[Poitiers] Les MJS 86, Benoît Fleury et Manuel Valls

Benoît Fleury est un ancien gudard, qui dit avoir arrêté ses activités il y a quinze ans. En 2008, sa nomination à Poitiers en tant que prof de fac avait soulevé une polémique. Le voici de retour… les MJS 86 et l’UNEF (syndicat étudiant très lié au PS) protestent.

Difficile de savoir si cet ancien fasciste a réellement renié ou non ses convictions affichées il y a quinze ans… la vigilance s’impose, de toute évidence !

Cela dit, à propos de vigilance antifasciste, nous aimerions aussi entendre les MJS 86 sur la politique de la mairie PS de Poitiers vis-à-vis des Roms ; une plaidoirie de l’avocate de la mairie, qui souhaite expulser les squats de Roms sur Poitiers, nous avait en effet récemment fait froid dans le dos…

Ou encore, sur la dernière sortie de leur camarade « socialiste » Manuel Valls, aujourd’hui sinistre de l’Intérieur et responsable d’un consternant record d’évacuations de campements de Roms (les derniers ayant eu lieu hier à Wissous en Essonne) : «Oui, il faut dire la vérité aux Français», a-t-il vomi sur France Inter. «Ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation». «C’est illusoire de penser qu’on réglera le problème des populations roms à travers uniquement l’insertion». «Pas d’autre solution que de démanteler ces campements progressivement et de reconduire à la frontière

Le Pen n’aurait pas dit pire, n’en déplaise à ces « antifascistes » du PS.

Il nous semble que la moindre des choses pour les MJS, quand on prétend dénoncer les déclarations puantes de groupuscules nationalistes fascisants, serait de déchirer leur carte du PS quand ce parti met EN ACTES une politique aussi ignoble.

Le fascisme historique a toujours été le produit de la bourgeoisie en temps de crise économique et politique, pour diviser le prolétariat et imposer ses prérogatives par tous les moyens. Il est l’expression d’un retour brutal aux fondamentaux régaliens des Etats : la violence armée, judiciaire et économique, pour mettre les populations divisées sous leur joug. Hier en France, l’UMP faisait le lit du fascisme. Aujourd’hui, c’est le PS.

Solidarité avec tou-te-s les prolétaires en lutte. A bas le racisme, à bas toutes les frontières ! A Poitiers comme ailleurs : soutien aux Roms et aux migrant-e-s dans leurs luttes contre le racisme d’Etat !

Pavillon Noir, 25 septembre 2013

[Les-Trois-Moutiers – 86] Un Center Parcs sous perfusion d’argent public

NdPN : les 15 millions d’euros qui manquaient encore au financement de ce nouveau parcs de loisirs ont finalement été trouvés en raclant çà et là de l’argent public… pour le plus grand bonheur du groupe capitaliste Pierre & Vacances. Lorsqu’il s’agit d’assurer le profit, les institutions étatiques montrent décidément une solidarité sans faille.

Loudunais : 15 millions d’euros pour boucler le financement du Center Parcs

La préfète de la Vienne, Elisabeth Borne, a annoncé aux élus du conseil général réunis ce matin à Poitiers que l’Etat était parvenu à boucler le financement des 15 millions d’euros manquants au budget du projet de Center Parcs de Morton/Les Trois-Moutiers et donc à honorer la promesse faite par l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, il y a deux ans. Les élus de l’opposition de gauche emmenés par Jean-Daniel Blusseau s’en sont félicités en direct sur le réseau Twitter. La Caisse des dépôts aurait ainsi accepté d’apporter 5M€ supplémentaires, la Région Poitou-Charentes 3 M€, l’Etat 2,5 M€, sans compter les 500.000 € au titre du Feder, 1M€ du fonds national d’aménagement et de développement du territoire, 1M€ du fonds tourisme et les 2M€ avancés par le Département pour le financement des réseaux et qui seront compensés par l’Etat. Le plan de financement doit être voté à l’hôtel du département vendredi.

