Archives de catégorie : Désinformation bourgeoise

[Poitiers] Quand les autorités poitevines tentent de récupérer Foucault

Quand les autorités poitevines tentent de récupérer Foucault

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Michel Foucault et Jean Paul Sartre manifestent devant l’entrée des usines Renault pour protester contre l’assassinat de Pierre Overney, militant maoïste assassiné par un agent de sécurité de Renault – 28/02/1972 – Crédits : Lorenzo, Josée  / INA

La semaine Foucault à Poitiers s’ouvre donc. Elle s’affiche odieusement sur les « sucettes » publicitaires et le « mobilier urbain » du propagandiste Decault. Foucault, natif de Poitiers, toujours boycotté de son vivant par les bureaucrates locaux, doit se retourner dans sa tombe de Vandeuvre-du-Poitou !

Et pour cause : cet universitaire, certes non anarchiste mais communiste et partageant une critique radicale de l’autorité, n’a cessé de produire une critique sans concession des méthodes castratrices et disciplinaires des pouvoirs patriarcal, capitaliste et étatique.

Sa critique a dénoncé, avec une pertinence redoutable, les dispositifs autoritaires au sein de cette société panoptique, dont il a souligné la similarité : la caserne, l’école autoritaire, le marché culturel et artistique, l’enfermement psychiatrique et médical, la prison – il a d’ailleurs fondé le GIP, groupe d’information sur les prisons.

L’auteur de « Surveiller et punir » a disséqué sans concession l’histoire de la diffusion d’un pouvoir biopolitique qui atomise les individus, plongeant son contrôle inquisitorial jusque dans leurs actes les plus quotidiens.

S’il est réjouissant de voir que les universitaires à l’initiative du projet considèrent que la pensée de Foucault mérite plus que jamais d’être connue, il est dans le même temps tout à fait insupportable d’assister à la muséification de fait de cet auteur, qui prônait une pensée vivante, une pensée de combat.

D’autant plus quand cette muséification est promue par des autorités locales, les mêmes qui mettent en oeuvre à Poitiers toujours plus de gentrification, d’aliénation pseudo-culturelle, de surveillance, de stigmatisation des « marginaux », de quadrillage des territoires à coups de coeur d’agglo et de grands chantiers inutiles, de répression par la police… et par la taule : le dispositif carcéral de la nouvelle taule de Vivonne résumant parfaitement tout ce que Foucault abhorrait.

Pour notre part, nous n’irons pas aux « événements » Foucault. Les conférences proposées ne sont sans doute pas dénuées d’intérêt… mais la meilleure façon selon nous de rendre « hommage » aux idées de ce philosophe, ne saurait certainement pas consister à lui tisser des lauriers dans le cadre d’un folklore vedettarial, vingt ans après sa mort, en vue de neutraliser le potentiel subversif de sa pensée ; mais à traduire et développer en actes, dans nos alternatives de vie et de luttes, la critique radicale commune d’une société autoritaire invivable.

Pavillon Noir, 21 mars 2013

[86] « Boisement compensateur » sur le tracé de la LGV : opération greenwashing pour Vinci

Le « greenwashing » consiste pour une entreprise à se donner des airs de préoccupations environnementales, pour dissimuler un impact social et écologique dévastateur. Un peu comme l’émission de Hulot, Ushuaïa, qui était financée par le plus gros pollueur de l’époque en France, Rhône-Poulenc.

Concernant la LGV (ligne à grande vitesse) Tours-Bordeaux, véritable plaie béante traversant notamment la Vienne avec ses remblais géants, des espaces boisés ont été défrichés et leurs sols dévastés. A la place, des paysages lunaires, des pierres transportées depuis des carrières qui essaiment le long du tracé. Le néant, le désert et le béton.

