Réflexion sur le droit et les droits

Réflexion sur le droit et les droits

and justice for all, pochette d'un album de Metallica

Cette réflexion est suscitée par un ras-le-bol de cette tendance de la gauche consistant à réclamer des droits à nos ennemis qui prétendent en être les garants, ou consistant à les implorer de se les appliquer à eux-mêmes. Comme si ceux-ci pouvaient abolir d’eux-mêmes leur emprise sur nous. Comme s’ils pouvaient ne pas profiter de ces revendications pour accroître leur pseudo-légitimité…

En société étatiste, c’est-à-dire d’organisation sociale sous le dénominateur commun d’une domination politique, économique et sociale de certaines personnes sur d’autres, le droit n’est qu’une mascarade. Le droit écrit, apparu en même temps que la volonté des Etats de fixer leur domination dans un marbre sacré, s’est construit de fait au gré de rapports de force. L’ambiguïté du droit des dominants,  avec un volet répressif d’une part et un volet « social » d’autre part, ne reflète pas une « neutralité » de l’Etat. A notre sens le droit étatique, pas plus que l’Etat, ne peut être considéré comme un outil neutre.

Si l’ensemble des composantes du mouvement social réprouve (quoiqu’il y ait hélas des exceptions) le côté répressif du droit bourgeois, au sens où celui-ci sanctifie la propriété privée d’une part et la domination d’autre part, et si le même mouvement social considère aussi généralement que les droits sociaux ne sont et n’ont été obtenus par un rapport de force, la façon d’envisager tactiquement ces droits sociaux diverge néanmoins radicalement. Notamment entre les tenant-e-s de la « transition », s’inspirant de la tradition sociale-démocrate ou léniniste, et les anti-autoritaires, s’inspirant de la tradition anarchiste ou libertaire.

Les droits dits « sociaux » n’ont jamais été conquis que par les luttes, c’est un fait. Un Etat ne décrète de tels droits, débordant de ses prérogatives régaliennes traditionnelles qui sont sa véritable nature (domination armée, judiciaire, fiscale), que s’il est placé malgré lui en situation de devoir faire des concessions, lorsqu’il sent que les fondements mêmes de sa domination vacillent. Que le rapport de force faiblisse, voire s’inverse, et ces droits ne seront pas ou plus appliqués ; ils seront même parfois purement et simplement supprimés. Nous constatons ainsi que l’Etat outrepasse quotidiennement son propre droit en termes de répression, mais rechigne en permanence à appliquer les droits sociaux (logement par exemple). Les attaques régulières de l’Etat ces dernières décennies contre les « droits sociaux » et les « services publics » s’inscrivent dans ce rapport de force. Que ce rapport de force ait tourné à la faveur des dominants et des exploiteurs n’est d’ailleurs pas sans rapport, à mon sens, avec l’accaparement du champ des luttes sociales par une certaine gauche « citoyenne », avec son cortège d’illusions mortelles pour le mouvement social.

On pourrait m’objecter que l’Etat met encore tout de même en oeuvre des droits sociaux bien réels, aidant de fait nombre d’exploité-e-s / dominé-e-s à survivre. C’est un fait indéniable, mais ce qu’il me paraît intéressant de relever ici, c’est justement ce caractère de survie, et non de vie épanouie. Si droit de grève, RSA, planning familial (pour exemple) permettent en effet de rendre la vie moins dure à des millions de gens, ce n’est que pour les maintenir en vie dans l’objectif de continuer à les soumettre, en monopolisant la gestion de ces droits. Il est en effet intéressant de noter que ces droits sociaux préexistent dans les faits. Avant même d’obtenir le « droit » de faire grève, les associations ouvrières occupaient les usines et manifestaient en force. Avant même la sécurité sociale, les syndicats avaient leurs propres caisses de solidarité autonomes pour les grèves, les retraites, les maladies, le chômage, au point qu’au début du siècle, la CGT rejetait la velléité de l’Etat d’en accaparer la gestion. La sécurité sociale de l’après-2ème guerre mondiale a depuis occulté cette réalité historique. Les plannings familiaux ou le droit à l’avortement s’inscrivent eux aussi dans la velléité de l’Etat de monopoliser la gestion de pratiques qui étaient auparavant nées et organisées au sein de collectifs féministes autonomes de lutte. Le « droit de vote », de type représentatif et historiquement défendu par la gauche bourgeoise, s’est inscrit très tôt dans la volonté de briser les fonctionnements égalitaires des mouvances révolutionnaires, qui pratiquaient plutôt le mandat impératif, et où les mandatés, révocables, devaient rendre compte à leurs mandataires. Et ainsi de suite…