Nouvelle République, 24 septembre 2013

Feminism Attack ! Le féminisme anarchiste en Tunisie

Feminism Attack ! Le féminisme anarchiste en Tunisie

La Tunisie, forte d’un mouvement féministe de plus de cent ans, est fréquemment considérée comme le pays du monde musulman le plus en avancé en matière de droits des femmes. Depuis 1957, le Code du statut personnel reconnaît des droits aux femmes tels que l’avortement, la contraception ou encore le droit à l’éducation. Bien que les mouvements féministes tunisiens aient permis ces avancées, la condition des femmes, comme dans beaucoup d’endroits sur la planète, est encore loin de correspondre à l’idée que s’en font les anarchistes. Rien de nouveau sous le soleil de la domination masculine : les femmes sont toujours considérées comme des mères et des épouses avant d’être des citoyennes. Après quelques jours passés en Tunisie, il est aisé de constater combien le jugement des autres et la crainte de compromettre une réputation peuvent freiner l’engagement et le militantisme des femmes. Il existe actuellement au moins trois collectifs féministes en Tunisie : Les Femmes démocrates, groupe constitué de bourgeoises qui se réunissent sans but politique ni revendicateur, les Femens, reconnues en Tunisie pour leur lutte. (Leurs actions ne font cependant pas l’unanimité.) et Feminism Attack, un mouvement collectif autogestionnaire et autofinancé, dont les membres ont une moyenne d’âge d’environ 20 ans. Il vise, inspiré par des idées anarchistes, à trouver des solutions radicales aux problèmes sociaux et politiques, ainsi qu’aux dangers qui menacent la position des femmes au sein de la société.
Le mouvement a pour but d’établir une culture autogestionnaire et croit en l’obligation de la révolte des femmes contre toute sorte d’exploitation.
Il remet en cause l’ensemble des aspects de la condition féminine au sein de la société patriarcale : abolition des stéréotypes basés sur le sexe, abolition de la déshumanisation et de l’objectivation des femmes, élimination complète de la violence dirigée contre les femmes (viols, violences conjugales, mutilations génitales, stérilisations forcées, attentats à la pudeur, harcèlements sexuels).
Nous avons rencontré Aika et les membres de Feminism Attack, avec qui nous avons réalisé cet entretien.

1715FeminismAttack

Nath & Chris : Où se situe Feminism Attack et quelles sont vos tendances politiques ?

Feminism Attack : Nous sommes, pour le moment, situées à Tunis, la coloration politique est assez mitigée.

N. & C. : Pouvez-vous nous dire comment, quand et pourquoi est né votre groupe ?

F. A. : Nous étions un groupe de femmes partageant plusieurs idées et nous en sommes venues à mener les mêmes actions, mais à titre individuel : d’où l’envie de fonder le mouvement, fin 2011. Cette décision a été prise suite à notre prise de conscience de la condition de la femme en Tunisie, qui est, contrairement aux apparences, à la limite de l’acceptable. D’autant plus que les prétendus acquis se sont vus menacés par l’ascension au pouvoir du parti islamiste. Et puis, les mouvements prétendus féministes qui existent déjà n’ont pas vraiment servi la cause que nous prônons, ils ne représentent pas la vraie femme tunisienne, mais plutôt une image pseudo-bourgeoise au service d’un système.

N. & C. : Qui sont les militants de Feminism Attack ?

F. A. : Nous sommes encore un petit groupe d’élèves et d’étudiantes, nous appartenons à la classe moyenne. La tranche d’âge est comprise entre 18 et 24 ans. Nous n’avons pas encore recruté de militants de sexe masculin, bien que nous n’y voyions aucun problème.

N. & C. : En quoi consiste votre militantisme et quelles sont les actions privilégiées ?

F. A. : Pour le moment, nous n’avons pas réellement d’actions privilégiées, on fait un peu de tout, bien que nous fassions en majorité des bombages, mais c’est plus par manque de moyens et d’opportunités qu’autre chose. Nous comptons, bien évidemment, élargir notre terrain d’action et nos manières de faire dans un futur proche.