Aujourd’hui, nouvelle opération de communication de Cosea dans les médias locaux, toujours prompts à relayer  la propagande de Vinci (multinationale aussi impliquée dans d’autres destructions sociales et écologiques comme à Notre-Dame-des-Landes). Il s’agit de replanter des arbres « de qualité » sur une surface double de celle défrichée par le tracé de la LGV. Cette merveilleuse illustration du capitalisme vert s’appelle le « boisement compensateur » [sic]. Il y aura même des arbres fruitiers pour les petits oiseaux qui viendront se fracasser sur les TGV ! Ce petit paradis (qu’il faudra néanmoins attendre un siècle pour voir) sera bien protégé par des clôtures installées par Cosea.

Sauf que ces 314 hectares de reboisement dans la Vienne, en plus de ceux couverts par le tracé LGV, remplacent des espaces agricoles dont les exploitants sont virés avec le concours gracieux de l’Etat PS (qui oblige au « boisement compensateur »), et les liasses de biftons de Vinci. Vinci est au demeurant largement subventionnée, dans ce chantier LGV, par ledit Etat… dans le cadre d’un « partenariat public-privé » ruineux pour les populations, subissant un surcroît de « dette publique » bidouillée par des bureaucrates. Niveau social, on repassera !

A ce propos, le gros propriétaire foncier interviewé par la Nouvelle République évoque les arbres replantés par le grand Colbert. Comparaison révélatrice ? Il oublie de préciser que si Colbert a replanté des arbres, c’était déjà pour « compenser » une dévastation sociale et écologique : la France a été déboisée par le même Colbert, en quasi-totalité, sous Louis XIV… Et ce, pour construire une marine de guerre et des navires marchands (négriers notamment). Déjà à l’époque, la dévastation écologique était la signature d’une politique étatique de dévastation sociale programmée.

Quant au niveau « écologique », qui oserait prétendre que les sols des terres labourées, saturés d’intrants polluants, à la microbiologie dévastée et sur lesquels ces « arbres de qualité » sont téléportés, pourront remplacer l’humus forestier, infiniment riche, complexe et fragile, et dont le vaste recul en France est pour le moins préoccupant ? On est là dans le mépris total des conditions environnementales propices au développement d’une véritable forêt. Rappelons que l’écrasante majorité des sols en France sont de fait devenus de véritables déserts stériles : sans l’emploi massif d’intrants chimiques, sans l’utilisation massive du pétrole, les terres agricoles ne produiraient quasiment plus, faute de vie biologique réelle. L’humus forestier, seul système biologique au monde apte à produire la vie de façon « durable » et cyclique, met plusieurs décennies à se reconstituer… quand il se reconstitue.

Même l’argument économique de l’industrie bois ne tient pas : les chênes et les cèdres plantés aujourd’hui dans la Vienne ne pourront être exploités que d’ici… 80 à 120 ans. L’aspect coup de comm’ apparaît en plein jour, si l’on note que les propriétaires fonciers qui concèdent leurs parcelles ne s’engagent à ne les maintenir boisées que pendant… vingt ans !

Bref, la désinformation de Vinci, de l’Etat, des bureaucrates politicards locaux et des médias frise une fois de plus le grotesque. Après les enfants handicapés heureux de conduire des engins de Vinci, après l’invocation à la journée de la femme pour évoquer l’effort dérisoire de « parité » sur les chantiers, après le recours piteux à l’argument grossier de la création d’emplois précaires et temporaires, voici les arbres et les petits oiseaux. Il faut dire qu’ils auront peut-être la « chance de voir passer les premiers TGV » [sic] : chez les journalistes aussi, on peut se montrer poète…

L’enjeu des pouvoirs politico-économiques est désormais d’étendre la dévastation LGV à un barreau Poitiers-Limoges.

Nous ne laisserons pas transformer la planète que nous habitons en poubelle de béton.

Pavillon Noir, 18 mars 2013

La vidéo de la Nouvelle République ici.

