[Rennes] Un squat expulsé à coups de matraques

NdPN : nous reprenons le commentaire sur youtube (publié le 1er février 2013). Pour voir la vidéo, cliquer sur l’image.

A Rennes, le 01/02/2013, un squat a été expulsé place St-germain, les résidents (squatteurs) étaient en toute légalité. La police a agi avec violences sans menaces de la part du groupe solidaire, et pacifiste, au squat. Les images parlent d’elles mêmes.

squat rennes

[Poitiers] Droit au logement : après le déni, le mépris

Droit au logement : après le déni, le mépris

Le 15 janvier dernier, la directrice du CCAS de Poitiers (centre communal d’action sociale), Mme Brunet déclarait dans la presse : « Toute personne débarquant à Poitiers peut être hébergée ; il suffit de faire le 115. Il y a des places. En priorité d’ailleurs pour les femmes et les enfants. Y compris, s’il le faut, avec des solutions d’appoint comme les nuitées d’hôtel. »

Par une lettre rendue publique dimanche dernier, nous lui avons répondu (VOIR) que ses allégations étaient fausses. Hélas oui, aujourd’hui en 2013, à Poitiers, des familles dorment dans la rue, parce qu’il n’y a pas de place pour elles au 115 alors qu’il est de la responsabilité de l’Etat de leur fournir un hébergement. Nous lui avons aussi exprimé notre étonnement face à sa prise de position sur le 115 : le CCAS dépend de la commune et n’a donc pas compétence à couvrir la préfecture, responsable du 115 et de ses manquements à l’obligation de proposer un logement décent à toute personne ou famille en difficulté.

N’ayant pas obtenu de réponse, nous nous sommes rendus ce vendredi 1er février à 14H au CCAS, accompagné-e-s de nos ami-e-s du DAL 17 et de Mgr Gaillot, qui avaient fait le déplacement dès ce matin pour le procès en appel de trois militants du droit au logement, arrêtés lors de l’évacuation musclée du campement de 2 avril 2012 par les forces de police et la mairie.

Après avoir déployé des banderoles pour le droit au logement devant le CCAS, nous sommes rentrés dans le hall et avons demandé à être reçus par Mme Brunet pour pouvoir dialoguer avec elle. La secrétaire nous a fait patienter une petite heure, et nous avons attendu pacifiquement.

Finalement, Mme Brunet a envoyé sa responsable de l’action sociale nous transmettre son message : elle refuse carrément de nous recevoir. Nous n’aurions qu’à nous adresser à la mairie – comme si nous ne le faisions pas depuis longtemps. Nous avons demandé le motif de ce refus de dialogue, mais la fonctionnaire nous a répondu qu’il n’y en avait aucun. Nos ami-e-s du DAL 17, ayant l’habitude d’être reçu-e-s par le CCAS de La Rochelle, ont été sidérés de ce mépris affiché.

Nous sommes donc ressorti-e-s devant le CCAS, où nous avons pu constater que les policiers nous photographiaient et filmaient, accompagnés d’un agent de renseignement. Nous avons contacté les médias locaux pour évoquer la situation. La presse locale tout d’abord, puisque c’est elle qui a relayé la déclaration de la directrice du CCAS prétendant qu’il y avait des places au 115 et que le droit au logement était appliqué.

La rédaction nous a répondu qu’elle n’avait pas prévu cela au programme de la journée. Nous avions pourtant annoncé que nous ferions un communiqué de presse suivi d’une action. Nous ne sommes hélas guère étonnés. La presse locale se fait fréquemment le porte-voix des propos de la mairie quand elle affirme qu’il n’y aurait pas de problème de logement sur Poitiers ou quand elle s’attaque au DAL 86 ; elle ignore en revanche régulièrement nos communiqués de mise au point.

France 3 devait nous recontacter, mais ne l’a pas fait. France bleue n’a pas non plus daigné venir.