N. & C. : Comment vous organisez-vous, à quelle fréquence vous voyez-vous, de quels matériel et moyens de communication disposez-vous ?

F. A. : On s’organise autour d’assemblées générales dans lesquelles toutes les décisions du groupe sont prises. Les fréquences dépendent de la nécessité du moment. On n’a pas encore de local fixe, on se réunit dans des cafés ou des espaces publics…, ce qui n’est pas très pratique dans la mesure où nous avons déjà subi la pression policière, et même été contrôlées par des civils. Pour le moment, on n’a pas de matériel, c’est pour cela que nos actions sont assez limitées dans la mesure où nous nous autofinançons, et ce avec notre seul argent de poche. On communique avec tous les moyens à notre portée (Facebook, téléphone).

N. & C. : Quels sont les différents groupes féministes en Tunisie ? Vos rapports avec eux ? Que pensez-vous des Femen ?

F. A. : Le plus connu est l’association Femmes démocrates tunisiennes, il y en a d’autres, mais qui ne sont ni très connus ni très présents sur la scène politique. On n’a pas vraiment de rapports avec eux, étant donné qu’on ne se retrouve pas sur les mêmes principes, et nos méthodes de travail sont différentes. Sinon, nous avons déjà exprimé notre position vis-à-vis de Femen, nous avons même publié un article détaillé sur notre page Facebook.

N. & C. : L’action politique de Feminism Attack en Tunisie peut-elle s’allier à d’autres mouvements ? Lesquels et sous quelle forme ?

F. A. : On est assez proches des mouvements Blech 7ess, Désobéissance et Alerta (NDLR : Vegan/Green Anarchism). On organise des actions ensemble : des événements culturels, des projections de films, des concerts, etc.

N. & C. : En ce qui concerne les derniers soulèvements populaires en Tunisie, et encore aujourd’hui, dans quelle dynamique vous inscrivez-vous ?

F. A. : On s’inscrit dans tout soulèvement populaire qui sert la cause du peuple, qui est contre le système et qui, surtout, n’est pas organisé par des partis politiques, qui ne servent pas que leur propre cause et qui ne visent pas le pouvoir.

N. & C. : Comment les initiatives de Feminism Attack sont-elles perçues par les Tunisiens et par les autres militants révolutionnaires ?

F. A. : Nos actions n’ont pas un grand écho populaire : en général, les Tunisiens se limitent à l’information toute prête livrée par les médias, et hormis après une ou deux arrestations suivies d’articles bâclés et désinformateurs, nous n’avons pas reçu une réelle couverture médiatique. On ne s’en plaint pas réellement étant donné que notre but n’est pas de faire la une ni de courir après la gloire.

N. & C. : Quelles sont les contraintes qui pèsent le plus sur les militants de Feminism Attack ?

F. A. : Le système et la police, généralement.

N. & C. : Les villes sont-elles, d’après vous, davantage propices aux actions féministes ?

F. A. : En ville, le travail est plus facile, car il y a une certaine prise de conscience du peuple, les gens y sont plus ouverts et la femme y est plus émancipée, contrairement à la campagne où, parfois, les gens sont littéralement coupés du monde. Par contre, nous envisageons de travailler dans les milieux ruraux dès que nous en aurons la possibilité, nous avons d’ailleurs plusieurs projets à ce sujet.

N. & C. : Comment l’action répressive s’exerce-t-elle sur les anarchistes féministes ? Y a-t-il des précautions à prendre ?

F. A. : Les dangers sont à peu près les mêmes pour toute personne qui va « contre le courant » : bombes lacrymogènes, matraques, violences policières, interpellations, emprisonnements, menaces, etc. Nous n’avons pris aucune réelle précaution parce que cela nous limiterait énormément sur le plan des actions.

N. & C. : En dehors des forces répressives classiques, quels sont vos adversaires ou ennemis politiques les plus redoutables ?

F. A. : Les partis politiques extrêmes, qui sont tous au service du même système, directement ou indirectement.

N. & C. : Pour conclure, quelles sont vos perspectives ?

F. A. : Nous espérons combattre pour notre cause encore très longtemps et, surtout, que nos combats soient fructueux et qu’ils servent cette lutte, qu’on puisse aboutir à un réel changement et participer à une certaine prise de conscience du peuple.