Comme l’indique le symbole même de la statue de la justice, le droit est en fait indissociable pour l’Etat d’une sorte d’épée symbolique, inspirant crainte et respect ; mais à un seul tranchant, celui forgé pour tailler dans les opprimé-e-s. L’autre tranchant, celui des responsabilités sociales de l’Etat sensées garantir les opprimé-e-s contre leurs oppresseurs, est toujours assez émoussé pour être rendu inoffensif. Malgré cette évidence historique, cette arme du droit, de la « légitimité » de l’Etat (sans laquelle il ne pourrait se maintenir à long terme, en n’exerçant qu’une simple force brutale de coercition), continue d’exercer un véritable mirage chez nombre de militants politiques, syndicaux et associatifs. Dans ce système généralisé de la dépossession politique, économique et sociale, le droit sert surtout à maintenir l’illusion d’un Etat comme lieu « neutre », lieu de « médiation » universelle, de « dialogue social ». C’est cette illusion de droit qui confère aujourd’hui encore à l’Etat sa légitimité auprès d’un grand nombre d’exploité-e-s et de dominé-e-s, qui se soumettent régulièrement au rituel du vote, croyant qu’il pourrait ressortir des urnes autre chose que la ratification de l’injustice actuelle. Ratifier, légitimer l’injustice systémique, voilà le fondement du système juridique.

Pour nous libertaires, les libertés ne se donnent pas, elles se prennent. Il n’y a rien à attendre de l’Etat dans des négociations, sinon tactiquement, dans la perspective résolue de gagner en force contre sa domination, pour le faire disparaître. En appeler à l’illusion de sa bienveillance et à son arbitrage, c’est retourner cette dynamique contre nous-mêmes. Nous ne sommes pas contre le fait de procéder par étapes, mais si étapes il y a, c’est dans le but précis d’une abolition de la domination, qui définit par ailleurs la nature même de ces étapes.

La conception libertaire de la liberté n’est pas celle du citoyennisme des droits de l’homme riche. Ma liberté ne finit pas là ou commence celle des autres, c’est au contraire là qu’elle commence. Dans le cadre d’une société libertaire, c’est-à-dire débarrassée de la dépossession sociale, économique et politique, débarrassée de rapports sociaux de domination et d’exploitation, et où primeraient autonomie, entraide et possession sociale des moyens de production, plus mon voisin et moi-même serions libres de créer, d’inventer, d’agir et de nous organiser comme nous l’entendrions, plus lui et moi aurions accès aux fruits de l’activité sociale ; plus lui et mois serions libres. Cette proposition, que nos détracteurs qualifient souvent d’utopiste, n’est pas un rêve décliné au futur, dans un horizon sans cesse repoussé de lendemain qui chante. Nous l’expérimentons au quotidien, dans nos luttes, dans nos alternatives en actes, dans nos organisations formelles ou informelles. C’est cette « utopie » en luttes et en actes, qui permet d’ailleurs aujourd’hui à nos détracteurs de bénéficier des maigres droits qu’ils chérissent, concédés à regret par le pouvoir. C’est cette « utopie » qui surgit partout où des gens se rencontrent et s’organisent sans chefs, pour cultiver des terres, créer des réseaux d’échanges de ressources et de savoirs, vivre plus heureux ici et maintenant. Cette « utopie » est celle de la maturité humaine. Pour nous libertaires, l’utopie délirante est celle qui consiste à croire que nous pourrions bénéficier de libertés sans avoir à les susciter, et à lutter pour les défendre. Que nous pourrions continuer indéfiniment à vivre dans ce système de destruction sociale et écologiste qu’est le capitalisme, sans être menacé-e-s à plus ou moins long terme d’extinction de l’humanité et de la planète.

