Archives de catégorie : Écrits

[Poitiers] Le cirque des élus

On s’amuse bien au conseil municipal de Poitiers, apprend-on dans cet article de la Nouvelle République.

Engueulades à gauche : sur le mode de désignation des conseillers communautaires pour le moins discutable, le député-maire-président de la communauté d’agglomération (Alain Claeys) réplique à ses troupes : « Si vous contestez la démocratie représentative, cela finira très mal ».

Engueulade aussi sur le pacte budgétaire européen (TSCG), instaurant l’austérité dans le marbre. Avec le député-maire-président de la communauté d’agglomération, pro-traité, tançant les élus PCF-EELV-NPA : « Qu’ont-ils tous à vouloir légiférer, ils n’ont qu’à se faire élire au Parlement pour cela… ».

Clash enfin quand le  député-maire-président de la communauté d’agglomération se plaint du départ de nombreux conseillers PS (« Ce n’est pas normal quand on est un élu« ), avant de se faire rappeler par l’un de ses camarades… qu’une réunion PS a lieu à la fédération socialiste.

On n’est pas en reste à droite, avec une belle engueulade sur la subvention de 90.000 euros concédée au stade poitevin volley beach : entre Stéphane Braconnier « le leader de l’opposition », et Odile Chauvet « la secrétaire permanente du groupe UMP »… et présidente du stade poitevin Omnisports. Un débat fort désintéressé !

Au-delà de tout ce cirque pitoyable, la question essentielle est celle du mode de prise de décision, au sein d’une « démocratie représentative » déconnectée des inquiétudes des populations, et qui leur confisque la capacité à débattre et à décider par elles-mêmes. Ces élus n’hésitent pas à imposer des décisions qui ne « représentent » qu’eux-mêmes, y compris lorsque ces décisions portent sur des sujets graves et peu consensuels, comme le TSCG.

La démocratie « représentative », c’est le pouvoir sur les populations, le contraire du pouvoir de faire des populations. Les anarchistes sont les seuls à revendiquer la libre fédération, des mandats élaborés en assemblées populaires, qui soient impératifs pour les mandatés, eux-mêmes révocables par leurs mandataires.

Pavillon Noir, 26 septembre 2012

[Poitiers] Sexisme et national-productivisme, les deux mamelles de la « Poitevine »

Comme l’an dernier à la même période (voir mon article ici), le centre commercial des Cordeliers à Poitiers nous sort sa campagne de pub sexiste. La Femme, c’est bien connu, est une indécrottable dépensière, très attachée à son lieu de vie (poitevin). Fort de cette évidence la direction des Cordeliers, bien éclairée sur le comportementalisme des ovaires, fait depuis plusieurs années de la « Poitevine » sa cible commerciale.

Des banderoles en carton, ostensiblement étalées à plusieurs endroits dans le centre, représentent des « Poitevines ». Le dispositif publicitaire se double, comme d’habitude, de jeunes femmes en chair et en os, employées pour distribuer la publicité cartonnée. Comme l’an passé, mais la perruque rousse postiche en moins. Généreuse entorse au règlement intérieur du centre commercial, prohibant la distribution de prospectus publicitaires.

Sur les pubs, la Poitevine est évidemment jeune, blanche (et même rousse l’an dernier), coiffée, manucurée, maquillée et truffée d’accessoires (sac à main, bagues, boucles d’oreilles). Toute la panoplie genrée est là pour nous rassurer, pour bien faire comprendre qu’il s’agit d’une femme. La « Poitevine » est une consommatrice béate. Sourire aux lèvres, elle porte un grand nombre de sacs dans les bras, où se trouvent ses petites emplettes. L’année dernière, on était dans la continuité intergénérationnelle, avec des Poitevines mamans amenant leurs Poitevines petites filles aux courses. Au dos du carton publicitaire cette année, un nounours tenant tendrement dans ses bras un téléphone portable ; on voit aussi un escarpin, un iphone, un livre, et « 300 euros à gagner » dans le cadre d’un jeu de la « photo mystère ».