Le Monde Libertaire n° 1715

[Poitiers] Théâtre : des limites de la « démocratie » et de la contestation représentativistes

NdPN : et voilà, c’est plié : le Théâtre est vendu pour 200 euros le mètre carré à un promoteur immobilier. Avec son petit espace « culturel » bien sûr, histoire de ramener des « flux » humains vers les étals de produits moisis qui jouxteront les expos « artistiques » (la petite plus-value marchande, il ne manque plus que le label architecture bio). Tout cela montre à l’évidence que la démocratie représentative n’est qu’une mascarade : une opposition importante à ce projet de cession manifeste depuis des mois, mais le maire PS n’en a cure et revient sur ses belles promesses pré-électorales. Une fois de plus, rien d’étonnant pour nous anarchistes : dans cette « démocratie » représentative de merde, les mandats ne sont pas impératifs et les mandaté-e-s non révocables. Elles n’ont donc aucune légitimité à nos yeux. Mais nous sommes aussi critiques sur le fond et la forme de la contestation de cette cession. Si le conseil municipal n’a rien de libre dans son fonctionnement, si par définition il ne permet pas l’expression directe, l’action directe et l’organisation directe des habitant-e-s de Poitiers, alors quel sens y a-t-il à réclamer dans des tracts que le Théâtre demeure en gestion municipale ? N’est-ce pas parce que les partis de gauche engagés dans cette lutte (parti de gauche, npa…)  briguent eux-mêmes des postes à des élections municipales allant par essence à l’encontre de l’auto-organisation des populations ? Quel sens y a-t-il à pétitionner et à réclamer (voire à exiger, attention !) quoi que ce soit à une municipalité qui par définition fait ce quelle veut tant qu’on se place sur le terrain d’institutions qui la légitiment ? Quel sens y a-t-il à occuper le conseil municipal baillonné-e-s, si ce n’est pour entretenir l’illusion que les gens devraient avoir droit à l’ouvrir, dans un système représentatif fondamentalement opposé à ce quiconque d’autre que les élu-e-s ne décide in fine ? Quitte à investir le conseil municipal, il fallait gueuler et bordéliser cette institution faite pour baillonner ! Il faut croire que les réflexes du pouvoir sont prégnants même chez les contestataires, pour en venir à les voir se baillonner eux-mêmes… Pour « sauver le théâtre », c’est le Théâtre qu’il aurait fallu occuper et socialiser, au lieu de camper devant tous les samedis en faisant circuler une pétition. Quant à nous, nous ne considérons pas que la « culture » se soit jamais développé dans ce Théâtre plus qu’ailleurs. La culture naît et vit de la solidarité et des échanges à l’œuvre parmi les gens, sans le truchement de quelque représentant que ce soit. La municipalité PS, en quadrillant Poitiers pour virer les Roms, harceler les « marginaux » et autres pauvres indésirables, et intimider les anti-autoritaires au moindre rassemblement, en faisant place nette partout pour la normalisation capitaliste en transformant le centre-ville en galerie marchande à ciel ouvert, est à l’opposé de la culture telle que nous l’entendons. Le véritable espace à sauver n’est pas tel ou tel espace « public » (c’est-à-dire géré par des institutions moisies), mais tout l’espace social. Et nous ne socialiserons que ce que nous occuperons sans médiation, par une lutte résolue. D’autres lieux de sociabilité existent à Poitiers, bien plus culturels qu’un cinoche, et nul n’est besoin d’affichage ni de jérémiades à des encravatés pour les faire vivre. A bas la « concertation » avec des brutes politiciennes, à bas le spectacle, et le spectacle de la contestation.