Vers 15h10, encore une provocation : la directrice du CCAS envoie la secrétaire et la responsable de l’action sociale fermer le portail de ce service public, juste sous notre nez. Nous notons pourtant bien que le CCAS affiche à son entrée que les portes sont sensées être ouvertes au public jusqu’à 17h30. Quelle ironie, alors que la responsable de l’action sociale nous avait fait remarqué qu’il y avait des gens qui travaillaient et que d’autres avaient besoin d’entrer dans le CCAS (ce que nous n’empêchions évidemment pas).

Le DAL 86 avait pris note du déni public par la directrice du CCAS de la réalité des gens qui dorment dans la rue. Il prend à présent bien note du mépris éhonté dont elle témoigne à l’égard de notre demande de dialogue, sur ce droit si fondamental du logement. Face à un CCAS et à une mairie qui couvrent les manquements intolérables de la préfecture quant à son obligation de loger décemment les personnes et les familles en difficulté, nous envisageons donc à présent d’autres actions.

Un toit c’est un droit. Que les administrations qui dénient la souffrance sociale et méprisent les personnes qui militent pour ce droit sachent que nous ne lâcherons rien.

DAL86 – dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56

Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h et tous les mardis soirs de 17h à 18h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

[Poitiers] Homophobie tranquille dans une ville bonhomme

Aujourd’hui à Poitiers, un millier de manifestant-e-s environ se sont rassemblé-e-s, venant de tout le département de la Vienne, contre le mariage pour tou-te-s. Ces personnes dénient ainsi l’égalité des droits des homosexuel-le-s en termes juridiques (droits de succession, questions de parentalité), et refusent la reconnaissance de situations déjà existantes d’homoparentalité, maintenant jusqu’à présent les enfants concernés dans une situation de déni social (en arguant qui plus est avec cynisme que ce serait pour le bien des enfants).

70 contre-manifestant-e-s ont répondu présent, militant-e-s homos, militant-e-s d’organisations politiques, et un certain nombre d’anti-autoritaires, malgré le relai très faible car tardif de l’information dans les réseaux militants (voir notre appel ici).

Plusieurs choses à noter :

– Comme d’hab, les flics ont empêché les contre-manifestant-e-s de s’approcher, faisant un cordon et discutant avec le service d’ordre des réacs. Comme d’hab, ils nous ont filmé-e-s avec insistance (notamment les anti-autoritaires). Comme d’hab, ils nous ont menacé-e-s quand nous tentions de nous approcher. En revanche, ils ont laissé sans problème passer des gens du rassemblement homophobe, venant tenter de nous convaincre.

– Les manifestant-e-s contre le mariage homo ont tenu des propos sexistes à répétition, affirmant la différence de l’homme et de la femme, qui auraient des rôles « complémentaires », reniant ainsi le fait évident que les genres sont des constructions culturelles. Ils ont aussi bien évidemment tenu des propos homophobes inacceptables. Entre autres slogans entendus, à plusieurs reprises : « Mariage homo, mariage OGM ». Quand on sait que l’homosexualité a longtemps été considérée comme une maladie, subir de tels propos se référant à un fléau social d’une part et à la génétique d’autre part, aujourd’hui sur la place publique, sous l’oeil bienveillant des autorités, a de quoi nous mettre en rage.

– Les manifestant-e-s contre le mariage homo ont disposé d’une véritable tribune, avec micros, table sono et enceintes crachant leurs propos déplorables… sur le parvis même de la mairie, à hauteur de la porte de la mairie. Le bâtiment communal avait à ses pieds une foule d’un millier de personnes déblatérant leur homophobie avec une grosse sono en plein coeur de la ville. De fait la préfecture et la mairie (cette dernière se prétendant pourtant « socialiste » et en tout cas favorable à l’adoption du mariage pour tou-te-s), ont offert éhontément, aujourd’hui, une tribune à la haine homophobe.