Dès lors, notre droit ne se définit pas par la répression  de la société capitaliste, qui à notre sens n’est que le garant de monopoles économiques, sociaux et politiques qui privent tout le monde des décisions et d’un accès aux ressources. Le droit se comprend selon nous, si tant est qu’on éprouve encore le besoin de parler de « droit », en contractualités libres. Contractualités-repères permettant à tout un chacun de vivre mieux, au sens où ces repères permettent de mieux nous organiser dans nos activités. Nulle sacralisation du droit, du principe idéologique primant sur nos besoins réels. Dans le cadre d’un tel « droit, partant du réel et de nos vécus, il est à tout instant possible de redéfinir ensemble ces règles en fonction des données réelles de nos situations respectives et collectives. La règle n’est pas ce qui interdit et limite, la règle est pour nous, lorsqu’elle est jugée nécessaire, ce qui nous permet de nous régler les uns sur les autres, pour démultiplier nos potentialités respectives et collectives.

C’est le fondement du fédéralisme libertaire, reposant sur l’autonomie de décision et de fonctionnement des individus librement organisés ; sur la subsidiarité, garante de l’autonomie, permettant de faire primer ces fonctionnements locaux sur ceux décidés à l’échelle de groupements humains plus larges, dans une liberté reconnue par tou-te-s d’expérimenter ; mais aussi sur la péréquation, pour qu’il y ait égalité d’accès réel, pour tou-te-s et en fonction des besoins exprimés, aux ressources de l’activité sociale.

Assez donc, de revendiquer des droits auprès des ennemis de notre liberté. Nous ne voulons pas de faux contrats, léonins, dissimulant des inégalités de fait, et légitimant notre soumission. Nos contractualités doivent au contraire nous permettre à tou-te-s de nous épanouir, dans nos diversités, et même nos divergences.

Les droits sont nôtres, ou ne sont pas.

Juanito, Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86).

[Paris] Appel à un bloc anti-homophobie antisexiste et antiraciste

NdPN : voici un tract dont la Fédération Anarchiste est, entre autres organisations, signataire. Ce tract a été rédigé en vue de la manif du 27 janvier prochain à Paris, en faveur du « mariage pour tou-te-s ». Il apporte un point de vue radicalement divergent de celui du gouvernement en place.

 

Appel à un bloc anti-homophobie antisexiste et antiraciste

 

FACE AUX TRAHISONS SOCIALISTES :  SOLIDARITÉ DES MINORITÉS !

Ces derniers mois ont été l’occasion d’un funeste « débat » sur l’égalité des droits entre couples hétérosexuels et couples LGBT en matière de mariage et de filiation, qui a attisé une homo-lesbo-transphobie violente. Ce climat de haine généralisé s’est cristallisé dans des manifestations ralliant homophobes de gauche, de droite et d’extrême-droite, n’hésitant pas à s’allier lorsqu’il s’agit de défendre l’ordre-moral et la différence-des-sexes.

Ces manifestations sont extrêmement préoccupantes, et montrent une convergence des réactionnaires, aujourd’hui pour promouvoir la marginalisation des minorités sexuelles, demain pour entretenir le harcèlement, la répression et la précarisation des étrangEREs.

Le gouvernement socialiste ne condamne toujours pas ces manifestations.  Ses atermoiements, reculades et trahisons (abandon de la PMA pour les couples de lesbiennes, « liberté de conscience », « dialogue » avec les autorités religieuses etc) ne font que légitimer davantage un « débat » dont le seul objet est la validité de la vie des LGBT. L’indécence de ce « débat » et le peu d’indignation qu’il suscite nous désole : quel niveau de haine faut-il atteindre pour qu’une réelle mobilisation émerge en soutien aux minorités ?

Ce déversement de haine et l’homophobie d’Etat toujours inscrite dans la loi promeuvent une hiérarchisation des vies. Parce que leurs vies ont moins de valeur que les autres, les LGBT sont exposéEs à une précarité matérielle et affective accrue qui se traduit par des risques de suicide plus élevés chez les jeunes et par des taux record de contaminations au VIH-sida chez les femmes trans et les pédés.

Les errances du Parti Socialiste sur le mariage et la filiation ouverts à touTEs sont de très mauvais augure quant à l’accès aux droits pour les personnes trans (changement d’état civil libre et gratuit), et confirment l’absence de réelle inclusion des problématiques trans dans les préoccupations gouvernementales.