Poitiers: le conseil valide la cession du théâtre

Par 37 voix pour, 9 contre et 3 abstentions, le conseil municipal de Poitiers vient de valider la cession d’une partie de l’ancien théâtre à l’investisseur Thierry Minsé, secondé par François Pin, architecte, et Thierry Février, promoteur poitevin. Les Verts qui font toujours partie de la majorité ont voté contre. Les abstentions et les autres votes négatifs émanant de la droite et du NPA. Il y a eu deux heures de débat en présence du collectif des opposants à la vente qui se sont présentés baillonnés pour dénoncer «l’absence de concertation». Plus d’information demain dans la NR.

Nouvelle République, 23 septembre 2013

Sur la cession du théâtre chacun a joué son rôle

La délibération traitant de la vente de l’ancien théâtre a donné lieu à un long débat très politique qui a définitivement lancé la campagne des municipales.

Personne n’en doutait. La campagne des municipales est bel et bien lancée. Le premier acte de la bataille de mars a vraiment eu lieu hier soir à l’occasion de la délibération sur la cession au privé de l’ancien théâtre. Chacun a joué son rôle. Maryse Desbourdes du NPA a encore fait preuve de constance dans son opposition de gauche. « La vente du théâtre à un promoteur est un scandale pour le patrimoine qui va connaître une dégradation définitive et un déni de démocratie face à vos promesses de campagne 2008 et à l’opposition massive à la cession. »

La cerise sur le gâteau de Cœur d’agglo

De l’autre côté de l’échiquier, la droite et le centre apparurent divisés. Stéphane Braconnier, qui ne se représentera pas, est resté fidèle à ses idées, libérales. « Sur le fond, nous avons toujours estimé que l’avenir du Théâtre ne pouvait résider dans une opération résultant d’un partenariat entre la collectivité publique et le secteur privé. Le schéma général qui a été retenu nous convient donc. Mais nous regrettons votre manque d’effort en matière de pédagogie et de transparence. A titre personnel, je m’abstiendrai. » Au contraire des membres de son groupe UMP-UDI Serge Rouquette et Isabelle Chédaneau (« vous étiez engagé à une large concertation et on peut dire qu’elle fut quasi inexistante ») qui ont voté contre. Les deux sont dans l’équipe du candidat de l’UDI Eric Duboc. Né de l’éclatement des amis de Philippe Mahou (MoDem), le groupe Indépendants et Démocrates a fait entendre deux sons de voix différents. Martine Jammet (« sur le principe nous sommes d’accord ») et Françoise Colleau, engagées avec Eric Duboc, se sont abstenues. Au contraire de Maxime Huille dont la charge fut virulente. « La cession directe que nous allons voter oblitère les finances de la Ville par un manque à gagner et spolie les Poitevins. » Maxime Huille doit rejoindre la liste EELV de Christiane Fraysse. Toujours dans la majorité, l’adjointe verte a vu rouge elle aussi. « Non, Monsieur le Maire, cela n’est pas acceptable. » Candidat à sa succession, Alain Claeys a pu compter sur ses amis socialistes. « La gauche municipale n’a pas de leçon de gauche à recevoir dans cette affaire », s’est emporté Aurélien Tricot (PS). Eliane Rousseau (divers gauche) et le communiste Patrick Coronas ont marqué un soutien appuyé au projet. L’élu PCF s’est prononcé pour la cession en ces termes. « Nous devons faire des choix responsables. Nous considérons que conserver le théâtre, le rénover et le faire fonctionner […] ne pourrait se faire qu’au détriment d’autres budgets et d’autres actions culturelles. » La palme de l’humour et du verbe revint à l’écologiste « non aligné »- selon se propres termes – Georges Stupar. « Après la présentation du projet, j’éprouve le besoin de vous transmettre l’enthousiasme citoyen qui est né en moi. Ce projet de rénovation architecturale c’est la cerise sur le gâteau de Cœur d’agglo. » Alain Claeys reprit le premier rôle pour jouer la dernière scène sans suspense : 9 contre, 5 abstentions, 37 pour. Rideau.

Loïc Lejay, Nouvelle République, 24 septembre 2013

Ancien théâtre : le projet raconté par l’architecte

“ J’ai beaucoup hésité ”, reconnaît François Pin, l’architecte qui dessine ce que sera dans deux ans le bâtiment de l’ancien théâtre. Rencontre.