Il n’est hélas guère étonnant, dans un système marchand où tout se vaut, que ce gouvernement considère qu’il est « légitime de débattre de façon citoyenne »… entre égalité des droits d’une part et homophobie d’autre part. Un peu comme lorsque des cathos intégristes manifestent contre le droit à l’avortement sous la protection des flics, en comparant publiquement l’avortement à un génocide, au nom d’une « liberté d’expression » à sens unique, où ce sont les contre-manifestants défendant les libertés qui sont filmés, repoussés et parfois réprimés (voir aussi la répression récente de manifestant-e-s antifascistes, lors de la pièce de Castellucci).

Cette triste manifestation de haine sur la place publique par des gens prétendant nous interdire quoi faire de nos vies montre une fois de plus que nous n’avons rien à attendre de quelque gouvernement que ce soit contre la domination patriarcale, et que nous devons nous organiser. Les libertés ne se demandent pas, elles se prennent.

Pavillon Noir, 2 février 2013

NdPN : vidéo de la NR ici, article ici sur les autres manifs ayant eu lieu dans des villes proches.

[Poitiers] Procès en appel de trois militants pour le droit au logement, suite à l’expulsion du campement de la place Notre-Dame

NdPN : un compte-rendu du procès sera bientôt diffusé par le DAL 86.

Procès en appel de trois membres du DAL ajourd’hui à Poitiers, accusés de rebellion par la police

Après des mois de procédures, trois militants du DAL (Droit Au Logement) 86 ont comparu devant la Cour d’Appel de la Vienne. Il leur est reproché des comportements violents à l’égard des policiers venus les déloger de leur campement le 2 avril 2012.

Cinq militants du DAL 86 ont été condamnés en juillet 2012 pour rebellion : deux fois deux mois de prison fermes, deux mois avec sursis, 1500€ d’amendes, 1200€ de dommages et intérêts et 480€ de frais. Trois des cinq ont fait appel de ces condamnations et se retrouvaient ce vendredi devant un ministère public particulièrement virulent à leur égard.
Une première fois en novembre 2012, leurs avocats avaient démontré que l’évacuation de leur campement devait répondre à un trouble de l’ordre public réel, et qu’aucune décision de justice n’avait demandé à la police de les déloger du campement qu’ils avaient installé devant l’église Notre-Dame à Poitiers.
Les trois militants du DAL 86 espèrent éviter la prison ferme. Ils ont été accompagnés dans leur démarche par Mgr Jacques Gaillot, qui avait fait le déplacement pour les soutenir, comme il le fait régulièrement depuis le début de cette affaire.
Pour en savoir davantage sur les enjeux de ce procès voici le reportage de Maylis Chauvin et Luc Barré

http://www.youtube.com/watch?v=hgwP3viRjYQ&feature=player_embedded

France 3, Bernard Dussot, 1er février 2013

Les campeurs du DAL en appel

La chambre des appels correctionnels de la cour d’appel de Poitiers a examiné à son tour, hier, les circonstances de l’évacuation, le 2 avril 2012, du campement improvisé qui avait été installé sur la place Notre-Dame par un groupe de personnes agissant en soutien à la cause du Droit au logement (DAL).
Son porte-parole national Jean-Baptiste Eyrault a d’ailleurs assisté à l’audience au côté de Mgr Jacques Gaillot, venus soutenir les trois militants qui se sont expliqués devant la cour.
Ils ont fait appel du jugement du tribunal correctionnel qui les avait condamnés en juillet dernier, à deux mois de prison ferme pour l’un d’entre eux (rébellion, outrage et menace en récidive), et à des peines d’amende de 300 et 400 € pour les deux autres (rébellion).
Comme devant les premiers juges, ils ont contesté les faits de rébellion, disant avoir résisté de façon pacifique. Des paroles de militants contredites par le représentant de la police, également partie civile, qui est revenu sur les faits consistant en une occupation illicite du domaine public. « On a fait notre devoir », a-t-il assuré. « J’ai l’impression qu’il y a les gentils militants, et puis les violents, les méchants policiers… » s’est étonné le représentant du ministère public, par la voix de Frédéric Chevallier, pour qui il y a eu résistance active à un acte d’interpellation. « Ce n’est pas en étant voyou qu’on fait avancer la cause », a-t-il ajouté en demandant la confirmation en grande partie du jugement.
Côté défense, les avocats ont soulevé des questions sur la légalité de l’intervention policière, estimant qu’elle n’était pas légitime. Ils ont également mis l’accent sur des contradictions relevées dans les PV de police, plaidant la relaxe au bénéfice du doute. « C’est sans déshonneur pour personne », a précisé l’un des défenseurs.
L’arrêt sera rendu le 22 mars prochain.