Voir aussi l’article de la NR…

LGV : deux hectares boisés pour chaque hectare défriché

Le boisement compensateur de la LGV Tours-Bordeaux prévoit la plantation de 314 ha d’espèces d’arbres de qualité dans la Vienne. A la charge de Coséa.

Sur une colline de Marnay, Patrick de Lassée s’agenouille devant un jeune chêne sessile d’une soixantaine de centimètres pour montrer à son fils de 13 ans la forme caractéristique de ses feuilles. « Le boisement est une affaire de longue haleine, on travaille pour la postérité, explique cet important propriétaire foncier. Si Colbert n’avait pas planté la forêt de Tronçay, les chênes n’auraient pas été là pour la marine de Louis XV ! »

Dans 150 ans, cet arbre atteindra sa maturité s’il a survécu aux sélections successives qui seront opérées sur cette parcelle de 7 ha où près de 8.000 plants identiques et 1.300 cèdres de l’Atlas ont été plantés la semaine dernière. Alors, peut-être, les héritiers des de Lassée se souviendront-ils que l’opération de boisement est intervenue pendant la construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse Tours-Bordeaux ? Une mesure compensatrice imposée par l’État.

«  On s’engage pendant 20 ans  »

« Nous avons l’obligation, dans les quatre ans, de planter deux hectares pour chaque hectare de forêt défriché le long du tracé de la ligne dans la Vienne », explique Luc Vancrayelynghe, l’ingénieur paysagiste de Coséa, le consortium chargé de construire la voie ferrée. « L’idée est de produire du bois d’œuvre de qualité, pas des résineux pour l’industrie papetière ni du bois de chauffage », ajoute Frédéric Filet, de l’entreprise Alliance Forêts Bois sollicitée pour la plantation. Principalement des chênes, donc, mais aussi des fruitiers – merisiers, cormiers et autres alisiers : « Des espèces dont le bois est destiné à l’ébénisterie au bout de 60 ou 80 ans mais qui jouent un rôle en matière de biodiversité ; les oiseaux se nourrissent de leurs fruits. » Au total, à la fin de l’année 2012, Coséa avait déjà fait planter 60 des 314 hectares prévus sur l’ensemble du territoire départemental mais les conditions météorologiques ont ralenti le programme cet hiver. Pour les propriétaires, dont les dossiers ont été retenus, c’est tout bénéfice. Ou presque. « Sans aide, je ne suis pas sûr que beaucoup feraient l’effort de boiser de telles surfaces, estime Patrick de Lassée. Et puis, on s’engage tout de même à maintenir le terrain boisé pendant 20 ans et à l’entretenir de la 4e à la 20e année. »

90 % du coût de l’opération au final

Le technicien de la Société forestière de la Caisse des dépôts, qui assure la maîtrise d’œuvre, estime néanmoins que Coséa prend en charge 90 % du coût de l’opération au final ; à elles seules, les clôtures de deux mètres de haut qui protègent les plants du gibier représentent la moitié de la facture ! « L’entreprise chargée de la plantation doit garantir 80 % de reprise la première année et assurer l’entretien durant trois ans », précise-t-il. Le temps de permettre aux jeunes arbres de s’imposer pour avoir une chance de voir passer les premiers TGV.

Sur 314 hectares à boiser, 60 sont déjà plantés et 175 sont à l’étude. Les propriétaires intéressés peuvent s’adresser au Centre régional de la propriété forestière au 05.49.52.23.08. Courriel : poitou-charentes@crpf.fr

Baptiste Bize, Nouvelle République, 18 mars 2013

[DAL 86] Fin du plan grand froid dans la Vienne, et alors ?

Fin du plan grand froid dans la Vienne, et alors ?

Douze jours après que « la ministre du Logement Cécile Duflot a réaffirmé qu’aucune personne hébergée dans un centre d’urgence ne serait remise à la rue le 31 mars, moment où prend fin le plan hivernal (Duflot ne veut pas remettre les sans-abri à la rue Libération 5 mars 2013) nous avons encore eu la désagréable surprise de lire un communiqué de désinformation préfectorale qui cherche à justifier la remise à la rue illégale des personnes hébergées ces derniers jours. Voir : La fin du plan grand froid dans la Vienne NR 17/03/2013.

