[86] Grogne contre la rectrice

NdPN : Grève des personnels du lycée Branly à Châtellerault pour récupérer un poste administratif supprimé ; indignation de syndicats, de parents d’élèves et d’élus suite aux déclarations et aux propositions de la Rectrice sur les collèges ruraux… les « économies » poursuivies par le gouvernement n’ont pas apaisé la grogne à l’Education nationale.

Pendant ce temps, le ministre Peillon, nouveau préposé à l’usine à gaz, parle de « refonder » l’école sur la base de timides mesurettes. Et des milliers de postes continuent d’être supprimés, poursuivant la logique du « mieux faire avec moins » ; base élèves, socle commun et livret de compétences n’ont pas été abrogés, poursuivant ainsi la logique du contrôle social ; le service minimum au primaire est maintenu… Même dans l’Education, l’une des prétendues « priorités » de Hollande, le changement, c’est décidément pas pour maintenant !

Grève à Branly après la suppression d’un poste

Une grande partie des personnels du lycée Branly ont fait grève hier pour obtenir le rétablissement d’un poste administratif supprimé à la rentrée.

La rentrée s’est déroulée sans accroc à la Cité technique Edouard-Branly la semaine dernière. Mais le feu couvait…

Dès le mois de mai dernier, l’intersyndicale de l’établissement avait fait circuler une pétition contre la suppression d’un poste de secrétariat administratif cette année. En vain. Du coup, elle avait déposé un préavis de grève pour le 6 septembre. Malgré la création d’un demi-poste d’assistant d’éducation entre-temps, elle a fini par le mettre à exécution hier. Le mouvement a été suivi par l’ensemble des personnels administratifs et 40 % des personnels enseignants.

La mise en réseau de Branly et du Verger pointée du doigt

Aux yeux des grévistes, le demi-poste d’assistant d’éducation créé ne suffira pas à compenser le poste supprimé : « C’est un poste précaire et la qualification n’est évidemment pas au rendez-vous puisque l’essentiel de la mission à remplir est la gestion des examens : inscription, organisation et suivi des épreuves, traitement des copies, suivi du contrôle continu… ». Ils demandent que le poste de secrétariat administratif « soit rétabli de façon pérenne et occupé par un agent qualifié », d’autant, selon eux, que « l’équipe de direction est déjà incomplète compte tenu de la structure complexe du lycée (vaste offre de formations, direction conjointe lycée général et lycée professionnel, à laquelle vient de s’ajouter celle du lycée professionnel du Verger) ». D’après eux, cette suppression serait d’ailleurs « une des conséquences de la mise en réseau des lycées professionnels de Branly et du Verger ». Et ils craignent qu’il y en ait d’autres… Dans la matinée, ils ont été reçus par le proviseur Christian Alaphilippe (que nous n’avons pu joindre hier), auprès duquel ils ont sollicité une entrevue avec la rectrice Martine Daoust. Une entrevue finalement obtenue pour cet après-midi. Dans cette perspective, ils devaient reprendre le travail ce matin. Mais ils préviennent : « Si le Rectorat n’accède pas à notre juste demande, nous envisagerons d’autres actions ».

Alain Grimperelle, Nouvelle République, 14 septembre 2012

Le handicap de nos petits collèges de campagne

Les élèves issus des établissements ruraux ont deux fois moins de chance de faire des études supérieures. L’explication de la rectrice fait débat.

La polémique est née d’un constat dressé par la rectrice de l’académie de Poitiers et d’une phrase prononcée le jour de la rentrée des classes : « On a deux fois moins de chances de poursuivre ses études dans l’enseignement supérieur quand on est issu d’un petit collège de moins de 200 élèves que lorsqu’on est scolarisé dans un collège plus important », s’est désolée Martine Daoust en faisant référence aux statistiques sans appel de son administration (lire notre édition du dimanche 9 septembre).

Dans le public, deux collèges de la Vienne sont concernés – ceux de Charroux et de Saint-Savin -, et la tendance vaudrait aussi pour deux autres comptant moins de 250 élèves – à L’Isle-Jourdain et Saint-Jean-de-Sauves. « Le caractère convivial et familial, c’est bien. Mais on câline tellement les élèves dans ce type d’établissements qu’ils sont perdus quand ils se retrouvent au lycée », estime la représentante de l’Education nationale qui juge ce constat « absolument anormal ».