La nouveauté cette année, c’est l’irruption de la conscience citoyenne, avec l’équation consommation = croissance = bonheur. Les pubs portent ainsi toutes ce titre sexy :

« Redressement productif de la France ».

Référence au sémillant ministère national-productiviste ? Le titre est encadré de rose… La « Poitevine », pénétrée du sens du devoir citoyen, l’adapte à son genre. Pleine d’emplettes, elle somme ses congénères à ovaires d’accomplir le rôle pour lequel elles sont faites : « Allez les Poitevines ! » ou encore « On compte sur vous ! »

Rendez-vous l’année prochaine, pour une nouvelle chronique du sexisme ordinaire aux Cordeliers…

Il y a encore bien du boulot pour lutter contre l’appropriation de l’espace commun par les capitalistes et leurs publicitaires… rendez-vous aux actions antipub à venir, qui seront relayées sur ce blog.

Jeanine, Pavillon Noir (FA 86), 23 septembre 2012 

[Poitiers] La droite « décomplexée »

En visite hier à Poitiers, François Fillon (en campagne pour la présidence de l’UMP) a affirmé, selon des propos rapportés par la Nouvelle République de ce 21 septembre 2012 :

« Je veux aller chercher les électeurs qui ont voté pour le Front national et ceux qui ont voté pour François Hollande, les modérés, les électeurs du centre. »

Ce n’est pas nouveau. La répression à l’égard des étrangers mise en oeuvre sous le gouvernement dudit Fillon démontre qu’il n’a pas attendu d’être en campagne pour la présidence de l’UMP… pour mettre en oeuvre les thèses du front national, « normalisant » ainsi un discours xénophobe abject, sous un pauvre vernis républicain.

A la fin de l’article, voici ainsi ce que nous rapporte le journal : les militants sont « à présent décomplexés« , « l’un d’eux allant jusqu’à s’inquiéter de voir des minarets remplacer « nos clochers » « .

Dans la ville aux cent clochers, la seule mosquée à minaret a déjà plusieurs fois été l’objet de tags racistes ; mais selon ce militant UMP elle serait déjà de trop… monsieur Fillon, vous avez fait un beau travail pour « décomplexer » vos électeurs ces dernières années.

L’article conclut de façon ambiguë : « Le rassembleur sait l’ampleur de la tâche qui l’attend à la tête du parti. »

Pour le débarrasser du racisme qui s’y exprime ? Vu le bilan de Fillon, premier ministre d’un gouvernement dont l’une des marques de fabrique fut la persécution des étrangers, on peut en douter. La « tâche qui l’attend » nous fait plutôt froid dans le dos. Et on ne comptera pas sur le PS, qui prend le relais de la droite pour maintenir la cadence infernale des reconduites à la frontière et expulser des camps de Roms.

Dans le contexte de « crise », c’est-à-dire d’attaque structurelle et massive de la classe capitaliste contre le prolétariat mondial, l’arme de la diversion et de la division xénophobe et raciste est partout à l’oeuvre, rappelant d’autres époques de sinistre mémoire. Bénéficiant de la décomposition des organisations syndicales et révolutionnaires, ainsi que de la confusion généralisée des idées, le racisme revient en force, partout en Europe. Les lamentables débats promus par les médias, autour du concept fumeux de « choc des civilisations », participent à l’entreprise de sape de la solidarité de classe contre les dominants et les exploiteurs communs.

Combattons le racisme partout, qu’il se pare de « produisons français » ou de « laïcité » sélective. Ce ne sont pas les discours économiques chauvins, de la gauche stalinienne relookée Mélenchon à la droite « décomplexée », qui feront avancer cette solidarité. A nous d’inverser la tendance, en participant à construire la solidarité et l’autonomie de tou-te-s les exploité-e-s.

Pavillon Noir, 21 septembre 2012

[Poitiers] Les indésirables

NdPN : Il ne fait pas bon être à la rue à Poitiers. Pressions policières permanentes, expressions hostiles des autorités locales, évidemment relayées par les médias locaux. Les propos dégueulasses à destination des dénommés « marginaux » se sont durcis, depuis le développement de la lutte pour le droit au logement, avec le collectif des sans-logis et mal-logés de Poitiers et le DAL 86.