Franchement, si les lois étaient respectées, il ne serait pas utile de communiquer sur la « fin du plan grand froid dans la Vienne ». En effet, la loi ne prévoit-elle pas que « Dans chaque département est mis en place, sous l’autorité du représentant de l’Etat, un dispositif de veille sociale chargé d’accueillir les personnes sans abri ou en détresse, de procéder à une première évaluation de leur situation médicale, psychique et sociale et de les orienter vers les structures ou services qu’appelle leur état » (Article L345-2 du Code de l’action sociale et des familles) ? La loi ne prévoit-elle pas que « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence. Cet hébergement d’urgence doit lui permettre, dans des conditions d’accueil conformes à la dignité de la personne humaine, de bénéficier de prestations assurant le gîte, le couvert et l’hygiène, une première évaluation médicale, psychique et sociale, réalisée au sein de la structure d’hébergement ou, par convention, par des professionnels ou des organismes extérieurs et d’être orientée vers tout professionnel ou toute structure susceptibles de lui apporter l’aide justifiée par son état, notamment un centre d’hébergement et de réinsertion sociale, un hébergement de stabilisation, une pension de famille, un logement-foyer, un établissement pour personnes âgées dépendantes, un lit halte soins santé ou un service hospitalier » (Article L345-2-2 du Code de l’action sociale et des familles) ?

A moins que ce qui est sous entendu c’est que, si les personnes sont à la rue c’est parce qu’elles le veulent bien, où qu’elles ne sont pas informées des possibilités de l’hébergement d’urgence….  C’est ce que laisserait penser la suite de la propagande préfectorale : « Le numéro gratuit 115, reste accessible toute la nuit, et est en mesure de répondre aux demandes de conseil et d’orientation concernant toute personne se trouvant sans abri pour la nuit. »

Or, s’il est vrai que le numéro gratuit 115, reste accessible toute la nuit, il est SEULEMENT en mesure de répondre aux demandes de conseil et d’orientation concernant toute personne se trouvant sans abri pour la nuit, et n’y répond EFFECTIVEMENT que rarement. D’autre part il est écrit que le 115l est : « en mesure de répondre aux demandes de CONSEIL et d’ORIENTATION ». Or, lorsqu’on téléphone au 115, la loi prévoit dans un premier temps l’ACCUEIL et l’HEBERGEMENT. Les conseils et l’orientation c’est pour après, dans un second temps, lorsqu’on est au chaud et qu’on a mangé. Il en est de même lorsque la préfecture parle d’« IDENTIFIER les personnes se trouvant en difficulté », c’est nécessaire mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi les PRENDRE EN CHARGE.

Nous aimerions que la préfecture nous informe du taux de réponses négatives du 115 de la Vienne. En attendant, la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réadaptation sociale) qui a publié son « Baromètre hivernal du 115 – janvier 2013 » précise que « Les résultats du Baromètre 115 hivernal de la FNARS pour le mois de janvier 2013 montrent que les personnes sans-abri sont de plus en plus nombreuses à appeler le 115 et que les moyens déployés pour les héberger ne sont toujours pas à la hauteur des besoins ». Poitiers serait-elle la seule ville en France qui y échapperait ? Malheureusement non. Car nous apprenons sur la carte de la page 5 du rapport qu’en janvier dans le département de la Vienne entre 40% et 59% des demandes n’ont pas donné lieu à un hébergement pour « Absence de places disponibles »…

Quelques dossiers que le Dal86 a suivis :