A quoi ce bâtiment peut-il servir d’autre qu’une salle de cinéma, ce qu’il était devenu au fil des années ? C’est la question que s’est posée François Pin, l’architecte qui accompagne Thierry Minsé et Thierry Février, les investisseurs retenus hier soir par le conseil municipal pour réhabiliter l’ancien théâtre (NR de jeudi dernier). En y aménageant une salle d’arts visuels – publique – au milieu de commerces, de bureaux et de logements.

 «  Des esquisses à affiner  »

François Pin : « J’ai beaucoup hésité. Au prix de quelles modifications peut-on lui donner une nouvelle vie ? Ce qui m’intéresse c’est la formulation du programme qui articule un espace public culturel à des espaces commerciaux. On articule deux éléments qu’habituellement on prend grand soin de séparer. Le public qui viendra dans les commerces ira découvrir les expos. On peut amener à l’art contemporain des gens qui n’iraient pas forcément voir des tableaux. » L’appel à candidatures lancé par la Ville de Poitiers avait reçu deux réponses. « L’une d’elles ne répondait pas au cahier des charges que nous avions édicté. L’autre est en totale conformité avec ce que nous recherchons », a indiqué hier Alain Claeys, lors d’un déjeuner de presse qui précédait la réunion du conseil municipal. François Pin a décliné son projet « avancé, mais pas ficelé. Il ne s’agit que d’esquisses qui nécessitent d’être affinées. » La future salle d’arts visuels s’insérera dans l’actuelle salle du théâtre dont la hauteur sous plafond sera ramenée à 3,50 m. L’accès à cette salle de 350 m2 (500 m2 avec les réserves) se fera par le grand hall et l’escalier qui descend aujourd’hui à la grande salle du théâtre. Un accès handicapés sera ouvert depuis l’extérieur, à droite des marches ouvrant sur la place Leclerc. Dans le grand hall toujours, les caisses actuelles disparaîtront au profit d’un espace qui desservira commerces, bureaux et logements. Combien d’étages ? « On reste dans le volume actuel du bâtiment, a indiqué Thierry Minsé aux journalistes. Volume qui nous permet d’ajouter un étage pour installer des logements de haut de gamme. » Combien de commerces et de bureaux. L’investisseur : « Nous sommes en discussions avec les commerçants de Poitiers. »

billet

Créer des flux

Le mot revient régulièrement à la bouche des élus comme du promoteur, Thierry Minsé, et de l’architecte, François Pin « La réhabilitation de l’ancien théâtre en immeuble de commerces, de bureaux et de logements a pour ambition de créer des flux. » En d’autres termes : de faire venir du monde en centre-ville. En étant « financièrement supportable » par la Ville, tout en préservant l’offre culturelle et le patrimoine. C’est à ces exigences que le projet validé hier par le conseil veut répondre. Manière de marier culture et commerce. Les Poitevins trancheront à la fin du chantier… dans deux ans.

le chiffre

510.000

C’est le prix de cession de l’ancien théâtre à Thierry Minsé et à Thierry Février. Bernard Cornu, adjoint à l’urbanisme : « France Domaines avait estimé la partie que nous cédons à 435.000 €. L’acquéreur a proposé 510.000 €. A ceux qui trouvent que ce n’est pas cher, je réponds qu’après avoir acheté un tel volume, les investisseurs devront rénover l’enceinte de la salle principale pour y aménager la salle d’arts visuels. Un investissement de 500.000 €. » Sans parler des sommes à engager pour créer commerces, bureaux et logements. En contrepartie, les investisseurs deviennent propriétaires des murs des trois commerces actuels, de plain-pied sur la rue. Jusqu’à hier, ils appartenaient à la ville. Après le dépôt de la demande de permis en fin d’année, les travaux sont annoncés pour durer dix-huit mois. L’ouverture se ferait concomitamment avec celle du Printemps.

le projet

Ce que sera la salle d’arts visuels

Anne Gérard, adjointe au maire en charge de la culture, a décliné les cinq thèmes autour desquels s’articulera la future salle d’arts visuels : un lieu connecté aux autres lieux culturels (Confort, TAP, maisons de quartier…), un lieu ouvert sur la ville, un lieu de médiation, un lieu d’expérimentation et un lieu d’exposition.