Le parti qui ouvre un boulevard à la haine homo-lesbo-transphobe, aux droites extrêmes et à l’extrême droite est aussi celui qui ferme toujours plus les frontières aux étrangEREs et demandeuSEs d’asile. Alors qu’il prétendait il y a encore quelques mois incarner « le changement », il perpétue les mesures et les violences sécuritaires et racistes des gouvernements précédents :

- Il se targue d’avoir élargi les critères ouvrant le droit au séjour, alors que le nombre de régularisations est toujours limité, et le nombre des expulsions toujours plus élevé. - Il a enterré la promesse d’ouverture du droit de vote aux étrangEREs. - Il expulse les Rroms plus violemment encore que le gouvernement de  Nicolas Sarkozy - Il expose encore et toujours les travailleuSEs du sexe aux violences, en subordonnant l’abrogation du délit de racolage public à une pénalisation des clientEs dont les conséquences seront exactement les mêmes, - Il a abandonné le récépissé après contrôle d’identité et entend légitimer une fois de plus les violences policières contre les sans-papiers en instaurant une « retenue » de 16h.

Si cela ne suffisait pas, le même gouvernement entend pérenniser toutes les mesures de stigmatisation des plus précaires mises en place au cours des 5 dernières années. Il refuse d’abandonner les franchises médicales qui constituent un véritable impôt sur la maladie et de lutter contre les inégalités sociales.

Le Parti Socialiste feint d’avancer en faveur de l’égalité des droits, mais son action des derniers mois prouve le contraire. L’égalité des droits proposée par le gouvernement n’est rien d’autre qu’une égalité fragmentée : en se targuant d’ouvrir des droits aux LGBT d’une main, il s’agit d’en refuser aux étrangEREs de l’autre.

À cela nous répondons :

ASSEZ DE DÉBAT, DES DROITS POUR TOUTES !

La stratégie de morcellement de l’égalité adoptée par le gouvernement lui permet d’effacer totalement la perspective des LGBT étrangEREs et précaires, tout en se gargarisant d’œuvrer pour elles-eux, alors même qu’il les expose toujours aux violences d’Etat.

Les atermoiements du PS sur les droits des LGBT lui permettent paradoxalement de faire durer un « débat » dans lequel il a le beau rôle. Ce faisant, il occulte les effets dévastateurs de ses politiques néo-libérales, sécuritaires et racistes au sein de ces mêmes communautés LGBT.

Revendiquer l’égalité des droits ne se limite pas à manifester sporadiquement pour l’ouverture du mariage et de la filiation aux couples LGBT : il s’agit de revendiquer l’égalité réelle et sans division.

Pour cela, rejoignez-nous le 27 janvier dans un bloc anti-homophobie, antisexiste et antiraciste.

NOUS N’OBTIENDRONS QUE CE QUE NOUS LEURS PRENDRONS !

Premiers signataires : Act Up-Paris, Alternative Libertaire Paris Nord-Est, CNT Santé-Social, Collectif 8 mars pour toutes, Étudions Gayment, Fédération Anarchiste, P !nkBloc (Cortège Queers&Freaks en tous genres), Strass (Syndicat du Travail Sexuel), les TumulTueuses

FACE AUX TRAHISONS SOCIALISTES :  SOLIDARITÉ DES MINORITÉS !

Ces derniers mois ont été l’occasion d’un funeste « débat » sur l’égalité des droits entre couples hétérosexuels et couples LGBT en matière de mariage et de filiation, qui a attisé une homo-lesbo-transphobie violente. Ce climat de haine généralisé s’est cristallisé dans des manifestations ralliant homophobes de gauche, de droite et d’extrême-droite, n’hésitant pas à s’allier lorsqu’il s’agit de défendre l’ordre-moral et la différence-des-sexes.

Ces manifestations sont extrêmement préoccupantes, et montrent une convergence des réactionnaires, aujourd’hui pour promouvoir la marginalisation des minorités sexuelles, demain pour entretenir le harcèlement, la répression et la précarisation des étrangEREs.

Le gouvernement socialiste ne condamne toujours pas ces manifestations.  Ses atermoiements, reculades et trahisons (abandon de la PMA pour les couples de lesbiennes, « liberté de conscience », « dialogue » avec les autorités religieuses etc) ne font que légitimer davantage un « débat » dont le seul objet est la validité de la vie des LGBT. L’indécence de ce « débat » et le peu d’indignation qu’il suscite nous désole : quel niveau de haine faut-il atteindre pour qu’une réelle mobilisation émerge en soutien aux minorités ?