– La première fois que des militants du DAL86 ont assisté à un appel au 115 c’était le 9 avril 2012. Le standardiste du 115 à répété plusieurs fois que « sur Poitiers il n’y a aucune solution ». VOIR – Le 22 décembre dernier au milieu de l’après-midi. Il s’agissait de trois familles, une mère et sa fille de 13 ans, un couple avec un enfant de 9 mois et un autre couple dont la femme de 18 ans était enceinte de 3 mois. La personne du standard du 115 a pris leurs noms et leur a dit qu’il n’y avait pas de place. L’un des militants du DAL86 a alors pris le téléphone et a insisté en appuyant sur le fait qu’il y avait un enfant de 9 mois, un autre de 13 ans et une femme enceinte qui étaient à la rue. La personne du standard du 115 a alors répondu qu’elle allait se renseigner et qu’il fallait rappeler dans une heure. Quand les personnes ont rappelé, la personne du standard du 115 leur a dit qu’il y avait des places mais à 20 km de Poitiers…Ils sont en passe d’être expulsés de la maison dans laquelle ils sont entrés pour se protéger. – David V. est un sans logis qui a été hébergé par le 115 la nuit de samedi 19 à dimanche 20 janvier à l’hôtel Ibis à Beaulieu et la nuit de dimanche 20 à lundi 21 janvier à l’hôtel Terminus à la gare. Lundi 21 janvier il a appelé le 115 qui lui a dit qu’il n’y avait plus de plan grand froid et que donc il n’aurait pas d’hébergement. M. du Tourniquet a même pris le téléphone et a insisté. Mais le 115 n’a rien voulu savoir. Quelques heures après S. du Relais Charbonnier à téléphoné et a insisté mais ce fût là aussi en vain. Ensuite, David V. a téléphoné au 115 entre 14h et 15h mardi 22, mercredi 23 et jeudi 24, et à 16h43 samedi 26 et ça a été très bref : on lui a dit qu’il n’y avait pas de place. David V. est aujourd’hui toujours à la rue. – Nous avons assisté à un appel téléphonique au 115 et l’avons enregistré, le mardi 19 février 2013, d’un couple avec une petite fille de 4 ans à la rue depuis 9 mois, et pouvons attester du refus de l’accueil d’urgence pour les héberger. Le standardiste du 115 a été très clair : « non, non il n’y a pas de place à Poitiers […] il y a plus de place déjà et puis il faut pas trop y compter, il n’y a que 3 places qui tournent pour les hommes donc on ne rajoutera pas de familles. Pour l’instant sur Poitiers on ne mettra pas de familles ». Et quand le père de famille a insisté en disant qu’il avait une petite fille de quatre ans, on lui a répondu « Moi je n’ai rien à vous proposer sur Poitiers [..] même quand il y a des enfants, ici il n’y a pas de budget, il n’y a pas de budget pour l’hôtel sauf s’il fait très très très froid, il y a un budget mais il n’y a pas de budget aujourd’hui... ». Cette famille avec sa petite fille est toujours à la rue.

– Nous avons assisté aux appels téléphoniques au 115, samedi 2 mars 2013 et dimanche 3 mars, d’un père de famille séparé qui est à la rue depuis quatre ans. Nous les avons enregistrés et pouvons attester du refus de l’accueil d’urgence pour l’héberger. Le standardiste du 115 lui a dit samedi 2 mars: « aujourd’hui j’ai pas de place, faut nous rappeler demain ». Et lorsqu’un des membres du DAL a retéléphoné le standardiste du 115 lui a répondu qu’il n’y avait pas de place ni pour ce monsieur ni pour personne d’autre. Et dimanche 3 mars : « non il n’y a pas de place ». Cette personne a obtenu un hébergement seulement les vendredi 8 mars et samedi 9 mars pour être virée les 10 et 11, puis être reprise le 13 et le 14, puis être encore viré les 15 et 16, puis être reprise le 17.