Jean-Jacques Boissonneau, Nouvelle République, 24 septembre 2013

 » Les gros sous se diluent dans l’art « 

Ils sont venus, ils ne sont pas tous là. Une bonne cinquantaine de personnes a répondu à l’appel du collectif de défense du théâtre à manifester lors du conseil hier soir. Avant la séance sur le parvis, on a chanté sur un air de Gainsbourg : « Les gros sous se diluent dans l’art, c’est que défend Ann’ Gérard (*)… Le théâtr’ ne vaut pas une messe, c’est ce que prétend Alain Claeys. »

«  La délibération de la honte  »

Puis on est rentré symboliquement bâillonné dans la salle avec quelques pancartes explicites – « quand la politique devient du théâtre »- pour exprimer une sourde colère. Le collectif a symboliquement stigmatisé « la délibération de la honte » de quintes de toux marquées lors de l’exposé de l’adjoint Robert Cornu. Le propos de Maryse Desbourdes, membre du NPA, eut droit à des applaudissements nourris. L’adjoint écologiste Robert Rochaud s’offrit lui aussi un petit triomphe quand, après s’être ému de ne pas avoir été invité aux dernières réunions du comité de pilotage du dossier, il lança à Alain Claeys : « dans ce dossier épineux Monsieur le maire, je m’interroge sur ce que vous avez à cacher. » A l’heure du vote très majoritairement et définitivement en faveur de la cession, le petit monde du collectif quitta amer la scène. Tout en promettant d’y revenir dès que possible. Par les coulisses si besoin…

(*) Anne Gérard est adjointe au maire en charge de la culture.

L.L., Nouvelle République, 24 septembre 2013

[Poitiers] Sur le « décrochage scolaire »

Rééducation réussie d'un élément en décrochage scolaire
Rééducation réussie d’un élément en décrochage scolaire

Aujourd’hui dans la NR, un article qui démontre à quel point l’école n’a plus pour ambition que de faire rentrer des individus dans le monde du travail aliéné, et qui ne déplore avec cynisme le « décrochage scolaire » que lorsqu’il conduit les individus concernés à ne pas s’insérer dans l’immonde du travail. Pas un mot sur l’émancipation personnelle, ni sur la culture comme processus collectif d’appropriation des savoir-faire et des connaissances.

Comment s’étonner après dudit « décrochage », malgré tous les « dispositifs » rassemblant leur cohorte de bureaucrates, de gratte-rapports bidons et de conseillers en management orientation ? Ce n’est pas en mettant toujours plus de pression et de quadrillage (jusque dans leur famille) à des enfants déjà mal à l’école, qu’on la leur fera aimer davantage !

Le problème de l’école du point de vue des enfants (bref du point de vue essentiel, qu’oublient si souvent les profs eux-mêmes, sans parler des technocrates de l’éducation nationale), c’est d’être enfermé-e-s huit heures par jours entre des murs, de subir un apprentissage pas toujours souhaité, sur des matières qui n’intéressent pas forcément, avec des évaluations qui hiérarchisent, dévalorisent, stigmatisent voire cassent à vie. C’est d’être transformé en pâte à modeler adaptable aux desiderata des adultes morts-vivants, produits d’un monde aliénant qu’on n’a pas choisi.

Si les individus pouvaient participer pleinement à l’apprentissage et à sa définition, selon leurs envies et leurs besoins individuellement et collectivement exprimés, on aurait sans doute moins de « décrochage ». L’histoire des écoles libertaires le démontre amplement… Mais pour cela, encore faudrait-il que l’école ne soit plus sous l’égide d’un Etat et d’un patronat tout-puissants, dont la seule ambition n’est que la sujétion et l’exploitation de tou-te-s !

Juanito, Pavillon Noir, 24 septembre 2013