrer qu’on était là  mais sans…

(Quentin n’a plus d’œil gauche)

Vu sur Indymedia Nantes, 23 février 2014