Dernier exemple en date d’une expression médiatique hostile, sur pas moins de quatre articles en une semaine : l’affaire du relais Charbonnier, fermé à cause du « comportement » des « marginaux ». Grosso modo, il y a des bons pauvres, et des mauvais pauvres (ceux qui ne respecteraient pas le règlement imposé). Pas un mot sur les vexations subies au quotidien, pas un mot sur la souffrance sociale engendrée par ce système pourri. Non, seulement la « souffrance »… des personnels, ou la « vie difficile »… du voisinage. Quelle honte.

Stigmatiser, encore et toujours… cette petite musique voudrait-elle mettre en sourdine les vraies questions de fond ?

Extraits tirés du « journal » local :

Nouvelle République, 11 septembre 2012 :

Les usagers n’ont plus accès au lieu d’accueil et de prévention santé, de la rue du Mouton, depuis lundi. […] Pour quelles raisons, ces lieux emblématiques de la Ville ont été fermés ? « Au niveau du Relais, il y a eu ces derniers temps des comportements assez agressifs de la part de gens en errance, pas forcément des SDF, mais des marginaux dans la toute puissance. Il y a eu un afflux important de ces personnes au comportement difficilement acceptables. La tension est montée. Cette situation a été difficile à vivre pour le personnel. Il y a eu des réflexions dans le quartier », nous confie un interlocuteur qui ne souhaite pas être mis en avant. […] Notre interlocuteur note que de bons résultats ont été obtenus avec d’anciens marginaux qui sont parvenus à se réinsérer.

Nouvelle République, 12 septembre 2012 :

Hier, l’adjointe aux affaires sociales de la ville, Régine Faget-Laprie, et Géraldine Gallego, assistante sociale, ont fait le point sur les raisons d’une fermeture administrative qui ne prendra fin que lundi prochain. « C’est un geste fort, souligne l’élue, mais c’eût été une faute de ne pas le faire. » Après une rencontre avec les personnels du Relais, depuis 12 ans lieu emblématique de l’accueil d’urgence à Poitiers, la décision a été prise. Depuis juin, c’est le comportement d’un groupe d’une trentaine de personnes qui rend très difficile la vie des personnels du relais. Les plaintes et les dires d’un voisinage excédé par le bruit ont aussi conduit les opérateurs à prendre cette mesure.

Maintenir la mixité sociale

Personnes alcoolisées se présentant à l’accueil, chiens non tenus en laisse, injures envers le personnel sont quelques-uns des dysfonctionnements relevés. « C’est devenu infernal, surtout à l’accueil. Nous mesurons l’étendue de la souffrance des personnels », relève l’adjointe. « Nous sommes confrontés à un rappel constant du règlement, remarque Géraldine Gallego, il faut maintenant réfléchir à comment on travaille avec ces gens-là ». Cette semaine de fermeture, outre qu’elle « marque le coup » et signifie au public qui le fréquente qu’il ne « peut pas y avoir d’appropriation des lieux par un groupe », va aussi servir de temps de réflexion. « Il va falloir repréciser les règles. Il n’est pas question de fermer ce lieu exceptionnel, ajoute Régine Faget-Laprie, mais nous serons très attentifs. On veillera aussi à ce que la mixité sociale y soit maintenue. » (*) Vendredi, une nouvelle réunion est programmée avec les personnels pour faire le point sur les préconisations. Avant une réouverture programmée lundi à 11 h 30. D’ici là, les personnes en grande difficulté sont priées d’appeler le 15, notamment en cas d’urgence médicale.

(*) Entre 2007 et 2011, la fréquentation du relais a augmenté de 20 %.

Nouvelle République, 15 septembre 2012 :

Depuis lundi, le relais Georges-Charbonnier dans le quartier de Montierneuf est fermé (NR de mardi et mercredi). « En raison du comportement de plus en plus difficile d’une minorité d’usagers », indique la mairie dans un communiqué.