Ce déversement de haine et l’homophobie d’Etat toujours inscrite dans la loi promeuvent une hiérarchisation des vies. Parce que leurs vies ont moins de valeur que les autres, les LGBT sont exposéEs à une précarité matérielle et affective accrue qui se traduit par des risques de suicide plus élevés chez les jeunes et par des taux record de contaminations au VIH-sida chez les femmes trans et les pédés.

Les errances du Parti Socialiste sur le mariage et la filiation ouverts à touTEs sont de très mauvais augure quant à l’accès aux droits pour les personnes trans (changement d’état civil libre et gratuit), et confirment l’absence de réelle inclusion des problématiques trans dans les préoccupations gouvernementales.

Le parti qui ouvre un boulevard à la haine homo-lesbo-transphobe, aux droites extrêmes et à l’extrême droite est aussi celui qui ferme toujours plus les frontières aux étrangEREs et demandeuSEs d’asile. Alors qu’il prétendait il y a encore quelques mois incarner « le changement », il perpétue les mesures et les violences sécuritaires et racistes des gouvernements précédents :

- Il se targue d’avoir élargi les critères ouvrant le droit au séjour, alors que le nombre de régularisations est toujours limité, et le nombre des expulsions toujours plus élevé. - Il a enterré la promesse d’ouverture du droit de vote aux étrangEREs. - Il expulse les Rroms plus violemment encore que le gouvernement de  Nicolas Sarkozy - Il expose encore et toujours les travailleuSEs du sexe aux violences, en subordonnant l’abrogation du délit de racolage public à une pénalisation des clientEs dont les conséquences seront exactement les mêmes, - Il a abandonné le récépissé après contrôle d’identité et entend légitimer une fois de plus les violences policières contre les sans-papiers en instaurant une « retenue » de 16h.

Si cela ne suffisait pas, le même gouvernement entend pérenniser toutes les mesures de stigmatisation des plus précaires mises en place au cours des 5 dernières années. Il refuse d’abandonner les franchises médicales qui constituent un véritable impôt sur la maladie et de lutter contre les inégalités sociales.

Le Parti Socialiste feint d’avancer en faveur de l’égalité des droits, mais son action des derniers mois prouve le contraire. L’égalité des droits proposée par le gouvernement n’est rien d’autre qu’une égalité fragmentée : en se targuant d’ouvrir des droits aux LGBT d’une main, il s’agit d’en refuser aux étrangEREs de l’autre.

À cela nous répondons :

ASSEZ DE DÉBAT, DES DROITS POUR TOUTES !

La stratégie de morcellement de l’égalité adoptée par le gouvernement lui permet d’effacer totalement la perspective des LGBT étrangEREs et précaires, tout en se gargarisant d’œuvrer pour elles-eux, alors même qu’il les expose toujours aux violences d’Etat.

Les atermoiements du PS sur les droits des LGBT lui permettent paradoxalement de faire durer un « débat » dans lequel il a le beau rôle. Ce faisant, il occulte les effets dévastateurs de ses politiques néo-libérales, sécuritaires et racistes au sein de ces mêmes communautés LGBT.

Revendiquer l’égalité des droits ne se limite pas à manifester sporadiquement pour l’ouverture du mariage et de la filiation aux couples LGBT : il s’agit de revendiquer l’égalité réelle et sans division.

Pour cela, rejoignez-nous le 27 janvier dans un bloc anti-homophobie, antisexiste et antiraciste.

NOUS N’OBTIENDRONS QUE CE QUE NOUS LEURS PRENDRONS !

Premiers signataires : Act Up-Paris, Alternative Libertaire Paris Nord-Est, CNT Santé-Social, Collectif 8 mars pour toutes, Étudions Gayment, Fédération Anarchiste, P !nkBloc (Cortège Queers&Freaks en tous genres), Strass (Syndicat du Travail Sexuel), les TumulTueuses

affiche27janvier

[Poitiers] Le long combat d’Amandine contre le viol au Guatemala

Le long combat d’Amandine contre le viol au Guatemala

Volontaire du Haut-Commissariat pour les réfugiés, Amandine Fulchiron défend la cause des femmes depuis quinze ans en Amérique Centrale.

Le Guatemala est un petit pays d’Amérique centrale au sud du Mexique, gouverné par le général Otto Pérez Molina. Un pays de 15 millions d’habitants qui comptabilise 17 homicides quotidiens et un taux de crimes violents comptant parmi les plus élevés du monde, pour la plupart liés au trafic de stupéfiants. Un pays qui sort lentement de pratiquement quatre décennies de guérilla.