«  Les enfants d’ouvriers ont trois fois moins de chances de faire des études supérieures  »

Que faire pour corriger ce déséquilibre dans la mesure où le conseil général ne souhaite pas fermer les collèges ruraux concernés ? « Ces établissements ont longtemps été protégés, mis sous cloche ; il faut à présent les faire travailler en réseau avec un lycée comme nous l’avons déjà fait à Civray et à Loudun », ajoute Martine Daoust. Les représentants des enseignants et des parents d’élèves se rejoignent pour condamner cette interprétation des statistiques. « Ce n’est pas la structure qui crée le handicap », souligne Laurent Cardona, le secrétaire départemental du syndicat UNSA-Education. « La pauvreté des transports et les origines sociales ne sont-elles pas aussi des sources de frein aux études supérieures ? », interroge Isabelle Siroy, porte-parole de la Fédération des conseils de parents d’élèves de la Vienne. « Nier la difficulté sociale, c’est nier les statistiques de l’Education nationale qui montrent que les enfants d’ouvriers ont trois fois moins de chances de faire des études supérieures que les enfants d’enseignants ou de cadres supérieurs, et les enfants d’inactifs cinq fois moins ! » La FCPE dénonce au passage la suppression d’un poste d’assistante sociale dans le secteur de Civray. Elle rappelle aussi que « les parents souhaitant scolariser leurs enfants au collège de Charroux, soulageant ainsi celui de Gençay, n’obtiennent pas de transports scolaires ». Pour l’UNSA, la « bonne réponse est de donner aux établissements ruraux les mêmes moyens que dans les zones prioritaires des banlieues ». Pas simplement de les faire travailler en réseau, donc. Et encore moins de les fermer.

en savoir plus

 » Une provocation de plus « 

Le secrétaire départemental du syndicat UNSA-Education s’est dit « très choqué » par les propos de la rectrice au sujet des contraintes de la politique d’aménagement du territoire : « Il faut faire vivre le bar-tabac du coin où les profs vont boire leur café le matin. On ne peut pas dire qu’on veut revitaliser les campagnes et fermer les petits collèges… C’est difficile. » Pour Laurent Cardonna, c’est « une provocation de plus de la part de cette rectrice » : « Son raisonnement est trop grossier et trop simpliste pour ne pas être une provocation Depuis deux ans qu’elle est en poste ici, elle en a après les petits collèges mais rien n’est fait pour l’école rurale. »

réactions

> Henri Colin, vice-président du conseil général en charge de l’Education : « Supprimer les cinq collèges de moins de 250 élèves à la périphérie du département reviendrait à créer des zones peuplées d’Indiens. Nous n’avons pas cédé du tout sur ce terrain quand nous avons rencontré la rectrice… Il faut aussi penser aux catégories socio-professionnelles des familles dont les enfants vont dans ces collèges. » > Yves Gargouil, conseiller général de Charroux (majorité) : « Je suis révolté, très énervé à la lecture des propos de la représentante de l’Education nationale dans la Vienne. Je l’invite à venir découvrir la qualité de l’accueil des élèves au collège Romain -Rolland à Charroux, où en juin dernier, tous les élèves ont eu leur brevet, avec de très bons résultats. » > Xavier Moinier, conseiller général de Saint-Julien-l’Ars (opposition) : « Il serait intéressant de connaître la réussite des enfants dans les collèges où les effectifs explosent mais il me semble bien plus urgent de remettre à plat la carte des collèges dans la Vienne. Une répartition plus équilibrée des effectifs pourrait être une première piste évitant leur fermeture définitive à terme. Une seconde piste serait d’envisager des fermetures là où un autre collège existe à proximité en mettant en place des transports collectifs. »

la phrase

 » Les collèges de proximité sont une nécessité pour que nos enfants ne subissent pas plus de deux heures de trajet par jour. « 

« Nous demandons depuis plusieurs années que soient revus les secteurs des collèges pour équilibrer les établissements et en finir ainsi avec les gros et les petits collèges », rappelle la porte-parole de la FCPE de la Vienne, Isabelle Siroy. « Dans notre département rural, les collèges de proximité sont une nécessité pour que nos enfants ne subissent pas plus de deux heures de trajet par jour et puissent donc conserver encore un peu d’énergie pour les devoirs du soir à la maison. »

Baptiste Bize, Nouvelle République, 14 septembre 2012

[LGV Poitiers-Limoges] Les amis du projet LGV jubilent de l’absence de débat public