Nouvelle République, 18 septembre 2012 :

Le Relais G. Charbonnier a rouvert ses portes – comme prévu – lundi (1). Une ouverture progressive (2). Dans la salle d’accueil ont pris place des migrants, des demandeurs d’asile, car les usagers ne sont pas composés uniquement de « marginaux ». L’ambiance est calme hormis l’irruption d’un homme exigeant qu’on lui redonne sa bouteille, confisquée par l’éducatrice.

Homophobie de l’Eglise catho, complaisance du gouvernement

Le cardinal Barbarin s’oppose violemment au mariage gay

Le cardinal Philippe Barbarin exprime sa farouche opposition au mariage gay. Dans une interview réalisée ce vendredi à des médias locaux, l’archevêque de Lyon y voit une « rupture de société » qui ouvrirait la voie à la polygamie et à l’inceste.

Pour le cardinal Barbarin, le mariage gay ne serait qu’une étape. Ensuite ? « Après, ils vont vouloir faire des couples à trois ou à quatre. Après, un jour peut-être, l’interdiction de l’inceste tombera », explique l’archevêque de Lyon à la radio RCF et à la chaîne TLM. Vive la connerie humaine non ??? Un point de vue qui rejoint celui exprimé en début de semaine par plusieurs maires de communes qui ont annoncé qu’ils ne célèbreraient pas ces mariages « non-conformes aux lois de la nature ».

Dans un entretien publié mardi dans le quotidien catholique La Croix, la ministre de la Justice a présenté son projet de loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels. Il leur permettra d’adopter « dans les mêmes conditions que les hétérosexuels ».

Blog de Noir Gazier (Fédération Anarchiste Béthune-Arras), 15 septembre 2012

NdPN : les propos insupportables de Barbarin (vidéo ici) sont dans la continuité d’une offensive de l’Eglise catholique à l’encontre du mariage gay et de l’homoparentalité, avec notamment une prière nationale contre le mariage gay le 15 août dernier.

Est-il possible de considérer comme une participation à un « dialogue » tout à fait « normal » les propos d’un cureton amalgamant insidieusement les homos à des pervers incestueux ?

Les réactions du gouvernement semblent montrer que oui ! Au lieu de condamner et de poursuivre ce représentant de l’Eglise pour évidents propos  discriminatoires envers les homosexuel-le-s (ledit curetin disant bien « après, ils voudront faire des couples à trois ou à quatre »), on est parti dans la bonne vieille alliance du sabre et du goupillon !

celle du sinistre de l’intérieur Valls, relayée par Libé :

Manuel Valls, interrogé sur les propos de l’archevêque de Lyon, a estimé qu’il était de «son droit», «peut-être de son devoir», de donner son opinion, jugeant «normale» la confrontation d’idées sur ce sujet.

– celle de la porte-parole du gouvernement et sinistre du droit des femmes (!), Najat Vallaud-Belkacem, relayée par Lyon Mag :

« Il semble que les propos de Mgr Barbarin aient été pour une large part caricaturés ». Selon elle, le cardinal Barbarin est un « homme de dialogue ».

D’ailleurs, une discrimination demeure puisque, selon les propos (cités dans La Croix) de la garde des Sceaux Christiane Taubira, « Notre projet de loi ne prévoit pas d’élargir l’accès à la procréation médicalement assistée » pour les couples de lesbiennes.

Mêmes droits donc… tout en continuant à dialoguer normalement avec les ennemis de l’égalité des droits d’une part, et en n’accordant pas tous les mêmes droits.

En attendant à Poitiers, SOS tout-petits continue de faire chaque année en novembre ses prières de rue anti-IVG. Alors que les prières de rues de musulmans sont poursuivies, celles des cathos intégristes (disposant pourtant de lieux de prière) sont permises, à Poitiers devant le parvis de Notre-Dame, comme dans de nombreuses autres villes françaises, avec la protection bienveillante des forces de l’ordre.

Luttons contre l’obscurantisme sexiste et homophobe.