 » Les femmes commencent à parler « 

Près de la moitié des habitants sont d’ascendance Maya, une population qui a subi un effroyable génocide. C’est là que travaille la jeune Poitevine Amandine Fulchiron qui a raconté sa vie au Guatemala lors d’un passage à Poitiers. Elle consacre tout son temps et toute son énergie à défendre le droit des femmes et faire reconnaître le viol comme un crime au sein du collectif Actoras decambio (Actrice du changement) qu’elle a créé. « Les femmes violées sont rejetées par leur communauté ». Amandine Fulchiron met en place tout un processus dans cette société afin que le viol soit reconnu comme un crime et que les agresseurs portent la honte sociale de ces crimes. Et non pas les femmes. « C’est tout un travail émotionnel pour se libérer de la terreur». Aujourd’hui, les victimes commencent à parler. « Au début, elles ne se regardaient même pas dans les yeux. Maintenant, elles sont à l’initiative d’actions de prévention dans leurs villages et peuvent s’exprimer au micro ». Amandine est entourée d’une équipe de treize membres: des femmes métis, des mayas, de cultures différentes. Hélas pour Amandine Fulchiron « Aucun système de justice ne fonctionne dans le pays  et les hommes sont au mieux indifférents ». Dans les campagnes, c’est encore l’homme qui est vu comme l’unique chef de famille, bien que les femmes travaillent également aux champs. « Les parents n’envoient pas leurs filles à l’école car leur place est aux côtés de leurs mères  ». Durant de nombreuses années, l’association était menacée. Puis les hommes au pouvoir les ont laissé tranquilles. « Aujourd’hui, nous sommes sous contrôle ». Les enfants issus de ces viols sont encore un sujet tabou. Pour Amandine Fulchiron, le combat est loin d’être terminé.

L’association poitevine « Ange é là » apporte son soutien au collectif. Tél. 05.49.61.11.43.

Corr. NR, Claude Mazin, Nouvelle République, 19 janvier 2013

[Valdivienne – 86] Buroform passe officiellement en SCOP

NdPN : pour Arfeo Buroform à Valdivienne, la longue démarche juridique de reprise de leur boîte par les salarié-e-s menacé-e-s de chômage a enfin abouti. Nous avions déjà parlé sur ce blog de cette lutte et nous réjouissons donc de son issue. La boîte, qui conçoit des aménagements de bureau, continuera donc à tourner, avec des salarié-e-s qui décideront. Bien sûr, ce n’est pas non plus l’anarchie ! Restent en effet des différences de rémunérations, une latitude à décider des personnes nommés à la direction, sans parler de l’inscription dans les exigences d’un marché capitaliste aux antipodes du fédéralisme libertaire. Mais cette dynamique autogestionnaire montre tout de même une autre piste que celle suivie par nombre de de salarié-e-s menacé-e-s de licenciements, sur une position plus défensive consistant à sauver les pots cassés en se contentant d’indemnités. Ici, l’outil de travail est repris par les salarié-e-s ; occasion d’un prélude à d’autres luttes et à d’autres pratiques communes ? Nous l’espérons et souhaitons du courage aux salarié-e-s.

Buroform : c’est reparti

Le tribunal a entériné hier le projet de SCOP. 89 emplois seront sauvés à Valdivienne.

C’est la décision qu’on attendait mais c’est malgré tout un sacré soulagement pour les salariés de Buroform à Valdivienne et, dans une moindre mesure, pour leurs collègues d’Arfeo à Château-Gontier (Mayenne) : le tribunal de commerce de Poitiers a entériné hier le plan de reprise sous forme de Société coopérative et participative (SCOP) du groupe Arfeo, spécialisé dans le mobilier de bureau.

Hier après-midi Sophie Mussche, responsable du site de Valdivienne, Alain Tullio, représentant CGT du personnel, et Thierry Melot, secrétaire du comité d’entreprise, ont fait le déplacement à Poitiers pour entendre la bonne nouvelle.