Pas de nouveau débat public pour la LGV Poitiers-Limoges

Bonne nouvelle pour les défenseurs du projet de ligne ferroviaire à grande vitesse entre Poitiers et Limoges : la commission nationale du débat public qui s’est réunie le 5 septembre a décidé qu’ il n’y avait pas lieu d’organiser de nouveau débat public malgré l’expiration du délai de cinq ans depuis l’ouverture de l’enquête publique en janvier 2007. Interrogée par nos confrères du Populaire, l’association de promotion de la ligne grande vitesse Limoges-Poitiers (1) estime que « la polémique lancée au printemps dernier par les détracteurs du projet sur un prétendu non respect de la procédure légale de réalisation de la LGV Poitiers- Limoges et la réouverture du débat public n’ont donc plus lieu d’être ». Le lancement de l’enquête publique est attendu avant la fin de l’année.

Dépêche Nouvelle République, 13 septembre 2012

(1) NDPN : il s’agit d’une association « née de la volonté d’acteurs locaux », dont le site nous révèle l’identité : Conseil Régional du Limousin, Conseil Général de la Haute-Vienne, Communauté d’Agglomération de Limoges Métropole, Ville de Limoges, Chambre de Commerce et d’Industrie de la Haute-Vienne, Université de Limoges, CGPME, Médef, Union Patronale des artisans, groupe LEGRAND… autant d' »acteurs » dont nous retenons les noms, nous à qui l’on dédaigne tout droit d’agir.

Ce qui est, on s’en doute, une « bonne nouvelle » pour les capitalistes, aura au moins le mérite de couper leur sifflet à tous les pro-« concertation » et autres adeptes des voies de recours « démocratiques » ; d’achever de ridiculiser des institutions comme la « commission nationale pour le débat public » (dont le nom recelait déjà un fort potentiel comique).

Il arrive, au milieu du spectacle « démocratique », que les acteurs bouffis de l’arrogance des dominants, croyant pouvoir se passer des décors pourris de leur mauvaise pièce occupant la place publique, rencontrent des mécontents. Il arrive que les « acteurs » soient hués et malmenés par un public peu reconnaissant. Il arrive même que ceux qui n’étaient jusque là que des spectateurs quittent leurs places assises pour occuper la place.

C’est la rentrée du Monde Libertaire !

NdPN : Le Monde Libertaire (hebdo, 24 pages) de la rentrée sort ce jeudi, après deux mois de vacances bien mérités et un hors-série sur le Mexique. Il est disponible dans tous les bons kiosques, auprès de nous à prix libre, et en consultation au biblio-café. Trois articles sont lisibles sur le site du monde libertaire (liens directs ci-dessous).

Le Monde Libertaire gratos 8 pages (bihebdo), nouvelle formule (avec des articles propres au gratos et non plus des reprises du ML 24 pages), sera par ailleurs diffusé dans les rues de Poitiers et déposé au biblio-café, dans le courant de la semaine prochaine.

Bonne lecture !

Le Monde Libertaire # 1680 du 13 au 19 Septembre 2012

«Pour être un membre irréprochable parmi une communauté de moutons, il faut avant toute chose être soi-même un mouton.» Albert Einstein