Or, d’après la loi du 25 mars 2009, toute personne hébergée doit l’être jusqu’à son relogement « toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir […] y demeurer, dès lors qu’elle le souhaite » (Article L345-2-3 du Code de l’action sociale et des familles). Et il commence à y avoir une jurisprudence. En référé liberté, le tribunal administratif de Paris a rendu vendredi 11 janvier en fin d’après midi, un jugement, ordonnant au Préfet de région Ile de France, de reprendre le financement de l’hébergement hôtelier d’un père de famille et ses trois enfants, pour lesquels le 115 du Val d’Oise avait suspendu le financement depuis 3 jours. Selon le Tribunal, “… cette prise en charge ayant cessé …  l’État a ainsi porté une atteinte grave et manifestement illégale au droit de Mr B. de se maintenir comme il en avait  exprimé le souhait, dans une structure d’hébergement d’urgence … Le tribunal ordonne donc : “Il est enjoint au Préfet de région Ile-de-France et de Paris, de proposer une orientation à Mr M.B. Dans un délai de quinze jours, à compter de la notification de l’ordonnance, au sens des dispositions de l’article L. 345-2-3 du code de l’action sociale et des familles.VOIR

Les personnes hébergées ces derniers jours aurait dû bénéficier d’« une première évaluation médicale, psychique et sociale »  et d’une première orientation « vers tout professionnel ou toute structure susceptibles de leur apporter l’aide justifiée par leur état, notamment un centre d’hébergement et de réinsertion sociale, un hébergement de stabilisation, une pension de famille, un logement-foyer, un établissement pour personnes âgées dépendantes, un lit halte soins santé ou un service hospitalier ». Non seulement cela n’a pas été fait mais ces personnes sont de nouveau à la rue. Plus que réaffirmer « qu’aucune personne hébergée dans un centre d’urgence ne serait remise à la rue le 31 mars », Cécile Duflot ne devrait-elle se préoccuper prioritairement des personnes qui ont été cet hiver, et qui sont encore aujourd’hui, refusées par le 115 ou qui ont été hébergées et qui ont été remises à la rue ?

Il faut que l’État arrête de chercher à se donner bonne conscience en déclenchant des plans grand froid et se donne les moyens de respecter les lois qu’il s’est donné à lui-même. C’est-à-dire de mettre en place un véritable service d’hébergement et de logement comme la loi le stipule.

DAL86 www.dal86.frdal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56

Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h et tous les mardis soirs de 17h à 18h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

Vu sur DAL 86, 18 mars 2013

[86] Quand les institutions surfent sur la journée de la femme

Nos chères institutions n’en ratent décidément pas une quand il s’agit de faire les louanges de la LGV Tours-Bordeaux, ou plus généralement de l’esclavage salarial. Relayées comme il se doit par notre chère presse locale (pour changer). Deux articles de la Nouvelle République évoquent ainsi deux événements médiatiques surfant sur « la journée de la femme », avec des femmes… de pouvoir.

L’un avec la nouvelle préfète de la Vienne, rencontrant la responsable de la comm de Lisea (filiale de Vinci), vantant les mérites de la mixité pour construire la LGV Vinci. Après l’argument de l’emploi, et les enfants handicapés, la promotion des femmes ! L’Etat et Vinci ne reculent devant rienpour imposer leur chantier en forme de désastre social et écologique.

L’autre d’une eurodéputée « socialiste », qui propose une « carte professionnelle européenne », non sans une vibrante tirade : « aujourd’hui, c’est la journée des femmes. Le poète dit que la femme est l’avenir de l’homme, moi je rajoute que la jeunesse est l’avenir de l’Europe »

PS : Rien à voir, mais hier a eu lieu à Paris une manif à l’occasion de la journée de la femme. La Fédération Anarchiste avait appelé à constituer un cortège libertaire, pour défendre l’autonomie des luttes antipatriarcales, contre les récupérations institutionnelles. Le service d’ordre du PCF, sans doute pour fêter à son humble mesure les 60 ans du regretté Staline, a gazé le cortège anarchiste au départ de la manif (à Stalingrad, ça ne s’invente pas). Compagnons et compagnes ont été visé-e-s : il faut bien défendre la parité… un communiqué fédéral suivra bientôt.