1,8 million de commandes en attente

Dès lundi, la Société nouvelle Arféo-Buroform va pouvoir entamer sa marche vers un redémarrage complet. Première étape, explique la directrice du site de Valdivienne, Sophie Mussche : acheter sans tarder la matière première qui va permettre de faire face aux commandes : il y en a pour 1,8 million en attente sur les carnets des deux usines. Le soutien des banques et des pouvoirs publics (le conseil général de la Mayenne notamment, qui s’engage financièrement) s’est avéré décisif pour emporter la conviction des juges. Il devrait également permettre de débloquer les relations avec les fournisseurs de matière première, dont l’absence entravait jusqu’à hier le fonctionnement des chaînes de fabrication.

Élections la semaine prochaine

Parallèlement, la nouvelle SCOP, baptisée Société nouvelle Arfeo Buroform, va s’employer la semaine prochaine à élire son Comité de direction. Actuel directeur général d’Arféo et porteur du projet de reprise, Michel Moinet devrait en toute logique être désigné président. A Valdivienne, 89 des 107 emplois actuels devraient être sauvegardés. C’est l’administrateur judiciaire qui aura la charge de gérer le Plan de sauvegarde des emplois, beaucoup plus sévère à Château-Gontier, où 122 des 205 emplois seront sauvegardés. A l’heure actuelle, la quasi-totalité des salariés de Château-Gontier et 70 de ceux de Valdivienne ont fait part de leur désir d’adhérer à la coopérative.

Vincent Buche, Nouvelle République, 19 janvier 2012

[De Saint-Nazaire à Poitiers, ZAD partout] Soutien à Camille + Rassemblement à Poitiers contre le projet d’aéroport à NDDL

NdPN : à la soirée-débat de ce vendredi soir à Poitiers, contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, a été annoncé un petit rassemblement par le comité de soutien poitevin, dans le cadre de la journée d’action de demain, en soutien à la ZAD contre le projet d’aéroport. Le Rdv a été fixé à demain samedi, 15H, devant le local du PS à Poitiers (16 Rue du Mouton, ça ne s’invente pas), pour tous les gens qui en ont envie, chacun-e pouvant ramener ses idées.

Par ailleurs Camille passe en procès pour avoir refusé de donner en gardav’ son ADN, sa trogne en photo et ses empreintes aux flics, qui l’avaient arrêté sur Notre-Dame-des-Landes il y a tout juste trois mois. Solidarité avec Camille ! Ci-joints son texte et le tract du Codelib de Saint-Nazaire, invitant à venir le soutenir le mardi 22 janvier au tribunal de Saint-Nazaire à 14H.

ZAD partout !

***

Texte de Camille

Jeudi 18 octobre, Notre-Dame-des-Landes, troisième jour de l’opération César. Il est 10 heures du matin. Je quitte la Vache Rit à pied en direction du bourg de NDDL. Arrivé au lieu-dit Les Ardillières, barrage de Police. Contrôle des identités. Je n’ai pas mes papiers. Je donne nom, prénom, adresse, date et lieu de naissance. Mais ça ne suffit pas aux Gendarmes envoyés spécialement de Fresnay-sur-Sarthe pour me pourrir la journée. Ils m’emmènent à la Gendarmerie de La-Chapelle-sur-Erdre pour une « vérification d’identité ». On m’installe dans un bureau avec six robocops locaux.

« Qu’est-ce qu’il a fait celui-là ?

– Il a pas ses papiers.

– Comme par hasard !

– Et il a pas non plus de téléphone, et personne ne peut l’identifier.

– Evidemment. Ça serait trop facile. »

Après m’avoir fait la morale sur l’immense danger que je courais en sortant sans mes papiers, une gentille fliquette m’annonce qu’elle va procéder à des « relevés anthropologiques » sur ma personne. Après lui avoir demandé la nature de ces relevés (en l’occurrence, prise d’empreintes digitales et photos), je l’informe de mon refus de me soumettre à ceux-ci. On dirait que les gendarmes se sont passé le mot car ils défilent les uns après les autres dans le bureau pour essayer de me faire changer d’avis, chacun usant d’une technique différente.

Un flic me montre des photos de moi à 10 ans ainsi que les PV qui vont avec. Photos et PV qui n’avaient pas été informatisés à l’époque et que les gendarmes ne sont normalement pas autorisés à conserver dans leurs fichiers après mes 18 ans. Il me dit que c’est lui qui a pris ma déposition il y a dix ans, dans un petit village normand. Quel hasard ! J’en conclue qu’il a réussi à m’identifier. Il me répond qu’il ne me reconnait pas, que les photos sont trop vieilles.