Sommaire du Monde Libertaire # 1680 du 13 au 19 Septembre 2012

Actualité Patronat et social démocratie, par G. Goutte, page 3

Des fachos dans le Gard, page 4

La bêtise n’a point de cesse, par P. Schindler, page 5

Une météo syndicale de rappel de J.-P. Germain, page 6

Un expert sarkozyste de moins, par M. Silberstein, page 7

La chronique néphrétique de Rodkol, page 8

Spéculation alimentaire en vue, par P. Sommermeyer, page 9

La crise est une carotte, par R. Pino, page 10

International Saint-Imier, atmosphère, atmosphère, par H. Lenoir, page 12

Communiqué de soutien aux Biélorusses, page 14

Mujeres libres, par R. Pélagie, page 15

Arguments Chronique obscurantiste du Furet, page 16

Homme Vs Nature, par J.-P. Tertrais, page 17

Expressions À la conquête du pain, par André, page 19

Mouvement Un repas citoyen, par Tristan, page 21

Le Chiendent orléanais, par L’éléphant sage, page 22

Radio libertaire, page 22

Agenda, page 23

Illustrations Aurelio, Jokoko, Krokaga, Slo, Riri, Némo

Editorial du Monde Libertaire # 1680 du 13 au 19 Septembre 2012

Sans psalmodier comme la droite, en de piteux titatas, que Hollande n’a rien fait pendant ses «100 jours », sans évoquer, sournoisement comme Canal +, un gouvernement «canard» qui multiplie les couacs, force est de constater que l’équipe aux manettes depuis peu n’a guère brillé pendant cet été. Elle se prend, dirait-on, les pieds dans la moquette des promesses électorales. Pourtant le nombre de pauvres en augmentation, le salaire moyen par ménage en baisse, les trois officiels millions de chômeurs, tous ces chiffres attestent des forfaits d’une droite décomplexée et virée de justesse. La relève jusqu’à présent ne vaut guère mieux. La chasse aux pauvres, les constats amers et les pas de clercs devant Patrons, Fric et Finance, s’accumulent : Émeutes urbaines d’Amiens, ces «résistances à la dépossession» réduites au flashball, saccage du CREA appuyées par les lourdes sanctions des juges aux ordres, déportations des Roms comme au bon vieux temps de Guéant, impasse dans les conflits sociaux dont PSA malgré les tartarinades de Montebourg, prises de position d’un Chérèque, réducteur en grande forme des salaires à la CFDT, impôts sur les riches et les spéculateurs revus à la baisse etc. Comme le Canard enchaîné le rappelle, Peillon enfourche le bidet de la morale à l’école, on reprend allègrement les forages pétroliers en Guyane, Ayrault remet en question les limitations à l’exploitation des gaz de schiste, Batho appuie le futur aéroport de Notre-dame-des-Landes, Montebourg, encore lui, fait la nique aux écolos en déclarant que le nucléaire est «une filière d’avenir»… Y’a pas à dire le Pouvoir les rend pragmatiques, ces rosâtres réformistes. Eux aussi se cachent derrière La Crise. Un peu de sérieux : cette fameuse crise, c’est l’appétit des marchés, les conneries des banques qui l’ont instaurée et ce ne sont pas de vagues promesses de «croissance» qui vont y changer quelque chose. Le capitalisme comme fin de l’Histoire, l’économie de marché, l’égoïsme érigé en religion, le réformisme tremblotant, la croâssance, cette ultime utopie condamnée par la surpopulation et des ressources en épuisement, c’est râpé ces trucs et manigances… le vrai changement est ce que les anarchistes proposent dans le désert depuis longtemps, autogestion, communalisme, fédération, et c’est eux qu’on traite d’utopistes !

[Cherbourg] Le 9 octobre, tous au procès des 3 inculpés de Valognes !

Tous au procès des trois inculpés de Valognes ! Mardi 9 octobre au tribunal de Cherbourg

Un train vaut mieux que deux tu l’auras

Le 23 novembre dernier, aux alentours de Valognes dans la Manche, 800 personnes se mettaient en tête de retarder un train CASTOR de déchets radioactifs et y réussirent. Pour la première fois depuis longtemps en France, le mouvement anti-nucléaire reprenait le chemin de l’action directe de masse. Il faisait entendre une voix qui ne tremble pas. Il répondait aux dizaines de milliers d’Allemands qui bloquent ce même train chaque année depuis vingt ans. Dans la région la plus nucléarisée du pays le plus nucléarisé du monde, ce n’était pas chose acceptable. Et puisqu’on a coutume de passer sous silence les incidents qui ponctuent l’existence des centrales et des installations dites de retraitement, on voudrait aussi faire taire les opposants.

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Ainsi, sur le terrain et six mois plus tard, on a lâché toute bride à la police et le camp anti-THT de Montabot se terminait avec vingt-cinq blessés dont trois graves. Ensuite, c’est une véritable déferlante de procédures judiciaires qui s’abat sur tous ceux qui résistent au nucléaire dans la région : neuf inculpés pour Valognes ; le maire du Chefresne gardé à vue qui démissionnait en même temps que son conseil municipal ; plusieurs procès et condamnations, dont une de prison ferme, pour participation à la lutte contre la THT Cotentin-Maine ; pléthore de convocations intimidantes. Cet acharnement judiciaire n’est autre que le masque d’une attaque politique contre les ennemis du nucléaire.

Un nouveau procès aura lieu le 9 octobre 2012 à Cherbourg, contre trois des personnes qui ont pris sur elles d’expliquer aux médias le sens de l’initiative du camp de Valognes. Ce serait un précédent pour toutes les luttes politiques que le simple fait de répondre à des journalistes soit condamné sous de tels chefs d’inculpations : provocation directe suivie d’effet à un attroupement armé, organisation d’une manifestation interdite et complicité de destruction du bien d’autrui. Et quelles preuves pour étayer un tant soit peu de si lourdes accusations ? Deux ou trois interviews à BFM TV, Le Figaro ou France Soir, qui suffiraient à les désigner comme des sortes de leaders auto-proclamés ordonnant à une armée d’obéissants moutons.