Nouvelle République, 2 février 2013

[Poitiers] Le Mouton noir porte la voix des femmes syriennes

Le Mouton noir porte la voix des femmes syriennes

Hazar (à l’arrière-plan) entend poursuivre ses ateliers en Turquie avec les réfugiées syriennes.

Des collages sur tissu, œuvres réalisées par des réfugiées syriennes, sont présentés pour la première fois. C’est à Poitiers à la galerie Le Mouton noir.

C‘est une forme de solidarité avec un peuple dans la souffrance. L’artiste Bruno Deshoulières, propriétaire de la galerie Le Mouton noir, a vu juste lorsqu’il a accepté la proposition de la nouvelle association poitevine « Pour la paix en Syrie » : présenter le travail de collage sur tissu réalisé, autour de la plasticienne Hazar, par un groupe de femmes syriennes, réfugiée en Turquie. Car l’exposition est simplement d’une force rare. En franchissant la porte, c’est l’écho du drame syrien porté par la voix des femmes qui s’empare de vous. Ici, une œuvre composée d’une alternance de visages et de pierres tombales traités avec le même tissu, là, visages, pieds et mains épars racontent le sourd martyr d’un village…

«  Leur façon de participer à la révolution  »

« Les premiers jours ont été difficiles, c’était le silence, il y avait comme un caillou. Mais dès que l’on s’est mis à découper le tissu et à coller, la parole est revenue », raconte Hazar Bakbachi-Henriot, artiste bordelaise, d’origine syrienne. Pour soutenir la voix des femmes dans la révolution syrienne, Hazar part en octobre 2012 pour Antakya (Antioche), à une trentaine de kilomètres de la frontière syrienne. Là, en relation avec l’association laïque Urgence solidarité Syrie, elle anime pendant quinze jours un atelier proposé aux femmes réfugiées qu’elle a pu rencontrer, « un vrai temps d’échange, de partage et d’expression pour dix-sept femmes âgées de 15 à 50 ans, c’est leur façon à elles de participer à la révolution, pour que le monde sache qu’elles existent et pour qu’on ne les voit pas comme des victimes impuissantes ». Hazar ne tient pas à se mettre en avant, « j’ai la responsabilité de leur voix ». Seules quelques-unes de ses œuvres sont discrètement intégrées aux travaux de collages de l’atelier. L’accrochage au Mouton noir représente une véritable première, d’autres lieux devraient suivre en France. Une date est même déjà prévue aux États-Unis près de Washington.

A l’initiative de l’association poitevine « Pour la paix en Syrie », exposition « Collages sur tissu » – œuvres collectives de réfugiées syriennes et de la plasticienne Hazar – à la galerie Le Mouton noir, 20, rue du Mouton. Jusqu’au 9 février de 15 à 19 h (nocturnes jusqu’à 21 h les 8 et 9). Vernissage ce samedi 2 février à 17 h. Renseignements au 06.62.03.15.53.

à suivre

> Pour la paix en Syrie. C’est le nom de l’association née à Poitiers à l’initiative de deux franco-syriens installés de longue date dans la ville. Positionnée du côté de la révolution, son objectif est d’aider les gens qui souffrent de la situation actuelle en Syrie et de dénoncer les injustices. L’exposition présentée au Mouton noir est sa première action. > Skype. Si la liaison internet est établie, Chahere al Khatibe, artiste opposant au régime en place, chantera en direct depuis la Syrie à l’occasion du vernissage. Tout un symbole.

Dominique Bordier, Nouvelle République, 2 février 2012