Un autre flic se connecte sur Facebook avec son compte perso et il retrouve un ancien compte m’appartenant que je pensais avoir supprimé. C’est probablement là qu’il retrouvera le nom d’un de mes anciens employeurs à qui il téléphonera le jour même pour vérifier mon identité.

Malgré tous ces éléments, les flics maintiennent qu’il n’est pas possible de m’identifier tant que je refuse de filer mes empreintes. C’est à ce moment que je comprends que la consigne « zéro arrestation » a été levée, que je suis le premier à me faire choper et que je vais leur servir de souffre-douleur.

J’aperçois la procureure de Saint-Nazaire, elle est dans les locaux. On me dit que c’est elle qui a ordonné les relevés et qu’elle vient de décider de me placer en garde-à-vue suite à mon refus. Je refuse de signer le PV, je demande un toubib et un avocat.

Je suis transféré à Nort-sur-Erdre vers midi. Pendant ce temps, à l’autre bout de la France, la Gendarmerie de mon village se pointe chez moi pour vérifier que c’est bien là que j’habite. Manque de pot, il n’y a personne et pas de nom sur la boîte aux lettres.

En garde-à-vue je n’ai (presque) rien à déclarer. Oui, non, je refuse de répondre, je veux voir un avocat. Le commis d’office arrive en fin d’aprem, on nous auditionne (grâce à mon absence de collaboration, aucune audition n’aura duré plus de cinq minutes), je refuse encore de signer et je finis tout de même par sortir, malgré les menaces des gendarmes sarthois (« si tu parles pas, on te garde 48 heures »).

Refuser de donner ses empreintes (et son ADN) est plus que jamais nécessaire face au fichage généralisé. Les flics disposent déjà de nombreux éléments pour nous identifier (Facebook, leurs propres fichiers, les anciens employeurs …), ne leur en donnons pas plus.

Si vous êtes sur Saint-Nazaire le 22 janvier 2013 et que vous ne savez pas quoi faire dans l’après-midi, je vous invite à mon premier procès au pénal, à 14 heures au TGI (rue Albert de Mun). Ça ne va pas être le procès du siècle mais un peu de soutien sera le bienvenu.

Nique le fichage et vive la ZAD.

Camille.

***

FFiicchhaaggee,, IInnttiimmiiddaattiioonn,, CCrriimmiinnaalliissaattiioonn :: BBAASSTTAA !!

Le 18 octobre 2012, sur la ZAD au lieu dit les Ardillières Camille se fait contrôler par la gendarmerie en regagnant à pied le Bourg de Notre Dame des Landes. C’est le début de l’opération César, et il ne fait pas bon ne pas avoir ses papiers sur soi, surtout quand on est jeune, chevelu… suspect quoi !

Pour la peine Camille est emmené pour contrôle d’identité à la gendarmerie de La Chapelle-sur-Erdre. Camille donne son nom, son adresse, sa date de naissance ; bref tout ce qui normalement suffit aux pandores pour identifier un quidam. Mais ça ne suffit pas.

La bien connue procureure Lecoq de Saint-Nazaire, trouve qu’en l’absence de papiers, Camille serait bien mieux en garde-à-vue. Surtout que Camille refuse de se faire prendre en photo et de donner ses empreintes digitales comme son ADN.

Peu importe qu’un gendarme, dans un excès de zèle à jouer avec son compte faceboock ait identifié un ancien employeur de Camille qui, contacté par téléphone, donne suffisamment d’éléments aux gendarmes pour confondre l’identité du suspect. Camille n’a pas ses papiers, camille doit être gardé à vue. Camille refuse le fichage, Camille doit être poursuivi.

Camille sera relâché le soir du 18 octobre, après 8 heures de garde-à-vue, le déplacement d’un médecin, d’un avocat, et sans avoir rien fait de plus que ce qui avait dèjà été fait le matin : décliné son identité. Et pour avoir refusé d’être photographié et de donner ses empreintes digitales, Camille est poursuivi par le parquet de Saint-Nazaire.

Camille passe en procès le mardi 22 janvier à 14H00 au tribunal de Saint-Nazaire.

Rassemblement de soutien : refusons le fichage de la population, l’intimidation et la criminalisation de l’action militante.

Tract du CODELIB de Saint-Nazaire

NdPN : A retrouver aussi sur :

http://www.codelib.info/

http://zad.nadir.org/spip.php?article1021

http://nantes.indymedia.org/article/26938