L’opération est donc grossière. On voudrait faire en sorte que des événements comme celui de Valognes ne puissent pas être accompagnés d’un discours assumé publiquement. On voudrait que ceux qui y participent soient des criminels sans phrase ou des fous irresponsables. On voudrait absolument qu’il y ait des chefs pour nier la possibilité qu’il existe des manières de s’organiser qui ne soient pas hiérarchiques. Ce qui est recherché, c’est d’empêcher toute formulation intelligible d’un engagement collectif et offensif. Ce que nous recherchons, c’est à rendre possible l’insolente coïncidence entre des gestes et des pensées.

Ce procès ne pourra jamais paraître vraisemblable ailleurs que dans le huis-clos ronronnant d’une salle de tribunal. C’est pourquoi nous appellons à le déborder par le plus large soutien des trois personnes inculpées et vous invitons à vous rendre devant le tribunal lors du procès :

RENDEZ-VOUS DEVANT LE TRIBUNAL DE CHERBOURG LE 9 OCTOBRE À 10 H

Collectifs de soutien aux inculpés de Valognes, 10 septembre 2012

Pour du soutien financier :

chèque à l’ordre de APSAJ – 6 cours des Alliés – 35000 Rennes – France IBAN : FR76 4255 9000 5541 0200 1473 207 Code BIC : CCOPFRPPXXX

Vu sur le Jura Libertaire, 12 septembre 2012

[Hongrie] Pogroms anti-roms

NdPN : Les destructions de campements et expulsions de Roms menées par le gouvernement français sont l’occasion de rappeler leur situation tragique en Hongrie, d’où des milliers de Roms ont fui ces derniers mois à cause de la menace fasciste. Le jobbik, parti d’extrême-droite allié au gouvernement, organise en effet des parades paramilitaires dans des campements, violemment attaqués. En début d’année, nous relations ici et la fascisation du gouvernement au pouvoir en Hongrie… nos inquiétudes se confirment.

Des pogroms anti-Roms organisés en Hongrie

De violentes attaques contre la minorité Rom en Hongrie se poursuivent sans relâche. Il est de plus en plus évident que le gouvernement droitier dirigé par le premier ministre Victor Orban, et qui collabore étroitement avec le parti néo-fasciste Jobbik provoque délibérément de telles attaques afin de détourner l’attention de l’énorme crise économique et des problèmes sociaux que connaît le pays.

Le 20 août, des membres de la « Garde hongroise » paramilitaire ont défilé contre des familles Roms dans la ville de Cegled, au Sud-Est de la capitale Budapest. Plus de 400 d’entre eux, principalement des gardes en uniforme et leurs partisans, ont défilé à travers des campements de Roms dans les environs de la ville forte de 40.000 habitants. Ils ont hurlé des slogans tels « Sales tsiganes, vous allez tous crevez. » Les stations de radio de droite et des portails Internet ont publié des appels pour que les fascistes viennent à Cegled pour participer à cette action.

Les médias ont rapporté les récits de témoins oculaires faisant état d’intimidation des résidents de la ville. Il semblerait également que des coups de feu ont été tirés. Tout ceci s’est passé en présence de la police qui était sur place et qui a permis aux fascistes de commettre des actes d’intimidation avant que ces derniers ne se retirent.

Des journalistes de l’hebdomadaire HVG ont rapporté que dans une ferme avoisinante plusieurs centaines d’extrémistes de droite avaient accueilli un député parlementaire du parti d’extrême droite Jobbik qui avait exprimé son soutien à la mobilisation fasciste. La « Garde hongroise » est considérée être un bras paramilitaire de Jobbik et a à plusieurs reprises été mobilisée contre les Roms. Début août, environ un millier de fascistes ont défilé à travers le village de Devecser à l’Ouest de la Hongrie.

Dans ce contexte de nombreux Roms ont décidé qu’ils n’avaient pas d’avenir en Hongrie. Au cours de ces six derniers mois environ un millier de Roms hongrois ont demandé l’asile politique rien qu’au Canada.