Pavillon Noir, 9 mars 2013

« Moi président de la République » : la tirade d’Hollandréou

« Moi président de la République » : la tirade d’Hollandréou

C’était en mai 2012. Le candidat à la présidence de la République F. Hollandréou se lançait, lors d’un débat télévisé, dans une longue tirade en forme d’anaphore qui restera gravée dans les mémoires. S’ensuivit une brutale chute de popularité qui couta la victoire au candidat socialiste – une victoire jusqu’alors pourtant quasiment acquise. Nous avons retranscrit ici la tirade du candidat malheureux :

- Moi Président de la République, je signerai des deux mains le traité budgétaire européen, qui justifiera a posteriori le renoncement à toute politique de « changement ».

- Moi Président de la République, je couperai dans les dépenses et services publics au nom de la rigueur budgétaire et j’exonérerai encore davantage les grandes entreprises de cotisations sociales au nom de la compétitivité.

- Moi Président de la République, je taxerai les riches de manière symbolique – pour ne pas les « étrangler » – et j’augmenterai en contrepartie la TVA, parce que les pauvres sont certes pauvres, mais ils sont plus nombreux.

- Moi Président de la République, je soutiendrai les propositions du MEDEF, au nom de la « compétitivité », pour faciliter les licenciements, et faire prévaloir les accords particuliers sur le droit du travail.

- Moi Président de la République, je prendrai garde à ce que les groupes qui licencient en France puissent le faire en l’absence de toutes entraves, si ce n’est la signature d’accords qu’ils seront libres de ne pas tenir.

- Moi Président de la République, je demanderai à mon ami Didier Migaud de la Cour des comptes, d’agiter le chiffon rouge des déficits de l’assurance chômage et des caisses de retraites pour préparer le terrain à la remise en cause de la protection sociale et la financiarisation des retraites.

- Moi Président de la République, je persisterai et signerai dans la mise en œuvre des projets écologiquement, socialement et économiquement contestés de Notre-dame-des-Landes et de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, au plus grand bénéfice du secteur privé.

- Moi Président de la République, je préparerai de nouvelles loi de décentralisation et une réforme de la fiscalité locale pour défiscaliser encore davantage les entreprises au nom de la compétitivité territoriale, au risque d’asphyxier financièrement collectivités locales et services publics.

- Moi Président de la République, je porterai le nombre d’expulsion de Roms à des niveaux records et n’organiserai pas de régularisation massive de sans-papiers, je ne contribuerai pas à l’égalité des droits en proposant le vote des étrangers aux élections locales.

- Moi Président de la République, je placerai un proche à la tête du CSA, débaucherai des syndicalistes peu scrupuleux, et maintiendrai en poste un Ministre poursuivi pour fraude fiscale, malgré un conflit d’intérêt évident.

- Moi Président de la République, je ne ferai rien pour empêcher l’évasion fiscale, quand bien même celle-ci représenterait de l’ordre de 80 millliards d’euros de recettes en moins dans le budget de l’Etat.

- Moi Président de la République, je prendrai soin de ne jamais bousculer les intérêts des banques, de ne pas séparer strictement leurs activités de dépôt et de spéculation, de ne pas encadrer les stocks options, les bonus des traders, les activités des banques dans les paradis fiscaux, ni les pratiques spéculatives les plus dommageables à l’économie.

- En résumé, moi Président de la République, je m’appliquerai à rassurer les marchés financiers en appliquant les mêmes recettes que la Troïka impose dans les pays d’Europe du sud, et conduirai à ce titre une politique économique et sociale de droite, dans la droite ligne de celle de mon prédécesseur.

Retranscrit par les Dessous de Bruxelles – texte du 24 janvier 2013