L’élément immédiat qui a déclenché cette récente chasse aux sorcières contre les Roms a été le meurtre en juillet de la psychologue Kata Bandy travaillant pour la police. Un Rom sans emploi a été arrêté dans le cadre de ce meurtre. Il vivait dans des conditions extrêmement précaires, il avait précédemment été condamné pour vol et avait passé plusieurs années en prison. Les organes des médias proches du gouvernement ont immédiatement dénoncé le suspect de « meurtrier tsigane. » Des appels furent lancés pour « une solution finale pour la question tsigane, » tout en incitant délibérément à la violence contre les Roms.

Le militant Rom Jeno Setet a résumé le sentiment des Rom : « Le meurtre de Kata Bandy est terrible, mais plus terrible encore est le fait que nous avons été collectivement déclaré coupables et les institutions de l’Etat ne font rien pour nous protéger, nous citoyens de ce pays. »

Lors d’une conférence de presse, les parents de Kata Bandy ont expressément lancé un appel aux médias et aux cercles politiques de s’abstenir « d’utiliser le nom de notre fille comme un prétexte pour inciter à la haine ou pour réintroduire la peine capitale » – mais en vain.

Le Jobbik tout comme le parti dirigeant Fidez se sert du meurtre de Bandy pour réclamer l’introduction de la peine de mort. Jobbik, qui avait remporté les élections en 2010 avec 17 pour cent des votes, a organisé une importante campagne en faveur de la peine de mort. Le dirigeant de Jobbik, Gabor Vona, a justifié la demande pour la peine capitale en affirmant faussement que 90 pour cent de tous les meurtriers étaient des « Tsiganes, » tandis que 100 pour cent de toutes les victimes étaient des Hongrois.

Un certain nombre de politiciens du parti au pouvoir Fidesz ont aussi demandé l’introduction de la peine de mort qui contreviendrait à la Constitution hongroise et au droit communautaire. La question doit maintenant être débattue début septembre par la faction du Fidesz.

Les attaques ainsi que l’intimidation à l’encontre des Roms ont lieu depuis plusieurs années en Hongrie. En 2008-2009, un nombre de Roms hongrois ont été blessés et six ont été tués, dont un enfant en bas âge, dans une série de pogroms meurtriers. A chaque fois les meurtres se sont produits après les défilés par la Garde hongroise à travers des campements Roms. Le procès de quatre membres de la Garde soupçonnés d’être impliqués dans les meurtres dure depuis plus d’un an.

Dans un cas plus récent, des groupes fascistes avaient terrorisé l’année dernière des mois durant les Roms vivant dans le village de Gyöngyöspata.

Le Fidesz au pouvoir compte de plus en plus souvent sur l’extrême droite. Le premier ministre Orban a déclaré que les campagnes anti-Roms sont inacceptables mais il a aussitôt insisté en disant que les Roms étaient obligés de s’intégrer.

Suite à une motion déposée par le Jobbik, le parlement hongrois a amendé dernièrement le Code criminel du pays pour rendre passible d’un an de prison toute calomnie de la « Sainte couronne » et des symboles d’Etat tels l’hymne et le drapeau national ainsi que les armoiries. Le Fidesz dispose d’une majorité des deux tiers au parlement.

L’augmentation de la violence droitière, tolérée et/ou soutenue par le parti au pouvoir, est une réponse à la crise économique et sociale qui ne cesse de s’aggraver en Hongrie. Le pays est en proie à la récession et est confronté à une inflation en hausse. En juillet, le taux d’inflation était de 5,8 pour cent, bien au-dessus des attentes des experts. La principale cause de l’inflation élevée est l’augmentation spectaculaire des prix des denrées alimentaires.

Les conditions de vie de la majorité des Hongrois sont de plus en plus intolérables en raison des coupes drastiques imposées par le gouvernement Orban et de l’inflation élevée. Selon les données émanant fin juin de la Banque nationale hongroise, 16,3 pour cent de tous les prêts détenus par les ménages étaient jugés « non performants », ce qui signifie que les débiteurs sont en retard de paiement d’au moins 90 jours pour au moins une tranche. Il y a un an ce chiffre était de 11 pour cent.

Les principales raisons avancées par la Banque nationale hongroise pour cette augmentation de « mauvaises créances » sont un chômage élevé et la baisse du revenu disponible pour la plupart des débiteurs. Ce revenu a baissé en raison de la hausse de l’impôt, de l’impact du taux d’imposition uniforme pour les faibles revenus et la hausse de l’inflation. Si le forint continue de chuter face à l’euro, la situation continuera d’empirer.

Wsws, Markus Salzmann, 11 septembre 2012 (article original paru le 5 septembre)